Vendredi soir, le maire de mon village présentait ses vœux aux employés municipaux et aux associations de ma commune. J’y étais. Il avait fait beau, et avant j’étais allé courir un peu. Forcément, j’étais plutôt fatigué...
J’écoutais les discours de l’adjoint aux associations, et du Maire. Je ne pouvais m’empêcher à l’ancien Maire, cet ami dont la mort a eu soudainement raison de lui au printemps dernier, et qui l’année d’avant, une veille de neige, avait offert ses vœux… Je pensais à lui, et à la soirée qu’il me tardait de commencer à la maison…
D’ailleurs, ce soir là, j’étais tellement fatigué que je n’ai rien bu. Oh, peu de monde voyait que je trichais, remplissant mon verre d’eau… Mais non, le délicieux rosé du coin, ou les pâtés en croute, ne me faisaient pas envie…
Et puis à un moment de la soirée, l’iPhone vibre… Je regarde. L’information « Ben Ali vient de quitter la Tunisie »… Je simplifie, mais en gros c’était ça. Un copain me demande ce qu’il en est, je lui donne l’information. Il hausse les épaules et s’en retourne au bar. Je fais comme lui, pas plus.
Puis j’en discute avec d’autres élus et collègues présents. On ne parait pas se rendre compte que demain, la Une des journaux annoncera la chute d’un régime cité en exemple par le président du FMI, et défendu complaisamment par nos dirigeants. Non, à ce moment, je comparais bêtement avec Baden Baden. Disant « bah, il reviendra demain de toutes façons… ».
Je ne suis pas rentré bien tard de cette soirée. Juste le temps d’une pizza avec mon docteur, qui m’est restée sur l’estomac d’ailleurs. Ne jamais manger quand on n'a vraiment pas faim... Une autre notification de l’iPhone informant de cette nouvelle. Pas plus.
On mange, on rentre. Et à 9h30, j’étais dans mon lit, ne parvenant pas à suivre l’épisode de Jigoku Shojo passant sur l’ordinateur…
Et donc le lendemain, on apprend que c’était un peu plus qu’une simple Badenbadenerie tunisienne. Et qu’en fait, couillonement, sans s’en rendre compte, nous avions vécu la veille un moment d’histoire. C’est un fait. Un constat.
Ce billet n’a strictement ni but, ni intérêt. A l’instar d’un Corto qui moque les élans de romantisme de certains de nos amis blogueurs, je prends la nouvelle comme elle est. Sans flagornerie, presque froidement. Avec un peu de surprise rétrospective, je ne pensais pas que le pouvoir de Ben Ali tomberait aussi « facilement » oserais je dire. Apparemment, le lâchage pas forcément prévu de son armée en est une des raisons principales.
Après, que dire de plus… Comme je suis d’humeur pessimiste ce matin, j’aurais envie de rappeler que la démocratie ne se décrète pas d’un claquement de doigts, malgré les leçons de certains. Je crois me souvenir qu’entre 1789 et aujourd’hui, la France est passée par pleins d’états qui étaient assez loin de l’idée que nous pourrions nous faire d’une « démocratie apaisée » (mais l’est elle vraiment ?).
C’est drôle, mais hier matin, alors que j’étais retourné courir sur un chemin que j’aime bien, je pensais à la Tunisie, et aux souvenirs que j’en ai. Hammamet, Juillet 2000, nous fêtons notre diplôme d’ingénieur avec mes compagnons de promotion. Je me souviens de ce souk très « touristique », où j'ai acheté, comme tout touriste qui se respecte, un tapis... Je me souviens surtout de la plage de l’hôtel, et des petites balades en 4x4, à Sousse (qui m’habite, oui c’est un mauvais jeu de mot) ou dans ces villages dont le nom m’échappe.
Je me souviens surtout que c’était y a plus de 10 ans, que c’était la première fois que je prenais l’avion (à 23 ans oui je n’ai jamais été précoce), et qu’on vieillit, tous…
Non, ce billet n'a aucun intérêt. Sinon de rencontrer un moment de vie, la mienne. Une soirée où j'ai reçu une information normalement importante pour le Monde, ou une partie. Et où je suis allé me coucher à 21h30...
Le reste, c’est de l’histoire, qui se déroule sous nos yeux. Que je suis en tant que spectateur, et c’est tout, mais c'est déjà pas mal…
J’écoutais les discours de l’adjoint aux associations, et du Maire. Je ne pouvais m’empêcher à l’ancien Maire, cet ami dont la mort a eu soudainement raison de lui au printemps dernier, et qui l’année d’avant, une veille de neige, avait offert ses vœux… Je pensais à lui, et à la soirée qu’il me tardait de commencer à la maison…
D’ailleurs, ce soir là, j’étais tellement fatigué que je n’ai rien bu. Oh, peu de monde voyait que je trichais, remplissant mon verre d’eau… Mais non, le délicieux rosé du coin, ou les pâtés en croute, ne me faisaient pas envie…
Et puis à un moment de la soirée, l’iPhone vibre… Je regarde. L’information « Ben Ali vient de quitter la Tunisie »… Je simplifie, mais en gros c’était ça. Un copain me demande ce qu’il en est, je lui donne l’information. Il hausse les épaules et s’en retourne au bar. Je fais comme lui, pas plus.
