lundi 15 février 2010

Parler de retraites en retournant au boulot...

Marrant comme le calendrier est taquin. Aujourd'hui, je reprend le boulot après un mois d'arrêt maladie. Sur la route, la radio ne me parle que d'une chose. Nicolas Sarkozy reçoit pleins de gens pour parler retraite. Retraite, alors que je reprends le boulot, taquin je dis...

Déjà une première remarque. J'ai l'impression que tous les trois ans, quelqu'un prend la voix sévère pour annoncer que l'heure est grave... Et que si on ne fait rien, la retraite - le système d'assurance maladie (rayez la mention inutile) risque de disparaitre Et donc on sort un plan qui fait mal à certaines catégories personnes (travailleurs du privé hier, public aujourd'hui...).
Et à la fin, après des manifestations et des coups de sangs ici et là, on voit un ministre satisfait dire qu'il a sauvé la retraite - le système d'assurance maladie (rayez la mention inutile), et tout le monde est heureux.
Jusqu'à la prochaine fois où il faudra faire des sacrifices pour sauver la retraite - le système d'assurance maladie (rayez la mention inutile).

Je ne suis pas un naïf. Je suis conscient que la situation est grave. Pas uniquement la retraite. Quand on voit la Grèce en faillite, je me dis que cela pourrait très bien arriver aussi à la France. Oui, cela hérisse certains d'entendre un Aphatie ou un H16 (l'un étant plus connu que l'autre, saurez vous trouver lequel ?) parler des déficits. Mais ce qui fut un des termes de campagne fort de François Bayrou me parait également être essentiel : comment envisager l'avenir alors que les déficits continuent à grossir et grandir ?

Aujourd'hui, les retraites, c'est 10 milliards d'euros en 2010. Et c'est 14 millions de retraités, chiffre qui augmente tous les jours.
Les retraites, c'est aussi des injustices réelles. Des retraites chapeaux qui déclenchent les pires crises de populisme épidermique, aux retraites de l'artisan ou du commerçant de village, qui a bossé toute sa vie 7 jours sur 7 et 15 heures sur 24, pour des pensions de misères.

Les solutions, il n'y en a pas 36. Entre les déclarations dangereusement utopiques de Besancenot et les excès de Laurence Parisot, il semble y avoir des justes milieux.
Pour ma part, je suis très défavorable à des pistes comme la baisse des pensions ou l'augmentation des cotisations du salariés. Est ce que le "candidat du pouvoir d'achat" les explorera plus avant ?
Après, y a la solution qui semble avoir du vent en poupe, allonger la durée de cotisation. Je n'ai jamais cru, pour ma part, au mythe de la retraite à 60 ans. Je suis sorti de l'école à 23 ans, je sais très bien que je ne serai pas à la retraite à 60 ans, si j'y arrive. Pour autant, j'ai conscience d'être un privilégié. Oui, y a du stress, et il faudra bien qu'on le traite un jour sérieusement, le problème du stress au travail.
Il faudra bien traiter également le problème de la pénibilité au travail. Le PS le demande ? Ben il n'a pas tort, l'ensemble des syndicats, même le mien, le demande...

Il y a une dernière piste, mais... Mais en parler fait passer pour un gauchiste, ce que je ne suis pas. Et je me demande pourquoi à droite on refuse d'évoquer ce sujet. Le travail est toujours celui qui est taxé. Celui qui le donne (l'entreprise), celui qui le pratique (le salarié).
Je ne sais pas comment exprimer cela, mais je trouve dommage qu'on évoque jamais le recours à la bourse pour alléger les charges sur le travail. Je suis conscient que cela dépasse le problème des retraites. Aussi le problème de la France. Mais je suis pour ma part très défavorable à des hausses d'impôts, et aux différentes hausses de taxes que pratique assidument le gouvernement. Pourquoi ne pas réfléchir, au niveau européen, à une réglementation de ces échanges boursiers.
Et au fait, la moralisation du capitalisme, cela en est où ?

