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mercredi 18 avril 2007

Les 12 maisons de l'Elysée : Frédéric Nihous

J’ai de la chance je trouve, puisque en ce moment, les maisons et les candidats tombent bien. Pour la troisième fois, j’aurais une introduction pas trop bancale. Dixième maison, celle du Capricorne. Ce petit animal des montagnes, qui ne se fera pas facilement chasser (l’est agile et a Excalibur le Capricorne). Chasse, chasse… Oh mais c’est le tour de Frédéric Nihous ça !

Il y a deux parties dans cette campagne. La première, monopolisée (à juste titre d’ailleurs) par Sarkozy, puis par le candidat du PS (primaires, puis Royal). Bayrou, de part sa charge contre TF1, a récupéré une belle partie du temps de parole. Un peu Le Pen, un peu les gauchistes extrêmes qui jouaient à être bête et à se déchirer. Et puis c’est tout. Monopolisation par les grands.
Et puis deuxième partie. Equilibre et équité. C’est nul, mais c’est la loi. Et là, on découvre un Shivardi. On redécouvre une Voynet. On voit que Laguiller est toujours là. Et y a le petit Nihous, alors que je m’attendais à retrouver la gouaille rurale de Saint-Josse. Et là, j’avoue, le petit Nihous méritera pour moi la « Maison d’or » de la révélation de cette élection…

Révélation le petit Nihous. La première fois que j’ai vu sa photo, j’avoue un réflèxe idiot de ma part : délit de sale gueule. Me suis dit « celui là, c’est un légionnaire qui une fois en vacance va tuer les lapins, et puis qui après va noyer un portée de chat dans la piscine de son voisin, sous les yeux de son gosse » (copyright Harlan Coben pour cette dernière phrase, faudra que j’en parle de cet auteur qui est pour moi une révélation aussi). Cette tête un peu sombre, sévère, « crâne rasé », caricaturale presque… Je ne l’avais pas entendu parler, mais j’imaginais son discours : « le bon chasseur, il voit un faisan, il tire… c’est pas comme le mauvais chasseur qui voit un faisan, et qui tire... »…

Et puis comme quoi il faut se méfier de ses premières impressions… Celle-ci était totalement fausse. Car lorsque je l’ai vu à la télé avec son costard, rasé de prêt, un œil vif mais posé, et une voix calme, déjà première baffe. Il est chasseur lui ? C’est Saint-Josse, le gars avé l’accent de chez les Pyrénées, son Directeur de Campagne ? Il commence à parler, et déjà premières frappes qui moi m’ont touché (je traduis avec mes mots) : « mais dites M. le Journaliste, les gens ruraux ne sont pas tous des ploucs, y en des biens, et même certains ont fait des écoles »… Lui apparemment a fait des études qui font jolis dans un CV.
Et puis il continue. Question « vous êtes le candidat des chasseurs ! ». Réponse du gars avec le sourire et le verbe pas plus haut qu’un autre : « tout comme Sarkozy est le candidat des cyclistes et Bayrou le candidat de ceux qui aiment les tracteurs… Vous savez, on peut avoir une passion et ne pas s’en contenter d'en faire un programme ». Marrant en plus, de la répartie le petit… Saint-Josse aurait traité le journaliste de grand couillon en se résservant un verre de Madiran, lui est resté posé et a commencé à développer ses quelques idées.

Déjà là, je m’arête un peu et je fais un premier constat. Une élection présidentielle demande aussi une empathie entre un candidat et un électeur. Saint-Josse y a 5 ans ? Franchement bof. Je l’avais mis dans ma liste des « possibles votants », si vraiment j’avais voulu « jouer », mais il est vite parti (ne restaient que Madelin, Chirac et Bayrou… Chevènement l’ayant quitté, ma liste, en avant dernière semaine). Mais là ouais, j’avoue, ce mec me plait. Aucune raison réelle, sinon celle subjective d'une empathie et de quelque chose que je lui trouve sympathique.

Le programme ensuite. D’abord sa vision écologiste me plait. En parlant de Voynet, j’avais raillé « écologie des villes contre celle des campagnes ». Je me considère, personnellement, écologiste. Quand je veux caricaturer (si, je suis moqueur des fois), je dis que ne suis pas l’écologiste type qui va rouler en trottinette dans une voie de bus avant de monter cultiver son plan de cannabis sur son balcon, Vincent Delerm à fond dans la chaîne MP3 sur mon buffet Ikéa.


