« De Villiers est un scorpion qui traverse la rivière sur le dos d’un hippopotame, et qui, au milieu du gué, le pique de sa queue ».L’image que j’ai de Philippe De Villiers, c’est ça. Un scorpion. Qui terrasse sa victime d’un Antarès, et coule avec...Enfin, 8eme maison, la maison de Villiers.
Je commence par les "plus" de P2V (djeunz, isn’t it ? ben c'est sur ses affiches...). Par les "plus" certes, mais je vais quand même dire le final qui s’est peut être un peu senti au début : je n’aime pas Philippe de Villiers. Pour diverses raisons politiques, mais aussi personnelles et localesCommençons les choses qui ne me déplaisent pas chez le conseiller général des Herbiers.
En premier lieu, j’ai une vision sur l’Europe qui peut converger avec la sienne. Moi aussi, je souhaite une Europe des Nations, plus qu’une grande Europe fédérale dirigée par « on-ne-sait-qui ». Moi aussi je souhaite que l’Europe soit « libre à l’intérieur, forte vis-à-vis de l’extérieur », pour reprendre une de ses phrases bien ficelées. Moi aussi, je suis favorable à une préférence communautaire à l’intérieur des frontières de l’Europe, similaire à l’ALENA en Amérique du Nord. Moi aussi enfin je suis favorable à une gouvernance européenne démocratique, et à un poids moindre des institutions non démocratique telle la Commission Européenne, la Cour de justice ou encore la BCE. Même si aprés, sur d’autres points, je trouve qu’il est excessif
Ensuite, autant je trouve très excessif (voire plus, on verra plus loin) sa critique de l’immigration qu’il juge « incontrôlée », autant j’accueille très favorablement son leitmotiv de coopération internationale avec les pays du Sud. Je ne connais pas ses résultats en Vendée, mais il parle souvent de ses coopérations avec le Gabon ou le Bénin, qu’il juge brillante. Sans préjuger de la véracité de ses propos, je pense aussi qu’il est important, pas uniquement pour une maîtrise de nos flux migratoires, que la France revienne en force dans le Sud. Dans ces pays où la France est encore respectée (résidus coloniaux ? peut être…), je préfère qu’elle garde une place forte par des coopérations efficaces et profitables, plutôt que ceux soit les USA, l’Angleterre, qui viennent prendre une grande importance.
Je parlais de la Vendée plus haut, je ne connais pas ce département, mais les photos paraissaient jolies, donc c’est un point de plus pour P2V… (oui c’est idiot mais tant pis).
Enfin, dernier point, je pense que sa critique de la communautarisation dangereuse de la France peut et doit être entendue. C’est un grand risque qui, je trouve, n’est pas assez dans cette campagne. Pourtant, si le problème est bien réel, c’est en partie ici que Philippe de Villiers semble pencher dans un coté obscur qui me fait perdre confiance. Et d’un constat en partie juste, il me semble partir vers une radicalisation de son discours qui me parait dangereux. Et j’arrive aux points négatifs que je trouve à P2V.
Sur ce dernier point, le candidat Villiers 2007 me parait différent de celui de 95’ qui me plaisait bien. J’aimais sa manière de parler, rhétorique simple et efficace, très « ENA pour les Nuls ». Pour présenter la différence entre le salaire d’un SMIC et les aides financières pour personnes inactives, il mettait simplement sur la table une pièce de 10 francs. Et son discours paraissait assez « de bon sens ». Depuis (quand ?), j’ai l’impression d’avoir un clône de Bruno Mégret en plus grand, et cela me gène.
On parlait plus haut de la communautarisation de la France. Là où le raisonnement de Villiers me dérange, c’est qu’il me parait être lui-même victime de ce qu’il déplore. En effet, tous son discours tourne autour de « l’ethnie ». Affrontements Gare du Nord ? Problème ethnique. Chômage ? Problème ethnique. Claude Askolovitch lui avait fait cette remarque judicieuse dans « On refait le Monde spécial présidentielle ». Pourquoi tout faire tourner autour de « l’islamisation de la France » et des « problèmes ethniques » ? Pourquoi ? Je n’ai pas de réponse, mais l’effet que cela a sur moi est le suivant : je trouve le reste de son propos ridicule car excessivement excessif.
Et là on touche, à mon avis, aux limites de la politique de Villiers. Villiers a un but très simple et visible : remplacer LePen, le tribun d’extrême droite qui va bientôt tirer sa révérence. Gollnish ayant le charisme d’une lasagne trop cuite, et Mégret étant dans le même état que Pires en équipe de France, ne reste plus que Marine LePen, ou Philippe de Villiers. C’est l’analyse à deux francs que je fais, mais son discours, axé de manière obsessionnelle, sur « l’islamisation du pays », et sur le paramètre ethnique comme centre de gravité de tous les problème de la société, me gène en me confortant sur mon analyse.
Il me gène d’autre plus qu’il utilise toutes les techniques du discours extrémiste. D’un problème réel (identité française, perte de la laïcité…), il en crée une stigmate en le montrant du doigt. Et toute la suite de son discours consiste en une exacerbation des divisions. Fatalement, on fait monter les haines, crainte de l’autre, et tout le toutim. Déjà évoquer mon ressenti quand je parlais de Laguiller, de Besancenot, de Le Pen. Villiers utilise les mêmes cordes. Comme j’ai envie d’un candidat et président rassembleur, et que j’en ai marre des allumeurs de braises sociales, j’ai fatalement un mouvement de recul vis-à-vis du candidat Villiers.
Notons que le député Rivière (Alpes Maritimes), ancien UMP, maintenant proche de Villiers, appelle à un rassemblement MPF – FN. Au grand damn du jeune ambitieux Directeur de Campagne Guillaume Peltier (vous savez, le chti jeune qui était avant au FN et qui a des dents et une ambition qui ferait passer Sarkozy pour un modeste petit artisan de la politique…).
