lundi 3 juin 2013

A propos de la réforme sur les allocations familiales (et le reste)...

C’est normalement en début de semaine que le gouvernement présentera son projet de réforme de la politique familiale. Dont l’idée de réduire les allocations familiales aux familles « riches ».
Je me suis déjà exprimé à ce sujet. Je suis en désaccord total avec les éléments de projets qui ont été avancés, et qui toucheront violement les classes moyennes qui bossent. Sur le fond, mais aussi sur la forme : cette culpabilisation de ceux qui gagnent un peu plus que les autres (par leur travail) est insupportable.

On entend parler d’une limite de 5000 € par mois pour un couple, à partir de laquelle les allocations familiales seront sabrées. Je considère qu’un couple qui touche, à deux, 5000 € par mois par leur travail, n’est pas « riche », au sens où je l’entends. Je considère qu’il contribue énormément à la collectivité, en payant beaucoup d’impôts, et en payant la crèche, la cantine, le club de sport des gosses, plein pot. Sans aide.

Des familles qui, par leur travail, ne volent pas l’argent qui gagne. Des familles qui cotisent beaucoup, pour la solidarité nationale. Qui cotisent beaucoup, perçoivent assez peu, mais à qui on demande de cotiser encore davantage (quotient familial, hausse d’impôts), et de percevoir encore moins.
Il n’est pas difficile de voir se développer ce sentiment d’opposition vis-à-vis de ceux « qui ne cotisent pas, mais perçoivent beaucoup ». A force de tirer sur les soi-disant riches, de leur taper dessus, on crée ces sentiments individualistes. Et je pense que tous ces symboles désespérants sont dangereux et remettent en cause les fondements de notre système de solidarité nationale, qui repose davantage sur des familles « soi-disant riches », qui n’en peuvent plus.
C’est désespérant. C’est aussi écœurant.

A côté de ça, j’ai lu sur Valeurs Actuelles que la justice a ordonné que « le bénéfice de sa politique familiale doit être étendu à tous les enfants d’immigrés. Même nés à l’étranger ». Je n’ai pas entendu beaucoup de publicité sur cette décision de la Cour de Cassation. Je n’ai pas entendu beaucoup d’explications non plus. Ou plutôt plusieurs explications contradictoires.
Si cela signifie que, comme je l’ai entendu au premier abord, le système d’allocation familiale allait être étendu à des familles qui aujourd’hui n’en ont pas droit, et qui ne côtisent pas forcément, cela me dérange énormément. Davantage si on vient me dire dans une semaine que les allocations familiales doivent baisser pour ceux qui cotisent un peu plus que les autres.
J’espère que les décisions qui seront rendus par le gouvernement seront raisonnables, et ne viendrons pas ajouter un nouveau coup de hache sur les classes moyennes qui bossent, et sur les épaules desquelles reposent beaucoup de chose…
Les signaux sont assez désespérants je trouve...

14 commentaires:

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    1. D'accord.

      Tiens ? Elle est bizarre la police de mon billet...

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  2. Je ne sais que penser. D'un côté, je suis de ceux qui cotisent très peu et reçoivent beaucoup en raison de mon handicap. Pour autant, je fais ce que je peux pour mériter l'argent qui m'est versé au lieu d'attendre béatement qu'il me tombe dessus par magie. Et je n'apprécie pas que d'autres paient plein pot parce qu'ils ont la chance d'être un poil plus à l'aise. Ce n'est pas juste d'être au final sanctionné comme tu dis sur le fait de sortir la tête de l'eau avec un peu plus de brio que les autres.

    Pour les enfants d'immigrés, c'est tellement dur de se prononcer ! D'un côté, ce n'est pas juste de payer pour ceux qui ne sont pas d'ici alors que les Français ont peine à s'en sortir. D'un autre, mon empathie naturelle me mettra toujours mal à l'aise face à l'idée de laisser délibérément les autres dans la misère. Ce n'est pas raisonnable et je le sais...