C’est vrai que j’adhère assez à la vision écologiste, rurale, traditionnelle, de Fréderic Nihous. Je trouve les Verts trop « bobo », Bové extrémiste et anti-progrès. J’ai l’impression que Nihous, plus que Saint-Josse quelques temps avant, est plus modéré.
Allez, je confesse qu’elle m’amuse, sa volonté de faire « plus que les Verts » à l’élection présidentielle. Et j’avoue que quand il fait une conférence de presse à coté de sa jolie voiture (qui avait l’air d’avoir moins de chevaux que celle du cycliste Noel Mamère tiens… ^__^), au pied d’aéo-réfrigérant de je ne sais plus quelle centrale EDF, cela m’avait plu.
Pour autant, la querelle entre écologiste, c’est marrant. Verts contre la chasse, Chasseurs pour… Mais si on veut défendre vraiment l’environnement, ça sera important d’arrêter de jouer au chat et à la souris. Et que les vrais environnementalistes se retrouvent au-delà de dogmes chacun de leurs camps.

Après, lorsque Nihous parle de la ruralité, défense des services publics, et accès à tout le territoire à la culture, à l’information, à la technologie, bien sur je suis. Il y rajoute une part de gestion communale qui m’est assez chère. Notamment quand il s’attaque aux intercommunalités forcées, obligées. Lorsque le préfet oblige le petit village à perdre de ses compétences en se faisant absorber, annexer, par la grande ville, la Communauté d’Agglomération, c’est très grave. De même, l’intercommunalité est une bonne chose, mais quand elle devient « un échelon de plus », ça ne désengorge pas la machine étatique déjà obèse.
Enfin, quand le but caché de l’intercommunalité est la disparition des communes, et quelque part la confiscation d’un pan du pouvoir au peuple, je ne peux être pour. C’est important la commune, c’est le premier lien civique entre la personne et l’institution. Le mettre toujours plus loin, ce lien de pouvoir, ça me parait être une erreur… Je préfère voir le pouvoir à proximité de chez moi. A ma Mairie plutôt qu’à la Préfecture, à Paris plutôt qu’à Bruxelles ou Davos.

Puis pour finir, je n’ai pas un rapport ni d’amour ni de détestation de la chasse. Mon papy était chasseur (et j’aime mon papy), j’ai un amour sans borne pour les chiens, et j’aime le civet de lièvre que fait ma cousine quand son mari ne rentre pas bredouille. Après ? Ben rien de plus… Si les chiens votaient, Nihous ferait sans doute un joli score...

Après, la question : je voterai pour Nihous, oui ou non ? Ben là, je vais changer ma formulation de fin de « maison ». Non, je ne voterai pas pour lui assurément. Mais je garde le bulletin de vote sous le coude car je ne dis pas que je ne voterai pas pour lui. Il me plait, mais y a quand même des points qui me gène.

D’abord, sa vision et son programme restent quand même réducteurs. Quelque part, l’élection présidentielle qui se transforme en proportionnelle intégrale au premier tour, cela ne peut pas me convenir. L’avenir de la France se joue. Ce n’est pas une élection cantonale. Cela vaut pour Royal, cela vaut aussi pour Nihous, et pour tous en fait.

Et puis surtout le spectre du 21 Avril, qui a faillit être destructeur pour Chirac en 2002, et qui fut finalement mortel pour la gauche. Répartition anarchique des votes, pour finalement un deuxième tour qui n’aura servi à rien, sinon mettre Chirac sur les rails pour 5 ans de pas grand-chose.
Vote « utile », pour soit et pour la France… Mais qui serait, pour moi, le « vote utile ». Si je veux être conforme et bon gars de mon camps, je dois faire comme ami socialiste qui se rangent à présent derrière Royal après l’avoir combattu. Et je devrai donc me ranger derrière Sarkozy. Même si franchement je n’ai pas la plus grande de ma vie… Ou alors, faire le choix Bayrou pour le voir devenir ensuite président s’il passe le premier tour…

Finalement la dixième maison de Nihous me fait attaquer mon trio de tête. Mais sur les trois, autant le dire avant d’aller plus loin, il n’y a pas celui que je rêverais d’avoir comme candidat. Choix par défaut ? Ben oui… Sinon, peut être je me serai engagé, comme souvent. Là j’irai voter, sans grande envie. Pas pour quelqu’un avec adhésion à son projet. Contre quelqu’un ? Même pas… Enfin, on verra ça dans les deux qu’il restera.



