mardi 30 décembre 2008

La peine de mort. Retour sur un vieux billet

C'était il y a exactement deux ans. Le 30 Septembre 2006. J'étais dans ma maison de Sérignan du Comtat, une location... Et mon amie de m'apprendre la nouvelle qui me donnera l'envie d'un billet. Saddam Hussein venait d'être exécuté, et mine de rien cela m'a marqué sur le coup. Et j'ai écrit ce modeste billet, "à propos de la peine de mort". Billet dont je suis un peu fier, je l'avoue, car j'ai pu exprimer mon ressenti sur cette dure question, mais surtout la manière dont j'ai évolué sur la question.
Un simple flash back, sur un billet que j'ai aimé écrire...

-- 30 Septembre 2006 - A Propos de la peine de mort.
Mon amie, écoutant la radio dans la salle de bain, vient de m'apprendre la mort du dictateur sanguinaire Saddam Hussein.

Ma position sur la peine de mort a drolement évolué dans mon temps, assez court. J'ai 29 ans. Aujourd'hui, je suis horrifié de voir que des hommes et un grand pays "éclairé" (les USA) ont pu se livrer à cette barbarie de pendre un autre homme. Saddam Hussein était une pourriture, une plaie pour l'humanité. Mais le pendre comme on pend des bestiaux, comme on faisait au moyen age, c'est... C'est attroce, inimaginable, et pourtant ça s'est passé cette nuit.

Politiquement, il n'y a pas si longtemps, lorsque certains populistes proposaient le retour par référendum de la peine de mort en France, je n'y étais pas opposé. J'avais été élevé, il est vrai, par des parents qui n'aimaient pas Badinter. La chanson "je suis pour" de Michel Sardou était une de mes préférés. Je me posais la question : que ferais si un de mes parents, un de mes proches, celle que j'aime, plus tard mes enfants, venait à être assassiné par un connard ? Je voudrais sa peau, c'était évident. Et il me parraissait inimaginable qu'un tueur d'enfant type Dutroux puisse profiter de Canal Satellite dans sa cellule chauffée et de cours en vue d'une réhabilitation pendant que des cadavres d'enfants pourrissaient dans un puit où il n'avait toujours pas été retrouvé. Charles Pasqua avait un jour dit en ma présence qu'il n'était pas choqué à une retour de la peine capitale pour des meurtres d'enfants ou des meurtres de policiers ou de pompiers. Et à l'époque, je n'y étais pas opposé.

Et puis je ne sais pas... Combien de temps ? 5, 6 ans ? Plus même... Mais cette idée d'hommes, faillibles par nature, qui peuvent prendre la responsabilité d'enlever la vie à d'autres, me fait frémir. J'ai vu "Lord of War" y a deux jours, avec ses hommes qui n'en sont pas, des hommes préhistoriques qui tuent sans problemes. Nous sommes civilisés parait il, nous ne sommes pas des betes... Tuer, ça me semble inconcevable. Inconcevable. Pouvons nous nous voir dans une glace aprés ? Et si je voulais aller encore plus loin (attention les yeux), que dire devant Dieu quand ce dernier nous dira : "tiens, ça t'a pas emmerdé de prendre mon rôle et d'enlever la vie comme ça, parce que TU le jugeais bon... ?".

Ce qui sépare l'homme éclairé du barbare, c'est entre autre, me semble t'il, le respect de la vie. Dans Lord Of Wars, le fils du "président Libérien" du film tuait sans probleme. le président tirait dans la tête sur un sujet indisciplinait en se targuant d'un "ça lui apprendra"... Ben merde alors... Où sommes nous et qui sommes nous ? Des bêtes ?

Je ne sais pas... Saddam Hussein était une plaie pour l'humanité. Lui, Milosevic, Ben Laden, tous ces gens là, ça ne vaut rien. Des hommes préhistoriques, des barbares. Des riens. Pour autant, pouvons nous nous comporter comme nos ennemies ? Intolérant avec l'intolérance ? Mon amie Céleste avait cité une phrase de Gandhi : "oeil pour oeil, et le monde deviendra aveugle"... Jusqu'où va la montée dans la violence, dans la barbarie, car c'est de barbarie qu'il s'agit. Saddam Hussein pendu... Pendu. Comme dans les westerns, comme dans les Rois Maudits. C'est une idée ça, pourquoi pas le bucher ?

Pour finir, je dirais que je me souviens de l'image, à la une du 13 heures de TF1 aprés le générique, du cadavre, yeux ouverts, de Caeucescu. Des mois de cauchemars. Pourquoi tout cela ? La mort d'un homme efface t'elle les morts précédentes ? non, c'est juste une croix (pour chrétien) de plus dans un cimetière. Bien que la notion de "pardon" est quelque chose d'ancrée en moi (même si certain(e)s me le refusent, ce pardon), je ne pardonne pas à Saddam Hussein. Pour autant, non, la mort ne me convient pas.