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    1. Blandine,
      Sur le premier point, tu touches un points qui me pose question. J'ai tendance à être très "CNR" sur les bords, et à trouver mon système de solidarité vraiment chouette. Mais j'ai l'impression qu'à force de faire des débats où on veut "stigmatiser" (mot à la mode) les "riches", les "aisés", en les insultant presque (je me souviens de billets ou de tweet hallucinant), on les dégoute.

      Je n'ai aucun soucis de payer plus d'impôt que celui qui gagne moins, de payer la cantine ou la crêche de bébé plein pot. Mais qu'on arrête de venir me casser les roues. C'est tout.


      Sur ton deuxième point, je partage aussi ton sentiment. Et là encore c'est tout le paradoxe de ce billet, qui a tendance à me radicaliser dans un égoïsme qui n'est pas de bon aloi. J'en suis conscient, et c'est pour ça que j'en ai écrit un billet.

      mais tu poses les bonnes questions, et je crois que tu as touché juste dans ton commentaire : merci

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  3. Nous avons un souci d'injustice flagrante avec des couples qui n'ont qu'un enfant et ne touchent rien, ceux qui en ont 2 ne touchent pas grand chose non plus.
    Moi je suis pour qu'un enfant donne droit à une allocation et qu'on multiplie cette somme par le nombre d'enfants, comme en Suisse, par exemple.
    Les modalités, je m'en fiche un peu.
    A partir du moment où on a des parts dans le calcul des impôts, on a un retour, il me semble.
    Mais où trouver l'argent pour financer les allocations familiales pour toutes les familles? Mettre des conditions de ressources, c'est une chose mais est-ce pour aider les + pauvres? Je n'ai guère cette impression et c'est cela qui me gène.

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    1. Rosa,
      Oui. Je ne touche pas d'allocation, je n'ai qu'un bébé. Et je n'en demande pas remarque.

      Finalement ça sera une augmentation d'impot.

      Mais mon ras le bol reste le même. Le système reposera toujours sur les épaules des mêmes. Ca me gonfle.

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  4. Si le système "repose toujours sur les épaules des mêmes", c'est aussi parce que les autres n'ont tout simplement pas les moyens de le soutenir. Je crois que j'en connais plus d'un qui aimerait gagner suffisamment d'argent pour être imposable. Et pas seulement parce que ça voudrait aussi dire qu'ils vivraient mieux, mais aussi pour qu'on arrête de les pointer du doigt comme "les gens qui ne contribuent pas à la société, qui profitent du système sans lui apporter, etc". C'est quelque chose d'extrêmement lourd à porter au quotidien et je pense que beaucoup ne s'en rendent pas compte.

    Je suis d'accord avec le fait que les familles qui cotisent beaucoup puissent aussi avoir l'impression de recevoir du système. C'est à ce titre que je suis favorable à des allocations familiales identiques pour tous, et hostile à la piste de déremboursement des soins des plus riches avancée par deux chercheurs (c'était dans un article de Rue89 il y a quelques temps). Mais contre le fait qu'elles reçoivent plus parce qu'elles cotisent plus, ce serait détruire la raison d'être même de ce système, or c'est ce qui se passe avec le quotient familial - qui, d'ailleurs, va être heureusement touché, contrairement aux allocations, d'après les dernières nouvelles, donc rassurez-vous à ce sujet ... La réforme touchera négativement 12% des familles. Les 12% les plus riches. Non, on ne peut pas légitimer l'envie de recevoir plus d'un système sous prétexte qu'on lui donne plus, ni l'envie de se soustraire à la solidarité nationale.

    Quant aux familles "soit disant riches qui n'en peuvent plus", rassurez-vous, il leur en restera toujours plus qu'à ces vilains pauvres qui osent profiter du système sans avoir les moyens d'y contribuer. Mais je suis d'accord sur un point : Si on allait plutôt récupérer de l'argent là où il y en a vraiment beaucoup, chez les plus riches plutôt que chez la classe moyenne aisée ? Je ne sais pas, moi, par exemple, au hasard ... Avec un vrai plan de lutte contre la fraude fiscale ?