Mais pour refermer la porte sur cette maison…




Voterais je pour Frédéric Nihous le 22 Avril 2007 ? Réponse bientôt

mardi 15 juillet 2008

Sarkozy's chain

Toujours sympathique de se faire tagguer (sincèrement). Fusse t'il sur une question aussi délicate que de définir 4 qualités à Nicolas Sarkozy... Mon collègue de blog Romain Blachier, élu local de la bonne et belle ville de Lyon, m'a cordialement transmis le mistigri...

Allons y pour essayer de trouver 4 qualités à Nicolas Sarkozy. Nonobstant le fait que je lui en veux beaucoup, ne serait ce que pour les reniements des valeurs qu'il a défendu durant sa campagne. Sans compter la rupture avec une tradition gaullienne, et des méthodes politiques que je trouve réellement contestable...
Enfin bon, trouvons y des qualités. Je lui en avais trouvé lors de mon portrait en avril 2007, dans le cadre de mes 12 maisons de l'Elysée...

* Nicolas Sarkozy n'a pas honte d'être de droite. Je trouve que c'est une qualité, qui devient là aussi un défaut dés lors que celui ci s'auto-caricature.
Il y a plusieurs "droites". Ceux qui la trouvent illégitime à gouverner mettent en avant les caricatures telles "droite dure", "droite du patronat", "droite de l'argent". C'est, malheureusement pour moi, ce dans quoi est tombé Sarkozy à force de totale décomplexion...
Pour autant, dois je m'excuser de penser que les frontières représentent quelques choses, que le travail et le mérite ont de l'importance, que la culture du résultat n'est pas honteuse, et que l'ordre et le respect de certaines règles de vie en société et de certaines valeurs n'est pas une preuve de régression sociale ?

* Nicolas Sarkozy est une réelle rock-star de la politique. J'emploie à dessein cette expression employée par une ancienne amie sur son blog privé. C'est une qualité d'être un bateleur, un tribun, un débatteur et orateur talentueux. Ca devient un défaut quand le fond n'arrive plus à la hauteur d'une forme qui, là encore, s'auto-caricature.
Avoir les qualités de ses défauts, ou des qualités qui deviennent des défauts, ça semble être pour l'instant une constante de ce billet...

* Nicolas Sarkozy (mais aussi Bayrou et Royal) a contribué à un salvateur printemps démocratique, en 2007. Après les tristes absentions passés, aprés le 21 Avril 2002, nous avons eu une campagne certes dures, mais avec implication de beaucoup de personnes qui ont découvert la politique à ce moment là. Les adhérents à 20 euros du PS, les jeunes UMP, etc... Nous avons eu un taux de participation record, qui faisait suite à une campagne qui n'était pas sans rappeler le référendum européen.
Les français aiment la politique : c'est pas désagréable de le rappeler.
Problème là encore : cet espoir (à droite et à gauche), qui était représenté par Royal, Bayrou, Sarkozy, a été trahis par ces mêmes personnes... Dommage...

* Nicolas Sarkozy a permis à beaucoup d'avancer à visage découvert. Par son coté provocateur et attisateur de passion, il a fait tomber beaucoup de masques.
A droite d'abord. Certains ont ce rêve, que je ne partage pas, d'une société où le pouvoir serait concentré en peu de mains. Des mains de riches et de puissants. Et que les plus faibles n'avaient finalement qu'à mourir dans le caniveau... La droite décomplexée. Celle qui veut mettre tous les étrangers dehors, ou alors les faire travailler pour des poignées de riz et des salaires misérables. Celle représenté par Serge Dassault par exemple. Pour le gaulliste que je suis, c'est une tristesse. Mais c'est aussi quelque chose de positif : on voit dans quel camp sont certains, et quelles sont leurs vraies valeurs : le débat en est clarifié.
A gauche également. La gauche humaniste et pleine de bons sentiments possède en ses rangs des personnes d'un sectarisme et d'une intolérance rare. Et la politique est en fait un lieu, pour elles, de déverser leur haine. Le Pen a la haine de l'autre, ces personnes là ont la haine des personnes de droite qui ne pensent pas comme eux, et qui n'ont par conséquent pas le droit d'exister. La haine que suscite Sarkozy, et que l'on a pu lire ici et là sur le net par exemple, m'effraie. Mais elle me rassure d'un coté, car là encore les visages tombent. A gauche aussi, certains donneurs de leçons de morale et de tolérance font preuve d'un sectarisme d'une rare violence : ça relativise certaines postures...

