Finalement je vais écrire un billet rapide sur le malaise que j'ai ressenti hier quand j'ai appris la grâce totale présidentielle accordée à Jacqueline Sauvage.
Je passe rapidement sur le volet politique d'un "moi président" qui aura fait une nouvelle entorse à ses promesses électorales, apportant un autre coup à la parole politique dont la valeur aura considérablement été dévalorisée durant ce mandat.
Je partage les avis de Nicolas et du juge Philippe Bilger. Deux bons billets de personnes qui ne sont pas des monstres inhumains, dont je reconnais un réel humanisme et des valeurs fortes. Mais qui sont aussi mal à l'aise devant cette décision du Prince.
J'ajoute que je suis mal à l'aise devant l'argumentaire qui tend à considérer que celui qui est gêné par ce geste politique est un monstre qui n'a aucun cœur, ni aucune valeur humaine. Trop facile de faire pleurer dans les chaumières en décrédibilisant l'autre par du pathos un peu facile.
Demain, le buraliste du Tarn qui a été condamné le mois dernier pour avoir abattu son cambrioleur profitera t'il d'une grâce présidentielle ? Lui aussi est une victime. Lui aussi a sans doute une famille aimante qui le pleure. Et le bijoutier de Nice ?
Et la justice demain, on fait comment ? Les jugements se feront ils à la lumière des comités de soutien ? De la qualité et de la célébrité des gens qui s'indignent ? On fera comment ?
Philippe Bilger a titré son billet "Coup de grâce à la justice". J'ai l'impression que le coup de grâce est sur l'ensemble de notre société. Je mélange, mais il y a peu le gouvernement a finalement entériné de ne pas faire Notre-Dame-des-Landes, cédant à une autre pression "populaire", et faisant fi de la démocratie (référendum local et décisions de conseils élus) et de décisions de justice.
Mal à l'aise, vraiment...