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    1. Miette,
      Merci de ce commentaire caricatural. Qui illustre tout ce que ressens de ras le bol.

      Où et quand ais je parlé de "vilains pauvres" ? Tellement facile d'amener le débat a cette caricature, a moquer ces "poooovres riches qu'il faut plaindre peuchère".

      Donnons des leçons de solidarités nationales a ces "poooovres riches". C'est eux qui font que ce système tient encore debout.

      Mais encore merci pour ce commentaire, très lutte des classes et très "opposons nous les uns les autres"...

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    2. Inutile de se fâcher, je viens de découvrir ce blog et cherche seulement à discuter. Pas à donner des leçons ou quoi que ce soit dans ce goût-là.

      Oui, je considère qu'il est normal que ceux qui ont le plus cotisent plus. Et qu'ils reçoivent autant. J'aurais été opposée à une diminution des allocations familiales car je suis favorable à leur universalité - je viens d'écrire un article sur le sujet sur mon blog, si ça peut intéresser quelqu'un. Mais cette solution n'a pas été retenue et c'est tant mieux.

      Le but n'est pas d'opposer qui que ce soit, mais de réfléchir au système que l'on désire. Je suis, dans le contexte de la politique sociale - pas de celle qui concerne le travail, notamment, je n'ai rien contre le fait que certains salaires soient bien plus élevés que d'autres par exemple, tant que ça ne sombre pas dans l'indécence - pour le principe de "De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins". Ceux qui ont plus cotisent plus, mais ne doivent pas pour autant recevoir moins - ils reçoivent en fonction de leur nombre d'enfants pour les allocations, des soins dont ils ont besoin pour la Sécurité Sociale. Et il n'y a pas d'égalisation vu qu'il leur reste quand même plus, après avoir cotisé, que ceux qui ont cotisé moins.

      Quand je parlais des "pauvres riches" et autres notions ironiques, je ne visais pas cet article en particulier, mais cette mentalité qui consiste à honorer l'égoïsme comme valeur. A donner des excuses à ceux qui veulent se soustraire à une solidarité utile et nécessaire, alors qu'ils pourraient eux aussi en avoir besoin un jour, ou que leurs grands-parents en ont peut-être bénéficié. Aujourd'hui certains trouvent des excuses à la fraude fiscale, à l'exil, à tous les moyens possibles et imaginables de ne pas cotiser pour le système.

      Et oui, je maintiens, "toujours les mêmes qui cotisent", mais qui pense à ceux qu'on accuserait presque de ne pas cotiser en disant que ce sont toujours les mêmes qui soutiennent le système ? Est-ce vraiment si merveilleux que ça de ne pas avoir les moyens de le soutenir aussi ? Je maintiens que plus d'une personne non imposable aimerait bien pouvoir aider le système à "tenir debout". Manque de chance, elle n'a même pas assez pour elle-même ...

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  5. Miette,
    aucune fâcherie. Plutôt une satisfaction de voir une démonstration de ce qui me gonflent.

    Je ne crois pas qu'à partir de 5000 € pour un couple, on soit sujet à la "fraude fiscale". ON mélange tout. Mais si certains estiment qu'à partir de 2500 € par mois de son boulot, on est comparable à un salaud qui fraude le fisc, dans ce cas... (soupir)

    Après, je trouve que le misérabilisme nuit à la discussion. On doit dire quoi après la conclusion qui doit faire pleurer dans les chaumières " Manque de chance, elle n'a même pas assez pour elle-même ..." ? On doit fermer sa gueule pour ne pas passer pour un sale égoïste capitaliste et tout et tout ?

