Comme Nasri hier, Benzema a l’excuse toute trouvé : « le
racisme ». Cantona et Debbouze avaient ouvert les vannes du nauséabond, l’attaquant du
Real s’y est engouffré sans crainte. La racialisation du débat, des débats, des
hommes.
C’est pour moi abject, insupportable, mais c’est l’angle de
réflexion de certains. Plutôt que de ne
voir que des joueurs français, avec des qualités et des défauts, et des actes
ou de prises de position qui méritent louanges ou critiques, ces gens-là ne
voient que des couleurs, que des « races », ce mot que certains
voudraient éliminer de la constitution.
Ces gens-là traitent les autres de racisme, alors qu’ils
sont le racisme, alors qu’ils font le racisme. Dans le procès d’intention, tout
le monde est présumé raciste. Préférer Giroud, Gignac ou Gameiro à Benzema c’est
raciste. Forcément. Je ne sais pas si préférer Coman à Ben Arfa est raciste,
mais pour certains...
Dans ma liste, j’
avais préféré Ben Arfa à Coman. Etais-je
raciste « anti renoi » ? Ou avais-je juste une lecture sportive
des choses, des hommes ? Et pouvons-nous avoir une lecture humaine du
sport, plutôt qu’une lecture raciale et communautariste ?
Je reprends les mots d’un
billet
de début de semaine de Daniel Riolo, avant ces déclarations abjectes de
Karim Benzema. Il parlait notamment des sifflets et de l’attitude de certains vis-à-vis
de Giroud. Qui pour moi sont aussi une forme de racisme.
Enfin, il y a Giroud. Encore buteur. Ce qui se passe autour
de lui est délirant. Oui les réseaux sociaux indiquaient bien une tendance,
mais il faut toujours se méfier du caniveau, du tribunal citoyen. L’épisode de
l’hôtel, puis l’accueil au stade, ont toutefois confirmé la tendance, Giroud est bel et bien hué. Par qui ?
Pourquoi ? Par les supporters de Benzema et parce qu’il joue à « sa »
place. Comme si les casseroles de l’attaquant du Real étaient de sa faute ! C’est complètement fou, mais dans notre pays
fracturé, est-ce bien étonnant ?
Que vont dire nos
brillants intellectuels, nos pyromanes Cantona-Debbouze ? Ceux qui prônent le
communautarisme. Quand Canto dit que toute la France devait être
représentée et que l’humoriste ajoute qu’il manque en Bleu des « représentants
», ils tiennent bel et bien une
comptabilité. Ils veulent sans le dire sans le comprendre, une
discrimination positive. Est-on autorisé
à penser que les sifflets à l’égard de Giroud sont quelque part le fruit de
ceux qui pensent comme Canto-Debbouze ? Une question Monsieur Debbouze :
Giroud paye-t-il la situation sociale en France ?
Avec ses propos, Debbouze valide l’idée de Cantona selon
laquelle Deschamps serait raciste. Il faut être sacrément bigleux pour penser
ça en regardant les Bleus. A moins que seule une communauté intéresse Debbouze.
J’en ai bien peur. Et Adil Rami au fait ? Non, quand même pas. Pardon, j’ai mal
entendu : « Il ne fait pas assez… » Mais on va pousser jusqu’où la connerie ?
Malheureusement, certains poussent chaque jour plus !
En 1998, des ahuris ont ouvert la voie du communautarisme
dans le foot avec le slogan « black, blanc, beur ». Un vaste pipo. On a
commencé à regarder d’où venaient les gens. Avant d’être français, ils avaient une origine, une couleur.
Ont-ils seulement vraiment regardé de près ces Bleus de 98 ? Assurément non,
sinon ils auraient relevé la supercherie. Et je ne m’abaisserai pas à jouer au
comptable ici. Les inventeurs du «
black, blanc, beur », comme aujourd’hui Canto-Debbouze, fracturent le pays et
filent un sacré coup de main au FN.
Ces mêmes « penseurs » vont peut-être encore défendre Serge
Aurier. Certes, toute la lumière n’est pas encore faite sur l’événement. Mais à
l’épisode Périscope s’ajoute au minimum une nouvelle affaire « louche ». Et
puisqu’il aurait déjà dû se faire virer en février, je peux sans mal à nouveau
attendre du PSG une sanction de ce type. Faudra-t-il à nouveau entendre
qu’Aurier est jeune ? Qu’il a juste eu un comportement en phase avec ses codes,
« ses » codes ? Les suiveurs de la
pensée Canto-Debbouze vont continuer à le juger en fonction de ce qu’il est,
d’où il vient ? C’est possible.
Aujourd’hui, tous les sujets basculent
immédiatement en rubrique société, racisme. Les procès en « fascisme » sont
menés tambours battant sur les réseaux sociaux et dans les médias. On n’oppose
pas seulement en fonction de sa couleur, mais aussi et de plus en plus en
fonction de son groupe social. Une exception culturelle française.
Je pense que grâce à ces « anti-racistes » qui
racialisent tout débat, et donc grâce à Karim Benzema et ses soutiens actifs et
nauséabonds, l’Euro est foutu. Je pensais qu’une certaine fraîcheur dans cette
liste, avec des Kanté, Gignac, Coman, Payet, aurait pu apporter un petit truc. Un
soutien populaire. Mais il ne peut pas y en avoir dans cette France fracturée.
Où il faut se positionner, où il faut être d’un camp et pas d’un autre.
Ceux qui ne voient dans l’autre que couleur, origine ou
religion nous imposent cette vision. Ceux sont eux les racistes, ceux sont eux
qui divisent la France, mais ils préfèrent accuser le « beauf blanc qui
préfère Giroud à Benzema ».
Quand le président de l’Assemblée Nationale reste quelqu’un
qui avait fait une campagne électorale ordurière sur « la candidate de la
race blanche », on peut en effet se dire que notre pays est foutu. Qu’on a
beau se considérer davantage République et Charly que Booba et Anelka, plus
fraternel que quenelle, et préférer voir en les hommes des hommes que des
couleurs ou des religions, on a perdu. Notre pays est foutu. Les vrais racistes
sont en train de gagner. C’est dommage.
Mais quelque part ça clarifie les choses. Même si ça
fracture un peu plus, sans doute définitivement, notre société et notre
République qui n’a jamais été aussi peu apaisée qu’aujourd’hui.