Pas facile cet exercice... La tradition veut néanmoins, et quand bien même on ne soit pas satisfait du travail que l'on a produit, que l'on transmette le relais à d'autre.
Ca me serait simple de transmettre la martingale à des personnes n'appréciant pas du tout Nicolas Sarkozy. Brigetoun, le magicien d'Ox, Rimbus, Romy, Zgur ou Cécile pour ne parler que d'eux, me haïrait si je leur passais le relais... Pourtant, même Luc a fait l'exercice, non sans talent...

Finalement, je vais laisser le soin à qui veut de faire cet exercice. Je ne transmet rien à personne, sinon à tout le monde. Et merci Romain de m'avoir invité à ce petit jeu : je te revaudrai ça :)

vendredi 13 avril 2007

Les 12 maisons de l'Elysée : Jean-Marie Le Pen

(2 maison en un jour, en forme le Seiya du Gard !)

6eme Maison. On arrive à la moitié, au Centre donc… Et dans le dessin animé éponyme, c’est la maison de la Vierge. Shaka, mes amis reconnaîtront… (« Quand j’ouvrirai les yeux, ouh, tu vas morfler, vilain »). Et donc logiquement, maison au centre, la Vierge… Ben Jean-Marie LePen bien sur ! Cherchez pas le rapport, y en a aucun. Mais voilà, fallait passer par la case LePen, pas la plus facile. Et bien allez, après Besancenot, faisons le grand écart… Jean-Marie LePen.

Jean-Marie LePen, tout a été dit sur lui. Personnellement, je ne l’aime pas. Je ne l’aime pas pour des raisons similaires, sans doute, à une majorité de 82 % des français qui l’ont rejeté en 2002. De ce point de vue là, sans doute suis « pensée unique », ou plutôt dominante, mais ça ne me dérange pas.
Non, plusieurs choses me déplaisent chez lui. La première étant celle que je déplore et que je condamne chez tout extrémiste, de gauche comme de droite, et qui est celui de provoquer et d’emmener un pays à la haine. Je reconnais aux extrêmes leurs légitimités, à défaut d’intérêt. Ils représentent un vote de contestation, pas de proposition. Mais c’est respectable. Sauf que personnellement, si je suis dans une phase de contestation, j’attends de la proposition, avant de l’action. Et j’attends surtout un rassembleur, pas un diviseur, pas quelqu’un qui oppose plusieurs France.

Après, bien sur que je ne valide pas ses nombreux excès. LePen ne serait pas LePen s’il n’y avait pas ces dérapages verbaux. De part ses dérapages (le dernier en date sur la « hongrititude » de Nicolas Sarkozy…), il a rendu pleins de sujets impurs et tabous. Oui, l’identité française est un sujet important. Oui, la place de la Nation au sein de l’Europe est importante. Oui, l’immigration est aussi un sujet important. Ces sujets, parce que l’on parle pour l’euro d’une « monnaie d’occupation », parce que l’on parle de races, parce que l’on montre du doigt une partie de la population d’origine étrangère, en deviennent tabous. C’est grave. C’est très grave. Je ne parle pas de ses propos négationistes sur la deuxième guerre mondiale, parce que là ça devient abjectement abject.
Sur ce point Laurent Fabius avait eu une phrase juste : « Le Pen pose des questions valables, mais propose des solutions abjectes ».

