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mardi 29 septembre 2009

Affaire Polanski, ou l'indécence d'une indignation sélective

J’ai entendu Maitre Eolas ce matin sur RMC Info. C’est marrant d’entendre un des blogueurs qu’on aime visiter s’exprimer à la radio. Il explicitait en fait son Twitter très efficace sur l’affaire Polanski.
« Donc, le piratage, c'est mal, mais violer une jeune fille de 13 ans qu'on a drogué, c'est pas grave ? Ok, je note. »
J’ai entendu hier matin le cinéaste Jean-Jacques Beineix à la radio, défendre d’une manière à la limite du supportable Roman Polanski. Le même Jean-Jacques Beineix qui faisait parti d’une liste de 31 cinéastes fortement engagés pour HADOPI. Il y a vraiment deux poids, deux mesures…
On pourra toujours rappeler les diverses phrases insultantes vis-à-vis des internautes, prononcées ci et là par l’intelligencia artistique française. Des « collabos », des « « criminels », nous avons entendu tous les noms.
Et là, ces mêmes défendent Roman Polanski avec un zèle que je trouve surprenant… Et quelque part un peu indécent.

Après, il ne s’agit pas de se joindre à la meute. Il n’est pas question pour moi d’être pour ou contre Roman Polanski. Il est apparemment coupable d’un acte certes anciens, mais que je trouve pour ma part abominable. Et même si le pardon doit être dans les gènes de chacun, je confesse que j’ai du mal à pardonner ce genre de chose. Je considère que le viol, à fortiori de mineur (que l’on drogue avant), est parmi les délits (les crimes) les plus impardonnables. Donc je suis très mal à l’aise pour être humaniste vis-à-vis d’un homme, aussi talentueux soit il, qui a profité en plus de sa position pour passer à travers les mailles du filet pendant un paquet d’années…

Mais ce qui m’exaspère le plus, c’est ce soutien d’une certaine élite artistique et politique française à son égard. Malgré HADOPI, j’avais conservé un apriori favorable vis-à-vis de Frédéric Mitterrand. De la même manière qu’Olympe, je suis effrayé du soutien, officiel, qu’il apporte à Roman Polanski. Je suis effrayé de la position de Bernard Kouchner à son encontre.
Et je suis terrifié de voir que les mêmes qui veulent réprimer fortement les internautes qui ont le tort de télécharger leurs œuvres, se montrent pleins de compassion et veulent « entrer en résistance » pour défendre Roman Polanski, un des leurs. Un des leurs, comme si l’appartenance à cette « grande famille du cinéma français » devait exonérer de tout crime et délit. Devait permettre n’importe quoi. La « grande famille du cinéma français », finalement pas plus vertueuse qu’une autre caste prête à tout pour défendre ses intérêts, quitte aux plus grands écarts.

A ce sujet, Nicolas avait commis une phrase assez réussi dans son billet joliment titré « Polanskizophrenes » (un jour aussi je saurai faire de beaux titres).
« Quand c’est un ivrogne de chez nous qui est coupable on vient pleurer dans les chaumières mais quand c’est un cinéaste de talent, il faut le défendre. Non. »
Il a raison Nicolas. Non. Les autorités françaises devraient avoir la décence de la retenue. Et la « grande famille des artistes français », après les sceaux d’estrons jetés à la tête des internautes, devraient être plus silencieux.
Au risque de fractures encore plus béantes entre le peuple et ses élites, artistiques, politiques, et autres…

A lire aussi les billets de Disparitus, de l’Hérétique, et du Toréador sur ce sujet. Lire aussi les amis Rimbus et Némo.
Enfin, écouter l'excellent Guy Birenbaum, qui décrit ce qui se dit sur la toile...