samedi 14 février 2009

Les actes comptent plus que les mots (Gandrange, politique, etc...)

Moment de vie, pas le meilleur, mais peut être un des plus marquants. Et où j’ai le plus appris. Moment de déception sentimentale. Fort, dur. La trahison est parmi le pire des maux.
Une amie, très chère. Galac, de Marseille. Je l’appelle toujours Mumuse. Elle me dit, alors que je fais les 1453 pas (je marchais beaucoup) dans son appartement, le verre de whisky à la main droite et le tribule à la main gauche, cette phrase qui me marque toujours, presque 7 ans (déjà), plus tard.
« Petit Faucon, les mots c’est bien. Mais le plus importants, ceux sont les actes. Les actes sont bien plus importants que les mots ».
Ce n’est pas « petit Faucon » qu’elle a employé comme petit nom. Je ne sais plus si c’est celui d’aujourd’hui ou celui d’avant qu’elle employait. Mais qu’importe…
Attention aux mots, ceux sont les actes qui comptent. En amour, c’est on ne peut plus vrai. Certain(e)s sont expert(e)s en beaux et grands mots. Des phrases lyriques et poétiques. La puissance littéraire qui donnent au verbe une force et une grandeur que la science ne pourra jamais égaler...
Sauf que les pierres d’étoile sur les rochers, aussi gracieux soient ils, ne remplacent jamais les actes. Au contraire, quand elles ne sont accompagnées que de vagues d’écumes pleines de vides, elles n’apportent finalement que déceptions au mieux. Parce que le pire, c’est la douleur. Qui demeure longtemps après, tout juste perceptible dès lors que le souvenir effleure l’empreinte de la cicatrice.

Applicable également dans le milieu professionnel, cette maxime. J’ai également essayé d’appliquer cet adage dans mon travail. Souvent été victime aussi de supérieurs hiérarchiques ou manager qui maniaient la langue à merveille. Sans les actes qui viennent derrière. Dans mon mode de management, j’ai toujours essayé de ne jamais mentir, et de ne jamais promettre ce que je savais incapable de tenir. Parce que pas dans mes attributions.
Promettre la lune au mec qui va se lever un cul d’enfer pour se la voir offrir, c’est dangereux. C’est con. Les conséquences sont grandes, dont celle d’une crédibilité et d’une confiance sans lesquels on ne peut rien faire.

Enfin, c'est en politique que les risques de déception sont les plus grands. Le 21 Avril 2002, on l’oublie souvent et toujours, est un des fruits issu de l’arbre de la rancœur et des promesses non tenues. La « fracture sociale » de l’époque. J’avais soutenu Chirac sans avoir l’age de voter. Six mois après, il dit franco de port à Alain Duhamel « je ne pourrais pas tenir mes promesses ». En substance, j’ai bien parlé, mais bon les actes d’amour vous verrez plus tard… Alain Juppé n’y a pas survécu 18 mois plus tard…
Une dissolution et une cohabitation plus tard, Le Pen et un taux d’abstention record viendront rappeler que lorsque les actes ne suivent pas les beaux mots, douloureux sont les maux et les bobos… Oui, ça fait beaucoup de « o » dans la phrase, mais c’est pour dire combien ça fait mal…

2007 et la présidentielle n’auront pas démontré que les leçons ont été retenues. Les deux finalistes ont rivalisé de mots merveilleux. La perdante aura admis quelques semaines plus tard qu’elle avait du mal à croire aux féeriques phrases de sa campagne. Quand au candidat du pouvoir d’achat, il se révèle aujourd’hui un président de crise sans grande marge de manœuvre.

C’est pour cela que le voyage de noce de Nicolas Sarkozy n’aura pas été des plus heureux. Quand au détour d’un hiver 2008, au lendemain de mariage, le président s’en va prêcher des belles et alléchantes promesses à des ouvriers inquiets à Gandrange, il ne peut que s’attendre à récolter plus tard les fruits d’un désenchantement qu’il a lui-même crée. Quelles sont ses marges de manœuvre quand il s’engage, ce jour là, que le site ne fermera pas ? Que les emplois ne seront pas menacés. Quelles sont ses marges de manœuvre ?

