L’image m’a laissé très mal à l’aise. Montebourg
devant les salariés de Florange, dépités par les annonces dont ils ont été
victime. Le ministre, comme à son habitude, fait son
cinéma. En face, il a des gens qui souffrent, et qui en ont marre, des
cinémas. Des
paroles, ils en ont eu déjà, beaucoup. Des actes, déjà moins…
A un moment, la foule exprime son ras le bol d’être prise
pour des buses par le Ministre. Le bruit commence à se faire dans la foule. Le
contraste avec le visage béat et sans voix, de Montebourg est saisissant et
glaçant. D’un coté, ce chant tristement railleur « le changement c’est
maintenant », et de l’autre le silence…
Oh, il y a bien la parachutée la député du coin, Aurélie
Filippetti, essaie de dire quelque chose dans le creux de l’oreille du ministre
Montebourg. Mais ce dernier semble sonné. Le
ministre de la parole n’a plus rien à dire.
Je ne suis pas fan de Montebourg.
J’ai souvent dit tout le mal que je
pensais de la manière d’agir de ce sous-Frédéric Lefebvre, fort en grandes leçons,
mais dont les actes trahissent mal son incapacité (ou sa non volonté) de les
mettre en application. Mais bon, si Montebourg n’était qu’une girouette
politichienne (comme bien d’autre),
sur l’Europe, la mondialisation ou le cumul des mandats, ce ne serait pas bien grave.
Son attitude consternante et hasardeuse
face
à Hyundai me parait plus grave. Et je ne reviens pas sur sa gestion
calamiteuse du cas Peugeot…
Montebourg est un
mauvais ministre. Il n’est pas le seul du gouvernement. Et la République,
jusqu’à il n’y a pas très longtemps, en a eu d’autres de mauvais, des
ministres. Mais nous sommes aujourd’hui, face à des problèmes et des gens qui
souffrent. Qui attendent peut être autre chose que des grandes envolées d’un
lyrisme consternant.
Je n’aime pas
Montebourg, et pourtant je lui souhaite de réussir la mission qui lui a été
confiée. Je n’ai aucune confiance en cet homme, mais pourtant je ne peux
pas lui souhaiter d’échouer. La carrière politique de cet homme arriviste, je m’en
moque. Mais il a, malheureusement, dans ses mains le sort de bien des gens qui
souffrent aujourd’hui.
J’ai l’impression,
aujourd’hui, de vivre dans un pays dont le sol s’effrite
tous les jours un peu plus. L’élément de langage au pouvoir du jour est
de dire « c’est la faute à ceux d’avant ». Ceux d’avant utilisaient
les mêmes éléments de langage : je l’ai souvent déploré avant pour ne pas
soupirer devant cette tellement prévisible et méprisable bêtise.
Je m’en moque de savoir qui est responsable de la situation.
Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande ou un autre, ce n’est pas tellement ce
qui m’intéresse. Et je crains que cela soit le cadet des soucis de celui qui
souffre et qui a peur pour demain de savoir qui est « responsable »
(s’il y en a un) de son effondrement personnel.
Je suis très pessimiste. Je n’ai aucune confiance en l’équipe en place. Le changement ça
devait être maintenant. Mais à part les têtes et ceux qui profitent des ors de
la république, du changement il y en a peu eu. Les pratiques politiques ne
changent pas. On reçoit
toujours des dictateurs à l’Elysées, les coussins
de luxe remplacent les fours à pizza, et les taxes, impôts et commissions
diverses et autres continuent à fleurir.
Tout cela ne serait pas bien grave si l’horizon se
découvrait un peu, et si demain paraissait meilleurs qu’aujourd’hui. Pour les
gens de Florange comme pour l’ensemble des français, c’est loin d’être le cas.
Pourtant, je n’ai pas
le droit de souhaiter leur échec. Car pour nous, ça serait dramatique… Elle
est peut être là, pour moi, la difficulté de la situation.
Et dans cet esprit là, elle m’était difficile et
désagréable, davantage que jouissive, cette image de Montebourg à Florange. Très
difficile. Car il faut qu’il réussisse.
Mais je n’y crois pas.
(pendant ce temps, à
droite… soupir)
(mon ami Hashtable m’excusera d’avoir piqué son magnifique
Montebourg. Hein que tu m’excuses ^__^ ?)