jeudi 21 avril 2011

Mon 21 Avril, dans mon bureau de vote (il faisait beau)

Une question posée par SarkoFrance, relayée par Nicolas. Que faisiez vous le 21 Avril 2002 ?
Je m’en souviens très bien de cette journée… Quelque soit le résultat final, c'était une journée de grand soleil : un beau dimanche de printemps...

Pour moi, c’était la première fois que je tenais un bureau de vote. Je venais d’être élu dans mon village l’année précédente, et j’étais tout beau dans mon costume cravate, pour demander les cartes d’électeurs des gens de mon village et les faire voter. C'était agréable, de voir tant de gens que je connais... C'est toujours agréable, une journée électorale.
A 11h30, une autre équipe d’élu est venu me relever. Ben oui, heure de la pause, heure de l’apéritif dans la petite salle derrière le bureau de vote. Chacun amenait une bouteille de son cru, un blanc délicat, un simple pastis, une gnole de derrière la bibliothèque… Mon ami moustachu, qui n’est plus là aujourd’hui, venait faire sa petite tournée, à l’heure où le maire du village l’offre, sa tournée.

Et l’ambiance était belle. Une ambiance d’une journée électorale dans un petit village. Où les gens sortent, se rencontrent, échangent… Une ambiance sympa, la première que je vivais. Je m’en souviendrai…
L’après-midi, j’accompagnais cet ami moustachu pour faire le tour des bureaux de vote du canton. Chaque arrêt, échange d’un petit morceau de saucisson, d’un verre de vin. Quand Lirac, Laudun et Tavel sont dans votre canton, les accueils sont toujours délicieux… Et à ce moment là, une remarque, un sentiment… Je faisais remarquer à mon ami « Le Pen fera un gros score… ». Il acquiesça. Mais nous ne pensions pas à ce deuxième tour là...

Je n’avais pas encore voté quand il était 17 heures. Pour une raison bête : je ne savais pas encore pour qui. On parle toujours de la division de la gauche en 2002. Mais à droite, les gens ont tendance à oublier qu’étaient présent au premier tour, en plus de Jacques Chirac, François Bayrou, Alain Madelin (qui représentaient tous deux des forces peu négligeables), et que Christine Boutin et Corinne Lepage pouvaient toujours grappiller…
Je ne voulais pas voter Chirac en ce premier tour 2002. Parce que l’UEM qui allait devenir l’UMP, et vis-à-vis j’ai toujours eu des réticences. Parce qu’un mandat de Chirac catastrophique, qui ne méritait pas pour moi un assentiment dès le premier tour. Parce que la mise en place d’un quinquennat, que je trouvais désastreux : on en voit aujourd’hui les stigmates, être durant tout un mandat en « campagne électorale » plutôt qu’en état d’action et de proposition.
Enfin parce que le choix politique qui s’offrait à moi était intéressant. Madelin représentait une aile libérale dont je me sentais proche à l’époque. Et Bayrou, j’avais toujours aimé sa démarche, et quelque chose me disait que j’allais adoré son action entre 2002 et 2007.

Pourtant, pour la première fois de ma vie, j’ai eu peur et j’ai voté « utile ». A 17h30 (je m’en souviens), j’ai voté Chirac.

Dans mon village, il était loin deuxième. Le Pen avait fait un score énorme. Dans mon canton, depuis longtemps communiste, il écrasait tout le monde. Et à 20 Heures, nous n’avions pas encore Twitter et des blogueurs zinfluents qui nous donnaient des tendances, je suis tombé de mon fauteuil...

Nous avons eu ensuite un entre deux tours où le grotesque frôlait avec, par moment pour moi, l’insupportable. La République n'a jamais été en danger. Chirac a eu tort de refuser le débat d'entre deux tours. Et nous avons vécu un moment où la gravité réelle de la situation ne justifiait nullement le ridicule (et quelque part le dangereux) d'une situation où la rue a pensé qu'elle pouvait se substituer aux urnes.
Une semaine plus tard, un 26 avril, je serai dans ces recoins de l’Ain où j’ai laissé tellement de (bons) souvenirs, qui reviendront comme tous les ans à la surface lorsque la télévision me parlera de l’anniversaire de Tchernobyl. Je penserai à un autre anniversaire.

C’était il y a 9 ans, le 21 Avril. J’ai souvent l’impression que depuis, rien n’a changé… Enfin si : nous avons eu Sarkozy et Ségolène Royal. La République, celle qui parait il était en danger il y a 9 ans, y a t'elle vraiment gagné au change ? Je ne sais pas...

6 commentaires:

  1. Non, elle n'a pas gagné...

    (je relève juste une remarque que tu fais à propos du quinquennat et des campagnes permanentes : ça aurait pu figurer, aussi dans les commentaires de ton billet précédent...)

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  2. J'ai quelques souvenir du 21 avril, oui il faisait beau, j'avais voté et c'est mon ancien instituteur qui tenait le bureau de vote.
    et à 20h je m'étaits pris une grande baffe.
    J'ai surtout des souvenirs du 22 et des jours suivants.

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  3. Nicolas, si. Elle a été l'icone de l'opposition républicaine pendant une grande partie du mandat.
    Personnellement, j'aurais préféré une personne de la stature de Jospin.

    Après, je ne t'oblige pas à partager mon avis. Mais je trouve qu'après le 21 Avril 2002, nous aurions pu avoir un deuxième tour un peu plus digne...
    (ce n'est que mon avis... et comme tu dis, elle a perdu, et heureusement d'ailleurs).

    Tu as raison de relever ce point là. J'en ai toujours parlé sur mon blog, de ces soucis qu'on posé un quinquennat (pour lequel j'étais un des 20% qui ont voté non, parmi les 20% de votant à ce référendum qui n'eut pas passionné les foules, mais dont aujourd'hui on paie le prix).


    Lolobobo,
    Je crois qu'on a tous un souvenir de notre 21 Avril. C'est un peu comme le 11 Septembre, on se souvient tous de où on était.

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  4. Je m'en souviens très bien de ce 21 avril 2002. D'ailleurs je vais suivre les conseils lus récemment (chez un lien vu chez toi) et en faire un billet chez moi. :)

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  5. Bonjour,
    En même temps, l'une des explications du 21 avril 2002 est que le jour de l'élection tombait pendant les vacances scolaires... ce qui a conduit une partie de l'électorat traditionnel PS à ne pas voter... (le taux d'abstention est plus haut en 2002 que la normale d'un premier tour de présidentiel).
    Petite cause... grands effets...
    m'enfin,
    @+
    PS : effectivement la république n'était pas en danger...

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  6. Tambour, tu as fait un joli billet.


    Nap, en 2007 et 1995, les élections présidentielles tombaient aussi en période de vacances scolaires. D'ailleurs ça tombera pareil l'an prochain : autour du 20 Avril, y a toujours des vacances scolaires.
    Mais en 2002, l'abstention était forte, plus qu'en 95 ou 2007. Pas sur que les vacances aient eu un grand impact.

    Mais non, en 2002 la République n'était pas en danger. Le ridicule non plus d'ailleurs, et il se portait très bien (avec ces cortèges...)

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