Le président Mittal, l’autre, celui qui tient les cordons de la bourse sidérurgique, a d’autres ambitions que le président Sarkozy. Son rôle, à Mittal, n’est pas de créer des emplois. Et lui n’a pas fait de promesses. On peut jouer, de manière convaincante, la saine colère de Ségolène Royal. Tout en louant la capacité de l’ancienne candidate socialiste à s’offusquer : son one woman show de l’automne a vraiment prouvé qu’elle était sans doute la meilleure comédienne de la scène politique française. On repassera pour la sincérité, mais on saluera l'opportunisme de celle qui aujourd'hui veut régler la crise en Outre-Mer. Enfin, on saluera... Ou pas.
Pour revenir à Mittal, on peut être écoeuré du cynisme d’un groupe aux bénéfices record, dont le but est d’aller justement encore plus loin. Fusse t’il au prix de misère dans des familles ici et là dans le monde. Et tout en étant comme moi un bon petit bonhomme de droite, attaché à la valeur du travail et du respect des gens.

Mais on en revient à la première question. Quelle marge de manœuvre pour le Président de la République au moment de ses promesses ? Si elles sont nulles, pourquoi avoir pris ce risque insensé de tenir des promesses irréalisables ? A contrario, si les marges existent, pourquoi une situation bloquée ce jour ?

Le Figaro se fend aujourd’hui d’un article pessimiste pour Nicolas Sarkozy : « Sondage – Nicolas Sarkozy se prépare à des temps difficiles ». Oui, c’est vrai. Mais peut être au départ ne fallait il pas promettre une lune trop haut dans le ciel… Les lendemains sont peut être difficiles pour celui qui a promit, mais encore plus dur pour ceux qui ont cru à ces promesses.

En amour, dans le travail, dans la politique, Jacques Chirac avait théorisé. « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient… ». Les conséquences sont désastreuses pour tous au final. Le crétin cocu qui a cru. Et le beau parleur qui a semé la tristesse et la désillusion. Au final, l’arbre qui pousse sur des racines de rancoeurs ne donne jamais de beaux fruits d’abondance. Mais des 21 Avril.

Les mots sont des armes mortelles si les actes ne suivent pas. Mumuse avait raison comme souvent. Il faudrait qu’on écoute plus souvent des gens comme elle, même, et surtout, tout en haut de la pyramide…

11 commentaires:

  1. c'est une évidence, et tout simplement avec l'actuel funambule, travestisseur de vocabulaire - donc inutile de discuter ses discours (juste tenter de relever, dans les compte rendus, les thèmes pour se préparer aux prochaines attaques, aux destructions programmées).
    Et d"une façon générale, ne jamais croire ni suivre aveuglément même les gens que l'on estime

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  2. Juste pour rendre à César ce qui appartient à César, la phrase Chirac n'est qu'une variante des citations de Pasqua qui avait dit "les promesses des hommes politiques n'engagent que ceux qui les reçoivent" et plus loin encore de Henri Queuille qui avait dit "Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent".

    Sinon article très juste

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  3. Merci à vous (et merci Niko de la correction, Charles me pardonnera... Pour Henri Queuille, j'enverrai mes excuses par chronopost, on verra bien ^___^)

    Bonne fin d'aprèsmidi

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  4. L'article est très bon. Les commentaires très justes. Les promesses irréfléchies très imprudentes. Et les conséquences très désastreuses : pas seulement pour "ceux qui y croient" ou "ceux qui les écoutent", mais tant pour "ceux qui les reçoivent" que pour ceux qui les émettent.

    Il était évident que NS ne pouvait rien imposer à Mittal. Peut-être au maximum espérait-il qu'il serait entendu. Mais il a eu l'imprudence de le dire, et ça, c'est une erreur politique majeure.

    La faute à qui ? A ceux qui écoutent, bien sûr ! Depuis le temps, l'électeur moyen devrait pourtant savoir qu'il ne faut pas tout croire sur paroles... Il y a sans doute, quelquefois, de bonnes intentions. Mais il y a, toujours, les réalités.

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  5. Permettez-moi un commentaire partisan : comme vous voyez j'ai l'honnêté de le déclarer à l'avance.

    Je partage pleinement votre billet mais, de libéral à libéral, pouvez vous m'expliquer pourquoi quand un candidat ne fait pas de promesses intenables on l'accuse ni plus ni moins de ne pas avoir de programme ainsi que, dernièrement, d'être (sic!) populiste ?

