J’ai écrit hier dans mon billet « carte postale » le pourquoi de mon opposition à la réforme des retraites, et mes contradictions assumées, d’un garçon de droite qui ne met pas (plus) la valeur « travail » comme cardinale. J’ai apprécié la lecture du billet de Maxime Tandonnet, qui explique pourquoi LR ne devrait pas soutenir le projet sur les retraites. Je reprends ses arguments.
Cette réforme est
politique et sert à présenter Macron en réformiste, alors qu’en 10 ans chez
Hollande ou en président il n’a que peu fait. Lui donner ce quitus sera ressenti comme un ralliement de fait.
Oui, c’est vrai. D’autant plus que c’est l’aider sur une réforme impopulaire, et c’est le
deuxième que met en avant Maxime. La soutenir revient à se ranger dans le camp
du président et de la majorité. Et ainsi laisser le monopole de l’opposition populaire au RN et à la LFI, car LR
aura perdu la légitimé. Les extrêmes n’en demandaient pas tant !
Opposition « populaire ». J’avais écrit dans mon
billet précédent que LR a perdu son ancrage populaire. Droite du bon sens, du
travailleur, de l’épicier, du commerçant, du salarier, de l’agriculteur. En
caricaturant, LR parle trop au retraité de Cannes, pas assez au commerçant de
Bagnols/cèze, qui se fait part au RN. Quel message lancé aux travailleurs,
cadres moyens qui ont commencé leur travail à 22, 23 ans, si déjà en plus de
leur dire qu’on veut leur faire travailler plus pour le même salaire, on va les
faire travailler plus longtemps ? Le RN n’en demande pas autant. Les
patrons et les riches sont chez Macron, donc stop à la fuite.
« Une politique
se juge sur un ensemble et la réforme des retraites n’en est qu’un volet:
c’est sur cet ensemble qu’il faut se prononcer, sur 11 ans de
socialo-macronisme (y compris l’explosion de la dette publique, le saccage de
l’Education nationale, l’effondrement des services publics, l’Absurdistan
bureaucratique sous le covid-19 et l’exubérance narcissique quotidienne) ».
C’est la raison pour laquelle je n’ai pas envie que mon parti fasse un cadeau
sur une réforme majeure pour l’exécutif. Cette politique de « voter projet
par projet » est mortifère, surtout sur une mesure qui va mettre le pays
en feu : « LR n’a pas intérêt
à se montrer en suppôt d’un pouvoir détesté » d’après Maxime, et il a
raison. D’autant plus que le pouvoir a toute les chances d’échouer si la
contestation prend : nous avons vu que le pouvoir Macron n’était pas très
courageux. Des gilets jaunes et des zadistes crasseux ont fait reculer ce
pouvoir. Que LR ne s’associe pas à cette
défaire annoncée.
Et puis y a le fond. Cette réforme nous est présentée
nécessaire : elle ne l’est pas, sinon symboliquement. Pour reprendre ce
que dit Maxime, « Que pèsent les 33
milliards € avant 2035 que permettra la réforme des retraites devant
l’augmentation de la dette publique de 560 milliards en deux ans (2020-2022)?
Cette réforme n’aurait de sens que dans le cadre d’un changement radical de
politique et de garanties sur la fin du « quoi qu’il en coûte ».
Et les « incohérences
autour de cette réforme ne sont toujours pas levées ». Maxime rappelle
que le ministre chargée de la porter était un farouche opposant de relèvement
de l’âge de départ à la retraite. Vous me répondrez que bon, la cohérence, tout
ça… Ne donnons pas un chèque en blanc.
D’autant plus que les
français en ont marre de ces magouilles politiciennes. Macron a été un
parfait alchimiste : il a créé un monstre LFI, Janus du RN. Soyons clair :
LR est dans l’opposition. Une opposition responsable qui a vocation à retrouver
le pouvoir. S’allier au coup par coup avec les maitres de la trahison seraient
un mauvais message envoyé aux électeurs qui ont voté LR.
Enfin, Maxime rappelle que « cela fait 10 ans que la France vit dans un climat anxiogène. N’ajoutons
pas une nouvelle secousse ». Les français sont lassés. Peut on laisser la
société française tranquillet ?
Excellent billet de Maxime. J’adhère. Alors oui, y a du
calcul politique. Mais tout le monde en fait. Et philosophiquement et sur le
fond, je suis très aligné avec le fait de ne pas soutenir cette réforme des
retraites.