Nous avons encore vécu ce matin un grand moment de politique. Mais à la différence des mesquineries et petitesses que nous avons pu vivre ces derniers temps, nous avons eu un grand message. D'un Homme d'état. Et d'un Homme tout court, avec un grand H.
La déclaration d'Alain Juppé était fantastique, même si la conclusion n'était pas forcément ce que j'aurais pu espérer (et encore, est ce que je l'espérais vraiment ?)
J'ai particulièrement été touché sur la partie où il évoque le sentiment français actuel, qui réclame du renouvellement, et où il ne se sent plus capable de l'incarner. Et le moment où il dit très humainement qu'il ne se sent pas capable d'affronter les seaux de merde que n'auraient pas manqué de balancer ceux qui confondent combat politique et saloperies. Les utilisateurs d'Ali Juppé peuvent être heureux : ils ont réussi leur coup.
Alain Juppé a publié sa déclaration sur son blog. Elle mérite d'être lu. C'est une magnifique déclaration.
Pendant ce temps, d'autres blogueurs de droite soutenant Fillon (hier c'était Sarkozy qu'ils soutenaient) se rependent en autres saloperies. Insultant Juppé, alors qu'ils devraient l'applaudir. Et le mettant dans la poubelle, un "bon débarras" tellement petit, tellement inversement proportionnel au moment humainement fort que nous venions de vivre...
Le problème de Fillon et de la droite est décidément ceux qui le soutiennent fanatiquement. Ces mêmes qui ont tellement bien soutenu Sarkozy en 2012 qu'ils ont réussi à le faire perdre, et à nous offrir Hollande, Taubira & co au pouvoir pendant 5 ans.
C'est grave que François Bayrou ne soutienne pas le candidat de droite, et c'est problématique que ses voix échappent à la droite républicaine. C'est grave que le centre droit et la droite humaniste et républicaine s'échappe et expriment des doutes légitimes. C'est grave que le candidat de la droite républicaine n'arrive pas à rassembler : ses soutiens ont beau insulter ceux qui doutent, mais ils ne parviennent qu'à détruire encore plus de voix qui manqueront au final.
On peut insulter les 1,5 millions qui ont voté Juppé aux primaires. Mais si ces gens là ne se déplacent pour Fillon dans 50 jours, Fillon est mort ! Si plutôt que d'essayer de les convaincre et de les rassembler on leur crache à la gueule, Fillon est mort !
Ce n'est pas sens commun et la manif pour tous qui feront gagner Fillon. Ce n'est pas en insultant ceux qui trouvent navrant le comportement de Fillon depuis le début des affaires que la droite gagnera les élections.
Le camp de Fillon devrait se débarrasser de ceux qui prétendent porter son message en faisant le lit d'une terrible défaite... Terrible car elle ferait mal à la France, cette défaite.
Salut ami,
RépondreSupprimerDe Juppé, je retiendrais quelques éclairs de lucidité :
Il parle de renouvellement de la classe politique, comment pourrait-il en être autrement quand des candidats aux élections sont là depuis 30 ou 40 ans et cela est valable pour toutes les sensibilités de l'échiquier politique.
Il n'a pas parlé de son âge, mais à 71 ans, en fin de mandat, dans quel état serait-il ?
Enfin, dernier point dont il a parlé à juste titre, celui de sa condamnation dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris.
Le gros problème de la droite, c'est la connivence entre elle et l’extrême droite initié par Sarkozy avec l'entrée de Buisson parmi ses conseillers et son délirant ministère de l'Identité.
Le gros problème de la droite, c'est aussi son refus de la transparence, j'en veux pour preuve le refus de la HATVP par Fillon, et aussi son refus d'une Justice réellement indépendante. Retour vers 2010 avec la déclaration de Sarkozy sur les juges d'instruction et sa volonté de les supprimer pour les remplacer par les Procureurs. Proposition retoquée par la Cour de Justice européenne en raison du manque de garanties d'impartialité de ceux-ci à cause de leur nomination par le gouvernement.
Il est de bon ton de taper sur Taubira, mais il faut lui reconnaître que la circulaire ministérielle (qui s'impose au fonctionnement du Ministère) de juillet 2012 rend obligatoire pour l'Exécutif la nomination des Procureurs Généraux proposés par le CSM, lui-même indépendant en raison de la modalité de sa composition. Cette circulaire a été complétée par celle de Janvier 2013 qui interdit les consignes individuelles données aux Procureurs.
La Droite Républicaine a encore du chemin à faire pour retrouver une crédibilité. La Gauche également mais ce n'est pas le sujet ici.
Sur les problèmes que tu évoques :
Supprimer- Connivence avec extrême droite non je ne suis pas d'accord, du moins pas en terme d'appareil politique. Il y a des dirigeants (dont Juppé est) qui ont toujours été d'une clarté vis à vis de son extrême que la gauche gouvernementale n'a jamais eu avec le sien. Par contre oui il y a porosité chez les militants,
- Refus de transparence oui, mais ce refus y est aussi à gauche, même si ce n'est pas le sujet.
Par contre, le sujet c'est en effet qu'il y a une parole forte des radicaux à droite, qui fera perdre l'élection comme en 2012. Je parle de taubira car c'est le totem qui fait peur, mais c'est le militant de droite qui exclue le centriste car "pas de vraie droite" qui contribue à l'élection d'Hollande avec Taubira au gouvernement. C'est dans ce sens là que je la cite.
Mais en prenant plus de hauteur, en effet, ceux sont les radicaux (toujours les termes de Valls et Juppé) qui ont gagné les primaires. Sens commun et Nuit debout. Et ce n'est pas une bonne nouvelle.
Mais sinon c'est sympa de te lire : merci du passage Pierrot. A bientôt
SupprimerTu parles de porosité. C'est vrai qu'elle existe aussi bien à Droite qu'à Gauche et c'est bien elle qui mène à l'effondrement des deux grands "partis de gouvernement". Dans les tendances actuelles, tout semble se tourner vers le Centre.
SupprimerJuppé a toujours été clair mais il semble vraiment isolé dans ce domaine.
Quand on voit un Fillon et Lepen attaquer la Justice dans quasiment les mêmes termes et dans le même temps, il y a du souci à se faire et de plus quand on reprend les chiffres du quinquennat précédent (pourtant jamais reconnu par leurs auteurs) les options économiques de Fillon sonnent comme un désastre économique et social annoncé qui n'a rien à voir avec celui de Lepen mais dont les conséquences pourraient bien se ressembler mais dans des délais différents.