Nicolas Sarkozy a promis qu'il ne passerait pas en force sur la réforme des retraites. Ca sera bien une première... Il est passé en force sur HADOPI, la suppression de la taxe professionnelle et cette réforme bâclée et centralisatrice des collectivités territoriales, la pub sur France Télévision, la taxe carbone, etc, etc... Mais il ne le fera pas cette fois ci...
Croyons le. Et attendons la suite. Calmement, posément... Sans caricature ni conservatisme, mais avec vigilance quand même...
Que cela ne soit pas encore une fois la classe moyenne qui sauve à elle seule le régime des retraites...

7 commentaires:

  1. Ahhh, je l'attendais celle là :)

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  2. Non non, Notre Faucon est pyrrhonien qui s'assume ! (je te taquine ...)

    Sur le fond, ça doit mon sens pratique d'économiste (arrêtez de rire, c'est pas drôle) mais j'ai du mal à saisir l'utilité de décaler l'âge de la retraite quand on sait que l'âge moyen de départ est largement inférieur. Dans ces conditions, le salarié ne pouvant pas choisir en réalité l'âge de son départ (sauf cas circonscrits), augmenter l'âge légal revient uniquement à constituer une taxe supplémentaire (et viagère) sur le travailleur.

    S'ils étaient capables de comprendre que la liberté "à la Salin" est une grosse bêtise, le libéraux seraient en pointe sur ce combat.

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  3. Salut,
    Mon avis est qu'à côté de l'inévitable recul de l'âge de départ, il faut penser à faire évoluer la société par rapport au travail des "seniors".
    Les gens qui ont passé 60 ans ont beaucoup de choses à apporter à la société, de l'expérience notamment, ça serait bête de s'en passer.
    Je pense que ça serait bien de valoriser la continuation du travail à temps partiel, à partir de 60-65 ans. On peut faire des métiers pas trop pénibles, à mi-temps (ou moins), ça permet de rester actif, tout en profitant de ses petits enfants.
    On pourrait faire comme le RSA, cumuler une demi-retraite et un demi-salaire, le demi-retraité est mieux payé, et les cotisants payent moins !

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  4. Claudio : je ne suis pas loin de partager ton avis...

    Paul : c'est pas faux ce que tu dis, mais j'ai l'impression que ça reste très théorique et incantatoire.
    Eventuellement pour certains métiers. Je suis cadre, j'imagine que si j'arrive à 60 ans, je serai capable de plus ou moins continuer à assumer mes responsabilités et mon travail. Maintenant, est ce que l'ouvrier à la chaine, le chauffeur routier ou l'artisan boucher qui se lève à 2 heures du matin tous les jours pour préparer le camion du marché peut se voir appliquer la sacro-sainte incantation "il faut faire évoluer les mentalités quant au travail des seniors ?"

    Je ne dis pas qu'il ne faut rien faire. L'idée de cumuler demi retraite et demi salaire est une bonne idée. Il faut voir jusqu'où elle peut être applicable.
    Je crois quand qu'elle sera plutôt applicable pour les employés bien qualifiés, et déjà bien payés. Cadre, ingénieur, administratif de haut vol, etc... Mais c'est déjà pas mal.

    Et d'une manière générale, j'ai l'impression que vouloir mettre tout le monde dans le même moule, c'est pas forcément la meilleure idée...

    Bonne journée à tous

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  5. Effectivement il faut trouver un juste milieu et c'est bien sur ce sujet comme dans tant d'autres l'extrême difficulté. Bonne semaine !

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  6. Je pensais à des reconversions en fait. Bien sûr qu'un mec qui a passé 40 ans à l'usine ne va pas y rester jusqu'à 70 ans ! Déjà, 60 ans c'est énorme.
    Le problème c'est que les plus de 50 ans sont quasiment exclus de la formation professionnelle, parce qu'on se dit que ça sert à rien pour ce qu'il leur reste à travailler. Du coup, pas de reconversion possible. C'est ça qui doit changer dans les mentalités je pense.

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