mercredi 16 mai 2007

12 ans qui s'en vont

Dans quelques heures, Jacques Chirac laissera sa place à Nicolas Sarkozy. Très bien, tout a été dit, rien de plus à rajouter de bien pertinent. Le jeu de la démocratie, un nouveau président élu. On l’aime, ou on ne l’aime pas, ou ni l’un ni l’autre. Mais le terrain a parlé.

Hier soir, j’ai écouté Jacques Chirac. Allocution simple, très simple. Courte, mais suffisante pour m’avoir, une nouvelle fois, plutôt ému. Les images de 95’ me revenaient. 17 ans j’avais. 29 ans j’ai aujourd’hui. Je rentre dans mes 30 ans. Cela veut dire que mes 20 ans sont à leurs crépuscules. Mes 20 ans sous Chirac. On dit que ceux sont les plus belles années. On dit ça…

J’ai connu mon premier véritable amour sous Mitterrand. Dans pas longtemps elle sera maman et je pense souvent tendrement à elle, mais elle ne fait pas parti de mes années Chirac. Non, mes années Chirac, ceux sont mes études lyonnaises. Que j’ai commencé en Mathsup, carte RPR en poche, dévorant la presse, les presses (Internet n’existait pas, un temps que les moins de 25 ans ne peuvent pas connaître), pour savoir ce qu’il se passait. Mes idoles d’alors ? Juppé, pour qui j’ai une estime identique. Pasqua, malgré d’avoir rejoint Balladur, Seguin, Alain Madelin.
C’est dans ma mezzanine au foyer de la Montée des Carmes (photo)qu’avec quelques compagnons de chambrée, nous avions une grande chance de ne pas faire l’armée.

Et puis avec une copine d’alors (j’en ai pas eu beaucoup), j’ai appris la branlée de 1997’. Villepin, du moins son nom, sortait de l’ombre. Ce fut les élections régionales. Lyon qui résiste aux voix du Front National. Le Languedoc qui, avant le douloureux Frêche, montre que décidément cette place de président de cette région est maudite. Puis les élections européennes. L’aventure RPF qui démarre. Et un Chirac, dont je portais tout jeune le TShirt, qui aura fini de me décevoir un soir de référendum pour détruire une république en la quinquénisant. Donnant finalement un outil pour faire d’un Sarkozy un super premier ministre président, mais à l’époque Sarkozy étant inaudible et inexistant, portant l’échec des européennes passées, nous n’en étions pas là.

Personnellement, je vis des élections cantonales et municipales avec un premier contrat en poche (petite PME Vauclusienne), et des responsabilités politiques dans mon département. Je suis élu dans mon village, ma candidate au canton d’à coté fait un joli score. Et je monte souvent à Paris. On prépare les présidentielles de l’année suivante. Pendant ce temps, je signe à Marseille (pas le club, mais un grand groupe avec qui je resterai 5 ans).

Je découvre sur le net une communauté des Chevaliers du Zodiaque dont je rencontre parmi mes plus chers amis d’aujourd’hui, et des gens fabuleux que j’aime vraiment. De Montreuil aux Bons Enfants en passant par la Lorraine ou la Sologne (cf Fanart), sans oublier l’Outre Quiévrain (coucou là haut). Je me prend même pour un écrivain, écrivant autant pour moi que pour d'autres...

2002 démarre avec l’Euro en poche. Un Euro qui m’aura permis de passer une merveilleuse fin d’année 2001 en Belgique, puis avec mes copains lyonnais. Amusant, début d’année 2002 avec une sciatique du niveau de douleur que celle que j’ai aujourd’hui.
Puis une campagne qui se prépare. Je suis à Rouen, puis en Alsace. Ou alors à coté de Genève, peut être pas, à posteriori, le meilleur moment des 12 ans. . Mon candidat ne part pas, ne part plus. On est certains à craindre un Jospin – LePen. Peut être l’histoire sera raconté dans le deuxième tome de ses mémoires (ça me donne un coup de vieux ça aussi). Ca sera l'inverse. Le 21 Avril.

82 %. Je l’apprends au téléphone avec la frontière suisse alors que je vais au bureau de vote principal, à Roquemaure. Voilà pour moi le principal loupé de ses 12 ans. Alors qu’aujourd’hui Nicolas Sarkozy veut ouvrir, à l’époque Jacques Chirac avait l’obligation d’ouvrir. Non, il sera resté, pendant 12 ans, prisonnier d’un clan, de son clan. Pendant ce temps, mon histoire continue elle aussi.
2002 la fin. Une histoire commune personnelle qui débute. StEtienne – Marseille ne seront plus jamais les mêmes matchs. Et les lacs du Pilat demeureront toujours plus beaux que le Lac Léman. Raffarin est un drôle de premier ministre, en même temps que mon surnom dans mon village. Et la fracture entre le faucon et son héraut de 95’ se fait plus pressante.

