mercredi 2 mai 2007

Caricatural jusqu'au bout

C’est le très bon et souvent pertinent Claude Askolovitch qui avait dit cette phrase à ORLM de lundi soir (et entendu hier alors que je tondais l’herbe, merci les podcasts RTL). Sur cette ambiance de deuxième tour où les caricatures et simplifications vont bon train (Sarko facho, Ségo nulasse, et on en passe et des pires), justifiées en partie par le fait que nos deux finalistes se caricaturent grossièrement eux même…



"Tous se caricaturent eux même. Royal en exhibant un concert type "SOS Racisme" avec pleins de jeunes artistes bien "branchés" et bien "bobos", le retour des "potes". Et de l'autre, Sarkozy qui nous la joue "show à l'américaine", avec les vedettes du showbusiness et de TF1".



Caricatural dans cette manière de faire une campagne de deuxième tour, maîtresse donneuse de leçon pour l’une, petit fils prodigue de Ronald Reagan pour l’autre. Mais caricatural jusque dans les idées, où Royal revient sur certaines traces de Mitterrand version « Jack Lang », et où Sarkozy ne peut s'empêcher, comme tout bon homme de droite, de revenir 40 ans en arrière (j'étais pas né camarade, qu'est ce que je me fous de Mai 68'... ?).

Caricatural enfin les soutiens. Très donc mix « Woodstock – SOS Racisme » d’un coté, « Sacrée Soirée – TF1 » sur l’autre. Des merveilles qui, parait il, plaisent beaucoup aux jeunes d’un coté (Benabar, Grand Corps Malade, toute la nouvelle scène française menée d’une main de maître par Yvan Le Bolloch », de l’autre les stars de prime time de TF1 (Genest, Arthur, Halliday), avec l’humour très prout prout pouet pouet France profonde (Bigard, Farrugia, que j’adore tous les deux…). Et pour finir après, coté cinéma, on reste dans la caricature. Blockbuster qui fait des millions d’entrée type Réno Clavier d’un coté, cinéma plus traditionnel, intimiste, « Soirée des César » de l’autre.

Caricatural enfin, pour finir, avec les idées. Car comme le font à juste titre remarquer des Apathie ou Duhamel, Sarkozy est vraiment l’enfant type de 68’ (libéral dans les idées, avec la volonté de bousculer des notions reçues bien France traditionnelle de part ses idées (discrimination positive) et son histoire personnelle (possibilité d’être le premier président ayant connu un divorce, volonté de « tuer le père » (Chirac), et envie de liberté permanente)). Et a coté de ça, Royal serait plus celle qui voudrait, par son histoire personnelle, par ses valeurs très « travail – famille – patrie » (dans le bon sens du terme), rompre avec une certaine logique « 68 ».
Je ne parle pas du caricatural coté de la gauche à voir dans tout candidat de droite "le diable", "le fascisme", "le péril dans la République", et j'en passe... De Gaulle et Chirac ont eu, à des degrés différents, à répondre à ses mêmes attaques simplistes.

Il n’est pas dans mon intention, dans ce post, de stigmatiser l’un ou l’autre des candidats. C’est vrai que si j’aime beaucoup Delpech et Yannick Noah, mes idoles à moi sont plus Bigard, Farrugia (j’adore les nuls), Sardou ou Halliday. Et puis bon, j’ai un
amour sans borne pour Basile Boli, plus que pour Vikash Dhorasso.
Pour autant, quelque soit notre tendance naturelle à être p
lutôt d’un coté ou de l’autre de l’Assemblée Nationale, force est que cette campagne parait être d’une clarté absolue entre d’un coté la droite, et toute la caricature de la droite française qui se la joue grands meetings RPR des années 80 avec Halliday et Salvador d’un coté qui font chavirer Bercy, et toute l’autre caricature d’une gauche Woodstockienne qui s’éclate tout une après midi dans un stade à écouter de la musique. Au moins les choses sont claires.

Moins claires pour moi certains points plus programmatiques, politiques. Une copine de blog demandait fermement pourquoi les journalistes ne demandaient pas clairement aux candidats « avec quelle équipe, quel premier Ministre ?» comptaient ils gouverner. Malgré la probable omniscience d’un Sarkozy à l’Elysée (qui pourrait rendre la cohabitation subie par Chirac vis-à-vis de Giscard un air de colonie de vacances), le nom de son premier ministre probable n’est pas qu’anecdotique. Son quinquennat ne sera pas le même si c’est un Fillon (le favori), un Borloo plus tenace et d’une tonalité plus sociale, ou une Alliot-Marie (rupture trééés tranquille avec le chiraquisme, soupir...).
Idem vis-à-vis de Royal. Le dimanche, elle ne s’interdit rien pour Bayrou. Le lundi, c’est DSK qui serait un merveilleux premier Ministre (elle n’a pas tort !), avant d’aller donner une mission au très pas social-démocrate José Bové. Sachant que l’extrème gauche lui fait des yeux doux, et que François Bayrou n’est pas méchant. Se déterminer franchement sur ces « noms », cette équipe, permettrait d’y voir plus clair. A moins que les noms ne leurs soient pas encore connus, tellement de promesses faites en campagne…

Pour finir, ce soir y a sur Canal + un Milan – Manchester qui me met l’eau à la bouche. Parait que le match aller fut un des plus beaux matchs de foot du 21eme siècle… Enfin, quoi qu’il en soit, j’espère que le match politique de ce soir sera plus proche de la Ligue des Champions que le Ligue 1. Et que l’on sortira de la caricature pour aller vraiment dans du concret et de l’efficace.
Et que le meilleur gagne.