Et puis enfin, pour finir le pourquoi je ne peux pas être proche idéologiquement et intellectuellement de LePen, un dernier point. Des grands parents qui eurent été résistants (de gauche). Un imaginaire personnel que je me suis fait autour du Général de Gaulle, et de ces grands français qui ont fondé un pays que j’aime. Et une France que j’aime et qui me fait honneur quand elle s’oppose à la guerre en Irak, et quand elle appelle à la paix entre les peuples. Même si elle a un coté « donneuse de leçons » parfois insupportables, elle me fait plaisir.
Jean-Marie LePen, comme le dit Thierry le Luron dans la parodie de ma chanson préférée « souvenir attention danger », « est entouré par des légions de crânes rasés… ». Comme chez Arlette Laguiller, il y a dans l’appareil FN des gens qui ne sont pas des républicains comme moi. Des gens qui, en 62’, ont tenté un assassinat sur le Général de Gaulle. Des gens pour qui Pétain était un sauveur. Même si des membres proches de ma famille sont des « pieds noirs » et que je comprends leurs souffrances, l’Algérie française n’est pas pour moi une raison pour vouloir tuer de Gaulle et pour épouser des thèmes d’entre deux guerres. Et pour moi, Pétain n’est pas un héros. Loin s’en faut.

J’ai dit l’essentiel, et je ne dirais pas plus. Sauf que je veux revenir sur le 21 Avril 2002, que tout le monde visiblement a oublié, vu l’état d’excitation en ce moment dans la Campagne électorale. Parce que ça me tient à cœur aussi, et qu’un blog, c’est fait pour ça.

Le 21 Avril au soir, j’ai eu deux réactions en rentrant prendre une douche chez papa-maman à 19h40 avant d’aller à Roquemaure pour les résultats du canton. J’admets que quand j’ai vu Chirac et LePen, et pas Jospin, j’ai fait au début un « youpi » franc et joyeux. Et puis, pendant que papa était hilare que al gauche était out (il était de gauche aussi comme mes grands papas mais il a changé), je me suis vite rendu compte du « oups » et du « gloups ».

Je me souviens aussi du 6 Mai. A 19h55, j’étais devant les pompiers de Roquemaure, apportant les résultats de mon village à la Mairie principale du canton. Au bout de mon téléphone portable, une ancienne amie (qui me manque un peu mais qui ne veut plus me parler, tant pis…). J’y disais, à cette fille qui n’avait à l’époque pas l’age de voter et qui connaissait ma frustration de 1995’, que j’avais une grande peur. Que Chirac ait plus de 80 % des voix. Parce que j’avais peur de deux choses :
  • •Que Chirac soit incapable d’utiliser à bon escient, par un rassemblement républicain large et efficace, ses 80 %. La suite a prouvé que non, Chirac n’est pas un grand homme d’Etat, mais un politicien qui pèse 20 % des voix ;
  • Que la France se dise « ouf, c’est bon on a vaincu la bête », et que tout revienne comme avant. La preuve aujourd’hui… Le référendum européen n’y a rien fait, on a une campagne haineuse au possible, avec des combines d’appareil, une intolérance de tous les cotés… Il n’y a rien eu y a 5 ans.
Outre le souvenir pour moi de l’entre-deux tours qui reste pour moi un beau souvenir (personnel), je garde néanmoins un souvenir amer de ces révoltes pseudos-populaires, et de cette dictature médiatique et intellectuelle que l’on a eu. Il fallait tuer LePen, presque physiquement. J’ai été choqué de ces enfants qu’on envoyait dans les rues. J’ai été choqué de tous ces journalistes qui prenaient position. J’ai été choqué que Chirac refuse le débat d’entre deux tours. J’ai été choqué du traitement qui a été fait de l’information. J’ai vraiment été choqué, moi le gaulliste qui finalement ne détestait pas encore totalement Chirac, et qui avait voté pour lui au premier tour. Choqué parce que j’ai vu une haine pire que cette haine combattue, une intolérance de l’intolérance, qui n’était pas pour moi républicaine. Grave, très grave, et insultant pour les 20 % des français qui premier tour qui finalement n’étaient plus français, et devaient être tondus. Ces 20 % dont beaucoup provenaient des rangs de la gauche.