Sauf en 2003. Je suis à Bugey pendant que l’Amérique attaque l’Irak. D’autres rencontres du net à Lyon. Plus le newsgroup SaintSeiya, mais le forum de mon amie Lorraine. D’autres ami(e)s, qui de Lyon à Paris, me sont importants.
Et puis ma fin 2003. Je quitte, avec mal au ventre, Marseille, les Bons Enfants, un couple d’ami. Enfin, je les quitte, non, je ne pense pas (je n’espère pas) ne les avoir jamais quitté. Mais c'est l’Agence de ma société à Pierrelatte qui me kidnappe. Retour chez papa – maman. Des soirées difficiles qui font suites à des journées épuisantes. Des kilomètres en voiture, en avion. Bordeaux, Agen, Dieppe, Nogent/Seine, Gien, Orléans… Un ami important qui part. Une autre qui feint de revenir pour me refaire encore un petit peu mal. Mais la principale qui arrive du Nord pour rester avec moi.
Un référendum européen perdu par le président (gagné pour moi, la césure finale ?). Fin d’histoire avec ma société, fin d’histoire délicate ou la santé et le moral explose comme une défense marseillaise en finale de coupe de France. Et puis 2006 à Sérignan du Comtat qui est le moment d’un envol vers un merveilleux 2007 pour moi, avec le travail merveilleux que j’ai aujourd’hui, ma maison, et une vie personnelle que je souhaite à tous les gens que j’aime.

Et puis aujourd’hui. Des nouvelles rencontres sur Internet. Rien à voir avec les dessins animés japonais. La politique maintenant, les médias, les discussions, sur tout, sur rien. Sur aujourd’hui. Jacques Chirac qui part. Ma vie qui a avancé : j’ai 12 ans de plus, une maison, une femme, pas d’enfants ni de chien mais on verra plus, et presque 7 (8 ?) ans de cotisation de retraite. J’ai 30 ans. Ou presque.

Nicolas Sarkozy arrive à l’Elysée un jour où j’ai un bas du dos qui me fait vraiment souffrir. La nuit dans le lit, je ne parviens plus à bouger et là je refuse d’aller boire un café. Mon médecin m’a changé de traitement : on verra. Après le scanner mardi prochain. Mon beau-père quant à lui vient de sortir de l’hopital, pas en forme non plus. Je ne parle pas de mon équipe de foot ou de mon WiFi. Mais bizarrement, si la période est objectivement belle pour moi, le moment présent n’est pas agréable, plutôt douloureux.

Enfin, mes 30 ans commenceront sous un nouveau président. Enfance et adolescence sous Mitterrand, vingt ans et entrée dans la vraie vie sous Chirac. Sarkozy, année de quoi ? Envol réel du Faucon, ou le Faucon qui fera son nid tranquillement ? Enfin, aujourd’hui, j’ai envie d’être positif et optimiste. Je ferme une page. D’autres s’ouvrent. Drôle de période, celle du changement. Visiblement total. Mais plus qu'une simple passation de pouvoir, c'est un changement d'époque. Epoque collective. Epoque évidemment et logiquement personnelle.
A suivre…

10 commentaires:

  1. Hello,

    Une fois passé l'effroi de savoir que parmi tes idoles de jeunesse se trouvaient Pasqua (ex dirigeant du SAC) et Madelin (ex adhérent du mouvement Occident) on découvre au fil des lignes ... ton plus bel article! Je te souhaite que le quinquenat qui s'ouvre soit une belle et heureuse période.
    @ + cher Falcon, et prends bien soin de toi.

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  2. Très beau texte en effet. Pour la petite anecdote, c'est grace à Giscard qui avait abaissé la majorité à 18 ans que j'ai pu voter pour Mitterrand en 81 et ma fille pour la première fois cette année. Comme quoi.. ;-)

    Défaite ou victoire, avances ou dérobades, flux ou reflux, un jour la mer devient étale, même si elle cache des trésors enfouis, et des naufrages calamiteux.

    Alors envol du Faucon ou nid tranquille, qu'importe, tant que tu ne te renies pas(et je ne vois aucune raison pour que tu le fasses) ton choix sera le bon.

    Amicalement de la part du vieux au "minot" (de 30 balais quand même) ;-))

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  3. Nous verrons ce que l'avenir nous réserve, que peut-on dire de plus ? Que peut-on dire d'autre ?

    Je ne vais pas hurler mon admiration de Chirac, je ne vais pas hurler avec les chiens non plus, l'histoire jugera.

    Aujourd'hui, Jacques Chirac est redevenu un citoyen presque comme un autre, et Nicolas Sarkozy a été littéralement sacré.


    Wait and see.