Je suis embêté, car je pense que l’obscurantisme religieux (cf l’islam fondamentaliste qui, dans certains pans de notre société, oblige une société éditrice de livre scolaire à flouter les visages du prophètes dans des manuels scolaires, interdit d’évoquer certains passages historiques en classe, restreint et menace certains docteurs et praticiens en gynécologie, l’affaire Redecker et Charlie Hebdo etc…) est un réel problème. Pour autant, l’excès de Villiers tourne à la caricature. C’est nul, à mon avis. Car à part avoir l'effet inverse au résultat recherché...
Outre cette Lepénisation qui m’est difficilement supportable du discours de Villiers, sans doute y a-t-il au final, je le confesse, un paramètre personnel qui fait que j’ai du mal avec ce personnage…
En 99’, j’avais voté aux élections européennes pour la liste Pasqua – Villiers. Ce fut une grosse débandade pour la liste Sarkozy d’ailleurs, qui avait été relégué en troisième position. Branlée électorale.
A l’époque, le gaulliste de 22 ans que j’étais ne pouvait voir que d’un œil sympathique cette création d’un mouvement néo-gaulliste. J’avais un certain espoir. Voir dans une même formation des personnalités dont je me sentais idéologiquement proches : Pasqua, Seguin, Fillon, déjà à l’époque DupontAignan. Mais aussi, j’espérais, des Max Gallo (qui est un de mes écrivains favoris dont je raffole) et même Chevènement. A cette époque, ce dernier avait préféré avaler une couleuvre de beau diamètre et rejoindre la liste PS aux européennes (les idées sur la question de Chevènement étant proches de celle de Hollande, c’est bien connu… soupir). Mais et pourquoi pas…?
Et puis il y avait de Villiers. De Villiers était pour moi non pas un repoussoir, mais… Mais si, un peu quand même, car déjà depuis il y eut quelques paroles désagréables, et un discours me gênant un peu. Avec des RPR du Languedoc, j’ai eu l’occasion de le voir une paire de fois. Sympathique, affable, une passion et une connaissance du football qui me plait. Mais après… ?
Un de mes premiers contacts fut à une réunion à Nîmes. Les deux secrétaires départementaux (RPR et MPF) de l’époque, après un scrutin interne dont la régularité ferait pâlir le Gouverneur de Floride, grande messe. Et une question d’une militante Villieriste… sur l’avortement. Et franchement contre l’avortement ! La caricature de cette vieille France parfois détestable. Bon, là je suis d’essence conservatrice, certes, mais j’étais pas bien dans mes baskets. Puis plus tard, comme si cela devait être une caricature, une personne qui commence à parler des préservatifs interdits par l’Eglise ( !!! qui parlait de laïcité tout à l’heure…?) et du travail des femmes. Avant d’entendre, plus tard, un raciste notoire qui ne se cachait pas. J’étais mal à l’aise, très mal à l’aise. Et franchement, si j'avais pu avoir un doute, j'en avais plus aucun !
Après, ce fut pour ce néo-mouvement, 12 mois de suspicion. D’un coté une fraction de RPR qui représentait pas beaucoup, et de l’autre une fraction MPF qui représentait encore moins. D’un coté une famille dont je me sentais proche, la mienne. De l’autre une famille ultraconservatrice, vieille France, qui n’était pas la mienne. Et les Séguin ont préféré aller se fourvoyer à Paris, et Chevènement était ministre, et finalement rien… Sinon le départ en fracas de Villiers. Soulagement de courte durée, avant 2002, le non départ aux présidentielles, 21 Avril, et patatras.
Le dernier point, encore personnel, est la représentation de Villiers dans mon département. Les mêmes conservateurs caricaturaux, et une personne qui est passé par tous les partis de droite, et qui fait du militantisme en agressant ceux qui ne sont pas de leurs sensibilités. Un souvenir qui m’avait emmerdé, cet ancien du RPF m’avait littéralement insulté le 27 Avril 2002 (je me souviens de la date) parce que « Pasqua avait appelé à voter Chirac », et parce que mes amis et moi-même trouvions ça d’une logique incontestable. En plus, j’étais en week-end helvétique, j’avais pas trop envie qu’on vienne m’emmerder, alors m’insulter, merci bien ! Le téléphone portable n'a pas fonctionné longtemps.
Entre temps, ce Monsieur est allé chez Le Pen avant de revenir chez Villiers. Bon… Et ensuite, il y a quelques semaines, il insulte mes amis qui sont soit chez Sarkozy, soit chez DupontAignan, soit même nulle part comme moi, et m’insulte car normalement je devrais voter Villiers ! Villiers est gaulliste m’assène t’il… Le fou ne dit il pas que la lune est un cube ?
C’est un paramètre pas important, juste celle d’un candidat vis-à-vis d’un électeur. Et juste celle d’une représentation militante qui est d’une efficacité à prouver. La rencontre entre l’homme et l’électeur (toujours moi) ne s’est pas faite. Et le militant, en lieu et place de consolider le lien, l’a encore plus distendu. Comme il y a en plus un fond qui me déplait, tant pis, mais…
Non, je ne voterai pas Philippe de Villiers le 22 Avril 2007.
PS : vu ce soir en rentrant du boulot. Une affiche P2V donc, avec dessous marqué "résistance"... Outre le soupir, j'en ai marre que ce mot, ce beau mot, soit utilisé n'importe comment et par n'importe qui... J'ai bien envie moi aussi d'être un résistant, et de résister non pas contre ceux prétendus qui veulent "détruire la France", mais contre ceux qui détruisent en ridiculisant des symboles qui me sont chers... Les mots ont un sens.