    Le consommateur politique serait-il irrationnel et la "main invisible" du marché électoral condamnée à être prisonnière d'une paire de moufles ?

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  6. @Claudio
    hm..;) effectivement partisan et ..mais non, ce n'est pas ici l'objet du débat que nous pourrions avoir :-)
    @Falcon
    Beaucoup on reproché à SR de ne pas avoir de programme "clé en main" en 2007. De fait, son approche était plutôt de dire "construisons ensemble". Les promesses qu'elle a faite était celles que lui réclamait l'état major du PS. De fait, elle n'y croyais pas vraiment.

    Cela dit, j'aime aussi les mots, et les gestes sans paroles, bof, bof, parfois :-)

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  7. Le mille feuille des lois française, à laissé passer les bonbons de luxe au chocolat au lait, comme seul exemple de nourriture à 19,6% de TVA avec le caviar.

    Rencardé par les ignares conseillers qui l'entourent... V'la t'y pas que Maître Sarko sur sa dernière (fausse) info perché...

    Nous fait tout un fromage des tablettes de chocolat au lait à 19,6% de TVA, alors qu'ells sont à 5,5%.

    Vérifiez par vous même, je l'ai fait ce matin à Intermarché !

    A ces économistes de salon ! Quels comiques !

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  8. Bonsoir à tous,

    René : merci, vraiment. Non, NS ne pouvait rien imposer, mais des gens l'ont écouté. Le problème est sans doute là...

    Claudio : je ne suis pas Xavier Bertrand. Et je n'ai pas dit ici pour qui j'ai voté au premier tour de 2007, mais une recherche dans mes anciens billets te montrera que sur la rationnel et le réalisme, nous n'étions pas en désaccord à l'époque

    Hypos : non, Royal a fait beaucoup de vagues, et est une personne insincère. C'est mon avis en tous cas, mais elle représente beaucoup de ce que je n'aime pas en politique.
    Les mots... Ah, c'est merveilleux les mots, sinon nous ne serions pas là. Mais quand même des fois ça fait mal...

    Oz : oh coucou ^___^
    Bah chui pas économiste, mais j'adore le chocolat :) A bientôt.

    Allez, bonne soirée à tous (miam et dodo tôt ce soir...)

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  9. Joli texte un peu désabusé.

    On dit qu'il n'y a pas d'amour, que des preuves d'amour. Un peu comme ces particules dont on ne peut soupçonner l'existence que par les traces qu'elles laissent.

    Quant à la politique, la trahison des promesses n'est bien souvent que le résultat malencontreux de la quasi impossibilité d'avoir en la même personne celle qui sera capable de GAGNER les élections et celle qui sera capable d'EXERCER PLEINEMENT sa fonction dirigeante.

    Et puis si tu veux te marrer un peu, va voir là : http://www.lepost.fr/article/2009/02/10/1418645_nicolas-sarkozy-super-heros.html
    et tu sauras pourquoi/comment Sarkozy est un super-héros.

    Fou rire garanti.
    Je crois que tu en as besoin.
    Suis donc mon ordonnance.

    ;0)
    Arf !

    Dr Zgur

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  10. Little Falcon, je ne mélangerai pas amour et politique, je ne connais pas assez la politique, j'adhère pas et suis pas experte en mots. L'amour, par contre, beaucoup reçu, beaucoup donné, et des mots et des actes sans savoir si je me tromperai. Quand la perception n'est plus la même de l'un à l'autre, lequel se trompe, celui qui a promis, celui qui croyait que ?
    Et aussi bizarre que ça paraisse, on sort blessé et pas vraiment grandi, de s'être trompé, de s'être déçu, d'être en faute et de devoir expliquer tout ce qui ne peut pas toujours s'expliquer.
    Et puis après , on fait quoi ? On ne dit plus de mots ? Et qui va comprendre sans connaître notre passé... L'expérience ne sert qu'une fois, en tout cas, il faudrait. La perception des choses est celle de notre vécu, oui, on cumule, de là à conclure que les choses se compliquent en vieillissant... Sauf que...je pense que le bonheur qu'on a pu vivre ou faire vivre et qui nous reste à vivre et à faire vivre, est un très beau cadeau de la vie... Aux dernières nouvelles, le vase de Pandore contient encore l'espoir :o)

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  11. Nicole : Merci de ton message. Trés touchant, et trés touché.

    Bonne journée

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