Hystérie collective à laquelle j’ai sans doute participé aussi. J’exagère ? J’ai relu il y a un an le très bon « Nos Délits d’Initiés » de notre ami Guy Birenbaum, qui est un grand et brillant observateur de notre vie politique. Il ne peut être suspect d’affection vis-à-vis du FN, et connaît bien le sujet pour y avoir consacré une thèse. Et bien Guy commençait son bouquin en parlant de ce malaise qu’il avait aussi ressenti. Il allait, racontait il, à une conférence entre les deux tours à la Sorbonne. Son idée était que voter blanc (c’était sa position) était tout à fait valable. Que le socle LePen ne dépassait pas 20%, 25% si y a un peu de vent de dos, et que fallait arrêter d’être hystériquement idiot. Résultat ? Devant cette pression d’une rare violence, Guy n’a pu que ânonner, en tribune, un « faut voter Chirac »… Et pourtant, Guy, c’est du courage en barre, et même si je n’adhère pas à toutes ses positions, c’est pour moi un modèle et un gars exemplaire. Mais là, la pression même pas populaire, mais bien réelle pourtant, a été trop forte.

Pour finir sur ce point là et sur ces évènements entre deux tours, la dernière raison pour laquelle je n’ai pas aimé ces manifestations et cette ambiance, outre son caractère anti-démocratique, était que les malades préféraient casser le thermomètre plutôt que de s’interroger sur la fièvre. Qui a fait son autocritique ? Pourquoi LePen et pas Jospin ? Pourquoi l’extrême droite à 20 %, l’extrême gauche à 10 %, et l’abstention à très haut ? Carrément incroyable que, à part de dire « c’est la faute à Papy Voise et à ceux qui ont mis l’insécurité dans le débat », personne, vraiment personne, n’ait fait une autocritique sérieuse. Médias, classes politiques, culturelles, intellectuels, économistes, industriels, personne n’a fait la moindre autocritique. Personne.
Alors oui, on disait sa peur et sa colère dans les rues. J’ai mal à la France, j’ai honte, etc… Mais qu’a-t-on fait depuis ? Facile de crier quand on a mal à la tête, mais il faut le soigner ce mal à la tête. Personne ne l’a fait. Depuis, dans mon canton, le FN a fait plusieurs fois 30 %. Et le NON est passé au dernier référendum. Toujours la faute des autres, jamais la sienne. Finalement, en réponse à ça, la réponse d’Hollande et de Chirac, c’est quoi ? Royal et Sarkozy ? Tout ça pour ça, ben mince alors… Non, ce manque de retour sur soi, c’est une faute. On verra ce que donne l’histoire au final… On verra.
J’ajoute qu’en tant que modeste élu, en tant que sympathisant politique local, je ne suis pas mieux que les autres, et je suis aussi responsable du LePen au deuxième tour. On est tous un peu responsable…

Non, je n’ai pas aimé cette ambiance (même si personnellement, ça allait plutôt bien…). Et pourtant je n’aime pas forcément LePen. Bref, je n’étais pas bien… J’en garde un souvenir amer, et je sais très bien que si LePen devait arriver au deuxième tour, on aurait une rebelote…

La haine n’engendre que la haine. Donc de ce point de vue là, LePen a eu une juste récolte… Mais quand la délicieuse Louise Bourgoin sur Canal + parle « d’allergie » quand elle présente la météo grimée devant LePen, ça me dérange un peu. Et j’avoue sans honte que si un jour je dois avoir LePen, Laguiller, Besancenot ou Schivardi devant moi et qu’ils me tendent la main, je leur la serrerai volontiers. Pourquoi de la haine ? Pourquoi ? Après, ça n’empêche pas les désaccords, profonds. Je serre la main aux quelques personnes du FN chez moi que je connais. Certains sont des mecs estimables même. Mais ensuite, politiquement, c’est un combat réel. Parce que je ne suis pas d’accord avec eux, parce que je n’aime pas le positionnement du FN et de son appareil.

Un dernier point politique, puisqu’on a dépassé un peu la simple personne de LePen (mais qu’y a-t-il de plus à dire que ce qui est dit par ailleurs ?). Certains fantasment des accords entre Sarkozy et LePen. Je ne suis pas UMP mais je fus, un peu, RPR. Il y eut au début des années 80 une alliance entre les gaullistes et le FN. Puis plus rien. Chirac a toujours été ferme sur ce point. Pasqua était plus ouvert sur un point : pour lui, traiter les électeurs FN de salops comme l’avait un jour fait Bernard Tapie (que j’adore) est une connerie monumentale. N’oublions enfin pas que les alliances droites – FN furent le fruit de la branche libérale de la droite. Millon, Blanc, Buhr, Soisson, et les gens du Var, étaient des libéraux proche de Madelin. Exception avec Jacques Peyrat, FN puis RPR.
Personnellement (et localement), je serais très furieux que des proches politiques passent des accords avec l’appareil FN. Certes, le PS passe des accords avec le PC, mais le PC n’est pas Lutte Ouvrière. Parlons avec De Villiers, why not. Pas avec Le Pen.