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  4. @Krissolo : j'espere que tu ne découvres pas uniquement que je n'ai jamais eu le Ché Guévara en poster dans ma chambre :)
    Mais quand on est jeune, on a toujours des affections peut être excessives. Néanmoins, Pasqua (pour qui je garde une affection personnelle, au delà de la politique) et Madellin ne sont, pas plus que Jospin et son histoire, des monstres innomables. Gardons raison, toujours.

    @Serval : merci ^__^ Mais oui, l'histoire qui passe nous vieillit un peu.

    @Bruno : il n'était pas, hier, dans mon intention de juger Chirac. L'histoire s'en occupera.
    Mais c'est vrai que quand finit une histoire humaine, politique, amoureuse, professionnelle aussi, est ce anormal d'avoir un peu de regret et de nostalgie ? Chirac, ce n'a pas été que 12 ans de politique, mais 12 ans de pleins de choses autour, 12 ans de vie. On jugera plus tard.

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  5. que vous êtes jeunes mes enfants ! ça fait un drôle d'effet d'avoir droit de parler avec quelqu'un qui découvrait Chirac en 95 et pouvait ne pas éclater de rire en l'entendant parler de fracture sociale, ou qui a voté pour la première fois à 18 ans (moi c'était 21 heureusement parce que comme maturité ! j'ai voté Lecanuet, vous ne savez plus qui c'est) - alors la vieille elle attend, mais elle a tendance à penser que la nature des amis, de ceux qui ont soutenu la montée au pinacle peuvent donner de gros indices sur ce que sera notre nouvel impérator.
    A suand un président de la République ?

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  6. très beau texte en effet, mais ceux auxquels tu renvois ne sont pas mal non plus. Respect

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  7. Apparemment, les coups de blues te sont profitables pour écrire de bons billets mais... j'espère que celui-ci ne va pas durer trop longtemps !

    Et puis j'espère que ton dos va s'arranger : je connais ça... c'est l'horreur.

    Bon courage M. le Faucon.

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  8. C'est amusant tous vos souvenirs de campagnes. :)
    Eh bien moi en 81 je ralais comme un pou ( et écoutez un jour un pou raler, ça a de la voix ces bestiaux!) parce qu'à quelques mois près je n'étais pas assez vieille!
    Par contre quelle fierté quelques années plus tard lorsqu'un type m'a dit "votez, citoyenne." ^_^
    Et depuis je rale comme un pou quand on oublie de me dire "citoyenne" dans le bureau de vote.
    A quoi ça tient, hein... :))

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  9. C'est vrai que le passage devant l'urne est un moment clé ma vie également (comme de nous tous, je pense). C'est pourquoi j'ai été choqué pour le 2nd tour...que je vous explique.
    Ma commune a adopté cette drôle d'invention : la machine à voter électronique. Ca se passe comme au supermarché pour les fruits : il y a deux touches et puis il faut valider.
    Alors comme je suis un filou, j'ai voulu prendre une photo avec mon téléphone pour montrer aux collègues et aux copains à quoi ça ressemble (je peux vous l'envoyer si vous voulez ^_^). Et j'ai mis 30 secondes pour voter. Mais au bout de ces 30 secondes, la présidente m'a lancé un "Faut appuyer sur valider !" très tanceur et fort désagréable. Alors voilà... on n'a plus le droit de réfléchir. On n'a plus le droit de se concentrer. On n'a plus le droit de se poser l'ultime question : qu'est-ce que j'ai envie de faire... Désormais, il faudra se dépêcher et ne pas dépasser 30 secondes. Conclusion : vive la productivité !

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  10. François, c'est pas du blues, mais de la nostalgie. Chez moi, la nostalgie n'est pas que triste. Et même, chez moi le triste n'est pas que triste. Dur, idiot peut être, enfant d'Octobre un peu sans doute.

    Mais pendant ces 12 ans, pleins de choses qui me viennent en tête. Et tu sais l'importance des élections municipales pour moi. Parce que moi élu, parce que moi aussi à Paris entre deux tours, sous la statue d'Athéna de l'Arc de Triomphe, et la découverte d'un monde fait de Muses, de Rons, de Chaluts et de Sologne. Merci M. Kurumada.
    Sur ce point, revoir le site du NG ne m'a pas laissé indifférent, cf un des liens de mon post.

    D'ailleurs Bridge, merci de ton message. Il me touche terriblement.

    Enfin, il y a le coté électoral, politique, de la chose. Et puis y a les autours de ses 12 ans, ma vie sous Chirac, comme il y aura ma vie sous Sarkozy, probablement (je l'espere) plus tard ma vie sous d'autres.
    Comme je ne pense pas être un jour Président de la République, je ne serai toujours qu'un témoin plus ou moins actif de l'histoire qui se déroulera. Mais au final, on est quand même acteur de l'histoire, son histoire, en tous cas. Et même si on ne parlera pas forcément de nous dans les écoles, elle est riche, quand même...

    Merci de vos messages, et de votre lecture. Bonne soirée (j'ai soupe de poisson ce soir)

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