Maintenant, les USAs ont encore plus de sangs sur les mains. Pour autant, les morts sur World Trade Center ne reviendront pas. Demain, quand 2007 se réveillera, le monde sera encore moins sur qu'en 2006. Pourtant, y aura eu des cadavres de plus. Mais voilà, la vraie vie n'est pas un film. Les guillotines et les pendaisons, c'était le moyen age. Combattre les barbares sous civilisés par la barbarie, je ne sais pas si c'est la bonne solution.

Mais comme perso, je n'en ai pas d'autres, je resterais juste avec mon amertume. J'aime pas ça. C'est tout... Si référendum sur la peine de mort il devait y avoir, je voterai contre. Je suis opposé à la peine de mort. Et pour revenir plus haut, j'ai du respect pour le courage de M. Badinter. Il a fallu du temps... On évolue tous. Sauf les têtes coupées ou pendues : elles n'évolueront plus celle là.

8 commentaires:

  1. Tiens, on devrait lancer une chaîne sur le thème "quelle est la question de société sur laquelle vous avez totalement changé d'avis ces 10 dernières années ?".
    Ce n'est pas chose facile que d'évoluer vers des prises de positions moins "réactives", de dépasser ses émotions les plus violentes...Je sais pourquoi j'apprécie ton blog et la personne qui l'écrit ;)

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  2. Super billet ! (comme d'hab :))
    Sauf que Saddam Hussein n'a pas été jugé par les américains, mais par des irakiens, et il applique la loi irakienne.

    Que penses tu des peines d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de sortie ?
    Je me dis souvent que c'est la meilleure alternative à la peine de mort. Et qu'elle devrait être automatique pour certains crimes.

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  3. Hypos : je te laisse t'en occuper :)))) ?

    Paul : sans parler du marseille nancy, merci :)))

    Après, ce que je pense de tel ou tel truc, est ce important :))) Mais quand même, même si je crois en la rédemption et en le pardon, y a des choses que non... Y a des crimes que je ne pense pas être capable de pardonner, donc...
    Donc non, je ne sais pas. Emprisonner à perpétuer, c'est affreux. Mais quand ça tue un gosse ou un pompier, c'est pas cher payé...

    Non, je ne sais pas, c'est une question dure. Où il y a une différence entre reflexion cervelle et reflexion trippes.

    Bonne soirée à tous. :))))

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  4. Salut Fabien,
    A mon tour, je t'ai tagué.
    Bonne fin d'année.
    A bientôt !

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  5. Belle réflexion, j'aime particulièrement la conclusion:

    "On évolue tous. Sauf les têtes coupées ou pendues : elles n'évolueront plus celle là."

    Chapeau Fabien :-)

    baci

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  6. C'est bien d'évoluer.

    Mais je permets de vous dire que votre évolution serait plus complète si vous admettiez que les termes mêmes des partisans de la guillotine sont au minimum erronés.

    La question n'est en effet pas "Que feriez vous si c'était votre petite fille etc etc ?" parce que, précisément, la justice, ce n'est pas que les victimes ou leurs proches fassent justice. On récuse un juré ou un juge qui serait personnellement impliqué dans un drame. Donc, le sentiment du "que feriez vous si..." n'a rien à voir avec une position d'ordre moral sur la question.

    Personnellement, je crois que c'est très "à droite" que d'avoir des principes qui ne se soumettent ni à la dictature de l'émotion, ni à celle des medias.

    Etre abolitionniste, c'est se tenir "droit". Merci à vous.

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  7. Salut à tous, merci de vos commentaires. Je suis content d'avoir exhumé ce billet.

    Pour répondre à ceux à qui je n'ai pas encore répondu

    Arnaud : je te l'ai dit, je m'occupe de la chaine ;

    Céleste : tu étais déjà présente sur le premier billet :)

    Olyvier : bonjour et bienvenu ici. Maintenant, évolution ne veut pas non plus dire changement total. Donc j'évolue jusqu'où je suis capable, avec mes limites, d'évoluer.

    Ne pas se soumettre à la dictature de l'émotion, nous sommes d'accord. C'est bien ce que je reproche au pouvoir actuel qui est basé sur l'émotionnel plus que le rationnel.

    Maintenant, et pour ma part, je ne suis qu'un être humain. Faible dans le sens où mon émotion me guide beaucoup, trop souvent. Mes peines, mes colères, mes tristesses, mes moments où mon mal de ventre me fait penser des choses sans doute fausses, mais qui le sont parce que c'est le moment, c'est l'instant, c'est l'émotion.

    J'avais écris un chapitre d'une fiction SaintSeiya que j'avais intitulé "dur, lisse et froid comme de la glace". Ce n'est pas moi, qui est dur, lisse et froid comme de la glace. Et c'est peut être dommage...

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  8. Merci de cette réponse.

    Je reproche la même chose au pouvoir actuel, et même pire : il manipule l'émotion des autres, à son profit ou celle de ses alliés.

    Bien à vous

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