Donc sur ces soupçons de rapprochements Sarkozy – LePen ? Je ne sais pas, je ne m’appelle pas Brice Hortefeux. Mais pour l’instant, je crois qu’il ne faut pas confondre l’appareil FN avec l’électeur du FN. Je crois que nous devrions tous être ravis si des électeurs de LePen votent Sarkozy ou Bayrou au premier tour, et si des électeurs de Laguiller ou Besancenot votaient Royal. Après il y a les manières de ramener les brebis égarées à la bergerie… C’est vrai, et ça sera le débat sur maison « Sarkozy », un peu plus haut dans les marches de l’Elysée.
Maintenant, ça va de soit que personnellement, je prendrais très mal le fait et la présence de ministre issus du FN dans un gouvernement Sarkozy, ou des rapprochements officiels entre UMP et FN.

Allez, j’ai beaucoup parlé là sur le candidat LePen. J’avais à dire finalement. J’aurais pu dire plus, mais je ne sais pas synthétiser ma pensée. Je vais donc arrêter là. Ca va de soit, mais...

Non, je ne voterai pas JeanMarie Le Pen le 22 Avril.

jeudi 5 avril 2007

Les 12 maisons de l'Elysée : Gerard Schivardi

Commençons ma petite liste de candidat à la présidentielle. Y en a 12, ça devrait aller vite. D'autant plus que je commence par celui sur qui j'ai quand même le moins de chose à dire... Gerard Schivardi... Cible la plus facile ? Peut être...

Bon. Points positifs ? Oh, je lui en trouve deux. Son accent audois. C'est ma région, le Languedoc-Roussillon. Et j'imagine que son village ne doit guere être plus grand que le mien... Plus petit même, sans doute. Ca me le rend sympathique. Et il défend une ruralité qui me parait peut être un peu dépassée sur certains points, mais qui ne me laisse pas indifférente. Comme lui, je trouve ces annexions de territoire pour cause d'Intercommunalité assez regrettables. Et surement pas dans l'interet des habitants.
Et aprés ?

Aprés, rien... Déjà, c'est un trotkyste de plus. Extreme gauche. Pas pire pas mieux que l'Extreme droite pour moi : tout ce qui est extreme me parait dangereux et insignifiant. Mais dangereux, donc pas si insignifiant que ça. Et un de plus de la grande famille qui, avec Buffet, Bové, Laguiller, Besancenot, a été incapable de s'unir. Rassembler le peuple français alors qu'on est incapable de se rassembler soit même ? Impossible. Je ressortirai cette phrase pour 4 autres.

Et ensuite, un jugement personnel (donc non objectif), je trouve Gérard Schivadi ridiculement caricatural. Des phrases de deux mots, avec un grognement qui accompagne le regard désaprobateur du gars "à qui on ne la lui fait pas". Et une "ruralitude" poussée à l'extreme ridicule, qui me gène car elle décridibilise le discours. Rural, ça ne veut pas dire plouc.
Enfin, cette histoire de "candidat des Maires". Ridicule de tous les points de vue. Ridicule la démarche de l'Association des Maires, ridicule l'entêtement du candidat. Assorti du grognement exprimé plus haut. Les maires, c'est 34 000 électeurs à peu près... Soit moins de 0,08 %. Donc au final un score représentatif de ce que représente Gérard Schivardi. Et je suis assez mécontent que l'élection présidentielle soit perturbée par des gens qui ne représentent qu'eux même.

Enfin, je constate quand même que l'on réserve malheureusement le même sort à Schivardi que l'on a réservé 5 ans plus tôt à Gluckstein. Des interviews courtes où le fond était remplacé par une forme inadéquate. PT c'est quoi ? Problèmes de justices ? Alors 0,2 % c'est pas beaucoup ? Etc...
Fort avec les faibles, faible avec les forts. J'aime pas ce journalisme. Mais cela n'empeche pas que...

Non, je ne voterai pas Gérard Schivardi le 22 Avril