6 commentaires:

  1. il ne faudrait peut être pas corire que 68 c'est ce que racontent quelques "leaders" devenus notables.
    Le libéralisme découlant de 68 ? j'avoue que je m'en étrangle un rien, vois-tu.
    Par contre, quand on dit qu'est ce que j'en ai à faire de 68 je n'étais pas né, on n'a pas connu la France d'avant qui était celle du début du 19-me siècle. La France du patron roi et père, de la chaine unique de télévision et des placards blancs dans les journaux, des enfants de moins de 18 ans se taisant à table etc...

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  2. Bridge, sans doute mes mots ont mal été trouvés sur deux points.
    Libéralisme, je parle plus du libéralisme des moeurs et des idées et surement pas du libéralisme économique.

    Ensuite, quand je dis, sur le ton de la plaisanterie "j'étais pas né", c'est aussi pour dire que toujours vouloir refaire l'histoire, c'est idiot. Là, dans la caricature, Sarkozy joue le bon gros mec de droite bien lourd, j'aime moyen perso...

    Enfin, 68', c'est pleins de choses. Mes parents ont fait 68', et je suis bien conscient, quand bien même les livres d'histoire ne racontent pas tout, que ceux sont des moments importants dans la vie d'une société. Un devoir d'inventaire et d'analyse, bien sur, toujours. Le role des historiens, notre histoire. Mais l'envie de "liquider" et stygmatiser c'est con et c'est caricatural.

    Tu sais Bridge, c'est surement pas contre 68' que perso j'en ai. C'est contre la caricature de la caricature...

    Bonne soirée

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  3. Je voudrais bien qu'on apporte une réponse au questionnement suivant :

    Qu'est-ce qu'un "concert type SOS Racisme" ? Quand il y a deux noirs sur une scene, c'est immédiatement considéré comme une sorte de "concert type SOS Racisme" ? Outre le fait que l'on affiche un tel mépris contre une association reconnue d'utilité publique, je m'interroge sur la sémantique ainsi déployée.

    Ensuite, j'oserais ajouter que la paricipation des artistes aux campagnes électorales de la gauche, cela est le cas depuis plus de 30 ans. De Marguerite Duras, Trenet, Barbara, Dalida, Carole Hendricks, Gainsbourg ou Hardy au gens plus "modernes" comme Yannick Noah, Jamel Debbouze ou Bénabar, nombreux furent les artistes parmi les plus talentueux de l'histoire qui se sont engagé avec la gauche. On se souviendra des campagnes de 74, 81, ou 88, quand Trenet, Barbara, ou Gainsbourg venaient chanter sur scene, au plus grand plaisir de Mitterrand qui disait "que cela fait du bien d'entendre autre chose que des discours".

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  4. Bruno, le terme "concert SOS Racisme" avait été utilisé par Claude Askolovitch à ORLM lundi soir. L'image que je m'en fais, c'est ce que j'ai vu mardi à la télé. Et dans ma bouche, cela n'est surtout pas "préjoratif" (et même plutot sympa, puisque la scène était bien). Mais je trouve, comme ce même Askolovitch à ORLM, que l'image était assez forte. Retour aux années Mitterand de coté, et Chirac -RPR de l'autre.

    Si tu y as vu du mépris de ma part, vu que c'était loin d'être mon but (et qu'il n'y avait pas de mépris chez Claude Askolovitch non plus), ben je présente mes excuses. Pas mon but...

    Et au final, je suis totalement d'accord avec toi, c'est ce que je voulais dire, avec moi de talent, je te l'avoue...

    Bonne nuit (je vais em coucher moi... faut plus que je joue aux chroniqueur politique qui veut se la jouer moi...)

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  5. Hello,

    Sardou et Halliday ... il est bon que nous n'ayons jamais parlé musique ensemble! Car, si politiquement tout peut toujours se discuter, surtout avec quelqu'un de sensé comme toi, pour ce qui est de la musique, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Sardou et Halliday ...

    Bon week end. @ +

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  6. Coté musique, j'aime beaucoup de choses. Dont Sardou, Halliday, Noah, et la Star Académy aussi (hier soir on avait les larmes aux yeux devant TF1).

    Si je devais faire la liste de tous les chanteurs que j'aime et qui sont en CD chez moi ou sur mon Winamp, ca serait long. Sans compter les chanteurs et groupes japonais...

    Politiquement, tu penses que Yokko Kano, Yokohama et Yuki Kajiura sont de quel coté ^__^ (bon, je demande à François de t'aider si tu veux ^^)?

    Bon dimanche

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