Puis j’en discute avec d’autres élus et collègues présents. On ne parait pas se rendre compte que demain, la Une des journaux annoncera la chute d’un régime cité en exemple par le président du FMI, et défendu complaisamment par nos dirigeants. Non, à ce moment, je comparais bêtement avec Baden Baden. Disant « bah, il reviendra demain de toutes façons… ».
Je ne suis pas rentré bien tard de cette soirée. Juste le temps d’une pizza avec mon docteur, qui m’est restée sur l’estomac d’ailleurs. Ne jamais manger quand on n'a vraiment pas faim... Une autre notification de l’iPhone informant de cette nouvelle. Pas plus.
On mange, on rentre. Et à 9h30, j’étais dans mon lit, ne parvenant pas à suivre l’épisode de Jigoku Shojo passant sur l’ordinateur…
Et donc le lendemain, on apprend que c’était un peu plus qu’une simple Badenbadenerie tunisienne. Et qu’en fait, couillonement, sans s’en rendre compte, nous avions vécu la veille un moment d’histoire. C’est un fait. Un constat.
Ce billet n’a strictement ni but, ni intérêt. A l’instar d’un Corto qui moque les élans de romantisme de certains de nos amis blogueurs, je prends la nouvelle comme elle est. Sans flagornerie, presque froidement. Avec un peu de surprise rétrospective, je ne pensais pas que le pouvoir de Ben Ali tomberait aussi « facilement » oserais je dire. Apparemment, le lâchage pas forcément prévu de son armée en est une des raisons principales.
Après, que dire de plus… Comme je suis d’humeur pessimiste ce matin, j’aurais envie de rappeler que la démocratie ne se décrète pas d’un claquement de doigts, malgré les leçons de certains. Je crois me souvenir qu’entre 1789 et aujourd’hui, la France est passée par pleins d’états qui étaient assez loin de l’idée que nous pourrions nous faire d’une « démocratie apaisée » (mais l’est elle vraiment ?).
C’est drôle, mais hier matin, alors que j’étais retourné courir sur un chemin que j’aime bien, je pensais à la Tunisie, et aux souvenirs que j’en ai. Hammamet, Juillet 2000, nous fêtons notre diplôme d’ingénieur avec mes compagnons de promotion. Je me souviens de ce souk très « touristique », où j'ai acheté, comme tout touriste qui se respecte, un tapis... Je me souviens surtout de la plage de l’hôtel, et des petites balades en 4x4, à Sousse (qui m’habite, oui c’est un mauvais jeu de mot) ou dans ces villages dont le nom m’échappe.
Je me souviens surtout que c’était y a plus de 10 ans, que c’était la première fois que je prenais l’avion (à 23 ans oui je n’ai jamais été précoce), et qu’on vieillit, tous…
Non, ce billet n'a aucun intérêt. Sinon de rencontrer un moment de vie, la mienne. Une soirée où j'ai reçu une information normalement importante pour le Monde, ou une partie. Et où je suis allé me coucher à 21h30...
Le reste, c’est de l’histoire, qui se déroule sous nos yeux. Que je suis en tant que spectateur, et c’est tout, mais c'est déjà pas mal…
Ce qu'il y a d'horripilant avec cette histoire, c'est twitter (voir mon billet du lendemain) et les gens qui ne se rendent pas compte qu'ils ne sont que, comme tu dis, spectateurs de l'histoire alors qu'ils se prennent pour des acteurs.
RépondreSupprimerTout a fait mon bon Nicolas, j'aurais pu te mettre un lien car tu avais un très bobiyé à ce sujet...
RépondreSupprimerBonne soirée à toi
merci pour le lien !
RépondreSupprimerCe qui est fou c'est que comme tu dis l'Histoire se déroule sous nos yeux. Tout va trop vite !
Souvenez vous de Ceaucescu puis du mur de Berlin, sur le coup tout a été trop vite et puis avec le temps, on s'est aperçu que c'est l'histoire qui s'écrivait.
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RépondreSupprimerCorto,
RépondreSupprimerBen oui, mais que l'histoire se déroule, n'est ce pas logique ?
GdC,
tu vas venir sur tous mes billets ?
El Camino,
Oulà, je pourrais écrire sur Caucescu. L'image de sa tête transpercée d'une balle m'a donné mes pires cauchemars d'enfant... (le générique du 13 heures de TF1 me faisait peur...)