Le sujet du moment, les arrêts maladies... Le Monde, qui suit toujours les "séquences gouvernementales", écrit un article "
un salarié sur deux en arrêt maladie en 2022". Avec mon épouse nous avons eu le Covid en début de l'année, donc on a fait 2 salariés sur 2 en arrêt en 2022, on a fait mal au plafond.
J'ai souvent écrit sur la souffrance au travail. Je pense que c'est un véritable sujet. Peut être aussi parce que notre relation au travail est différent.
Avant, il fallait être fort, travailler dur, être parfait, faire vite et faire plaisir. Aujourd'hui, peut être on s'autorise à moins être fort.
Hier, le travail était le premier sujet quand des gens se rencontraient. Aujourd'hui, c'est le quatrième ou le cinquième. Est ce que ce la "valeur travail" n'existe plus ? Non, mais il y a d'autres valeurs qui sont importantes également.
Mon début du billet part dans tous les sens, mais parce qu'on ne prend pas la question du travail du bon sens justement. Dans son ensemble.
Revenons sur les retraites. "Il faut travailler plus longtemps". Ceux qui sont contre sont "des paresseux". Je ne parle pas des caricatures qui ont professé, à la gauche de la gauche le droit à la paresse ou la déconstruction de la valeur travail. Mais des gens qui ne comptent pas leurs heures, ne sont pas forcément passionnés par leurs métiers, qui paient beaucoup d'impôts, et qui disent "bon, le concombre il faudrait arrêter de l'enfoncer encore un peu plus profond... j'ai mal".
J'en parlais à une réunion LR (nous n'étions pas beaucoup, smiley). Les vieux militants restent sur le "on était pour la retraite à 65 ans :". Je leur ai répondu "oui, on a fait 4% et on a perdu l'électorat populaire".
Cette réforme, qui a été menée d'une manière déplorable, était déjà mal branlée car il fallait prendre la question du travail dans son ensemble. Et au final, nous avons eu une caricature du débat.
Donc aujourd'hui on parle d'arrêt de maladie de complaisance. Il en existe, oui, sans doute. Par contre, la souffrance au travail, hier taboue, ne l'est plus trop aujourd'hui. C'est positif.
Une amie, forte au travail, dure au mal. Un jour elle a craqué (elle faisait partie du même département que moi). Là où j'ai eu un jour d'arrêt de travail suite à une engueulade avec une hiérarchique mangeuse d'enfants, elle a eu 6 mois. -20 kg. Le corps qui a dit stop. Elle voulait reprendre, le médecin a dit non.
Et des cas comme ça, dans mon entreprise comme dans d'autres, y en a pleins. J'ai retrouvé un jour, par hasard, un ami paysan en pleurs dans ces champs.
Parce que le sujet me parle et me touche, je pense qu'une nouvelle fois le gouvernement prend un sujet de la pire des manières. Avant de parler "arrêt maladie" (fraude ou pas le sujet n'est pas là), posons nous la question du travail, et pourquoi aujourd'hui y a t'il plus d'arrêts maladie. Le caricatural dira que les gens sont fainéants, Peut être est ce un peu plus complexe que ça.
Oui, aujourd'hui il y a une résilience moindre. Oui, le Covid a modifié des choses. Mais est il le seul responsable de la "démission silencieuse" ? Le sens du travail : n'avons nous pas eu ce débat hallucinant sur les métiers essentiels vs non essentiels ? Les soignants applaudis en Mars et insulté un an après s'ils refusaient la vaccination ? Un ministre de l'économie qui appelle les entreprises à augmenter leurs salariés pour lutter contre l'inflation, mais autant pisser dans violon, aussi quand on gèle les salaires de la fonction publique.
Je n'ai pas un métier fatiguant. J'ai un métier stressant. Finalement, à part le Covid, j'ai tenu le coup à des moments où c'était violent. Si, trois jours d'arrêt après une alerte cardiaque. mais après tout on s'en fout. J'ai un métier qui ne me passionne pas mais qui me permet d'avoir un salaire confortable. