Je n’ai pas regardé la soirée électorale hier soir. Y avait Marseille – Lyon en football, et c’était drôlement mieux. Mais ce matin, entendu l’inestimable
Xavier Bertrand à la radio, interviewé par JM Aphatie. C’était,
de la part du premier secrétaire de l’UMP, consternant.
«
Je n’ai pas eu le sentiment que nous ayons tourné le dos ni à nos valeurs, ni à nos fondamentaux, ni à nos électeurs… ». Soit Xavier Bertrand n’a rien compris au film, ce qui est grave. Soit il fait semblant de n’avoir rien compris au film, et c’est grave aussi…
Le parti unique de la droite fait 36%, c’est un
score risible et misérable. Je ne parle pas de l’abstention, immense et qui n’est pas non plus à mettre au crédit de la majorité actuelle. Malgré la
gifle de la semaine dernière, bien que certaines têtes soient sonnées à droite, le responsable du parti présidentiel nous ressort ses infâmes « éléments de langage », remplis de mauvaise foi et de langue de bois.
Hier, après les dépouillements, j’ai discuté avec pas mal d’élus cantonaux de droite, parfois même encartés à l’UMP. Ils sont furieux non pas du résultat, qu’ils trouvent comme moi « logique » et « mérité ».
Mais de la manière dont les valeurs de la droite républicaine (pas forcément sarkozyste) ont été bafouées. Parce que malgré le sentiment de Xavier Bertrand, elles ont été bafouées…
Les valeurs « travail » et « mérite », par exemple, ont volé en éclat ces derniers mois. J’avais indiqué sur mon blog que l’affaire
Jean Sarkozy marquait le début de quelque chose. Ca n’a pas loupé. Ensuite, l’affaire
Proglio n’a rien arrangé. Effets désastreux dans cet électorat de droite populaire, celui de la France qui se bouge le cul qui voit que là haut, une Albanel peut rebondir sans honte sur un joli poste chez Orange…
Et quand je lis ce matin le
billet d'Authueil, que l'on ne peut accuser d'être un gauchiste convaincu, cela montre bien le désarroi de l'électorat de droite traditionnel...
Pour ces personnes proches de la droite, le constat est sans appel :
Sarkozy est responsable de la défaite. Et en allant plus loin, ceux qu’il a mis en place et qui ont distillé ce discours entre les deux tours le sont également. Je
partage leur avis.
Xavier Bertrand et ceux qui trustent les sunlights en ce moment à l’UMP, les Frédéric Lefebvre
(qui risque d’être récompensé d’un secrétariat d’Etat) ou ce
jeune insupportable Benjamin Lancar, ont oublié un truc bête. Dans l’UMP de Chirac et Juppé, il y avait un « P ».
Ce « P », ça veut dire populaire.
Benjamin Lancar d’ailleurs, se veut le président des « Jeunes Populaires ».
Populaire, on croit rêver… Pour les électeurs de droite provinciaux et ruraux, les bêtises type
Lipdub avec les jeunes fils à papa qui se dandinent avec leur pull en cachemire,
ça ne fait pas très « populaire ». Les gosses brushing qui donnent des leçons à la terre entière, et dont le seul effort a été de suivre les études dans la grande école choisie et financée par papa maman, ça fait pas très « populaire ».
Avoir mis ces personnes là en avant, ça a donné un effet désastreux auprès d’un électoral de droite « populaire », au sens noble du terme…
Pour ses gens là, la France n’est pas uniquement Neuilly ou les jolis quartiers de Paris…Alors autisme politique, oui. Xavier Bertrand continuait ce matin à montrer que décidément la droite au pouvoir n’avait rien, mais alors rien compris…
«
On s’aperçoit que les français n’ont pas dit non aux réformes ». La phrase est belle, là encore elle ne veut rien dire. Les réformes, quelle réforme ? Le bouclier fiscal, qui se révèle être jour après jour une vaste bêtise, qui donne ce terrible symbole que les plus fortunés ne verront jamais leurs impôts augmenter, alors que la classe moyenne qui trime oui ? La
Taxe carbone, ce truc injuste et inefficace qui ne sort d’on ne sait où ?
Et là encore, autisme politique total. Le pouvoir en place s’est pris une gifle, mais les français «
n’ont pas dit non aux réformes ».
Je continue à penser aujourd’hui encore que
ces élections sont moins une victoire de la gauche qu’une défaite de la droite sarkozyste, moins une adhésion à la néo gauche plurielle qu’un rejet massif de Nicolas Sarkozy et sa politique. Soit dit en passant, on remarque que les urnes représentent une manière bien plus pertinente de contester qu’un
No Sarkozy Day, autre émanation de cette «
LOL Politique » qui n’a pas que des bons cotés…
Pour autant, je ne veux pas minimiser ce qui, de fait, représente
une victoire de la gauche. Si la droite au pouvoir continue à ignorer et à snober cette France « moyenne » et populaire, dont je fais parti, la néo gauche plurielle aura une immense carte à jouer en 2012.
Et si l’alternative que pourrait proposer un rassemblement de cette
droite (et centre) non sarkozyste, qui pourrait être représentée par des Villepin, Juppé, Dupont Aignan, Bayrou, Barouin, etc… n’arrive pas à voir le jouer, l’alternance sera à gauche. Et la personne de droite que je suis n’aura pas à en être malheureux.
Aujourd’hui,
la défaite de la droite ne me rend pas triste. Considérant cet autisme électoral dont fait preuve l’UMP officiel aujourd’hui encore, j’en serai presque content… Attendons
demain, pour voir…