    J'estime que celui qui gagne 2500 € par mois par son boulot (x2 ça fait le couple à 5000€) n'a pas à avoir honte. Et n'a pas à rougir de dire qu'il en a marre de payer toujours et toujours plus.
    Et qu'est ce que c'est que cette culpabilisation qu'on voudrait faire ? Il faudrait baisser les yeux parce que "Manque de chance, la personne qui voudrait payer des impôts pour faire tenir le système debout n'a même pas assez pour elle-même ..." ?

    C'est dans ce sens là que je trouve ce commentaire caricatural. Parce qu'en plus il voudrait culpabiliser.

    A force de taper sur ceux qui font tenir ce système debout, et qui ne sont pas ces "riches qui fraudent le fisc", il risque de vite devenir bancal, ce joli système. Et "manque de chance", les personnes qui n'en ont pas assez pour tenir toute seule debout risque d'être encore plus nombreuse...

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  6. En ce qui me concerne, je suis contre toute politique incitant à la natalité.
    La première raison étant que je pense que la France est incapable d'intégrer ses jeunes.

    http://philippegibault.wordpress.com/2013/06/04/parlons-un-peu-de-la-politique-de-natalite-13-nous-ne-sommes-plus-capables-dintegrer-nos-jeunes/

    Cordialement

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    1. Phil,
      Je suis en désaccord avec ce que vous affirmez.

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  7. Ça fait un moment que j'ai lu ce billet. Je ne commente pas souvent mais je lis tes articles.
    Je suis assez d'accord avec ton ras le bol de la caricature qui est faite tant par les politiques que par les journalistes. Je ne suis pas foncièrement contre ce qui a été annoncé mais je crois comprendre ce que tu dis.

    Et c'est vrai autant pour ceux qu'on dénomme "pauvres" que ceux qu'on dénomme "riches".

    Les premiers ne sont pas forcément ceux qui abusent du système comme on lit parfois. Une grande majorité essaie de s'en sortir comme il peut avec sûrement une certaine forme de courage sous forme de volonté et de persévérance. Et ils sont bien contents des aides qui leur sont octroyés. J'avoue (mais je suis humaine, qu'on me pardonne) que je déteste les reportages de gens qui soit disant ne s'en sorte pas mais ont chez eux le dernier téléviseur écran plat dans leur salon ou qui se plaigne de ne pas trouver de logement hlm au coeur de paris pour pouvoir être à 15 min de leur travail. Mais j'ai conscience aussi que c'est le journaliste qui nous montre ce qu'il veut...

    Pour les deuxièmes, on nous dit qu'ils gagnent bien leur vie. J'en fait partie, je le reconnais. Ce qu'on ne dit pas ou pas assez c'est que l'argent ne tombe pas du ciel et que c'est parfois au détriment d'autre chose. Je ne suis pas à plaindre mais comme beaucoup d'autres qu'ils soit sous l'étiquette politico-journaliste pauvre ou riche je mets bcp de temps à aller au travail ce qui a pour conséquence qu'il faut que je dépose mes enfants tôt à la garderie du matin et je les récupère tard. Du coup je ne les vois pas autant que j'aimerai. Comme beaucoup. Et pourtant je suis "riche"...

    Il manque de la nuance dans cette communication.

    C'est un peu brouillon ce que je dis mais bon... j'espère que tu comprendras que je crois te comprendre :-)

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    1. Amy,
      Ce qui me dérange finalement, c'est que le débat en est arrivé exactement là où je le craignais. A savoir qu'est ce qu'un "riche", et à savoir une pseudos luttes des classes. Et encore, lutte des classes... C'est celui qui gagne 1500 € qui crache sur celui qui en gagne 2500 € : on est loin de Germinal...

      Et au final on en vient à de nouvelles oppositions. Entre les "salops de pauvres qui profitent des aides" et les "salops de riches qui pleurent parce que les pauvres on va les taxer encore un peu plus". Et de se jalouser les uns les autres. Et de se faire des billets où se compare la truite, où on se jette un "tu es de la classe supérieure alors ta gueule et paie".


      Par contre je comprends très bien ton commentaire. Je te partage en tous cas.

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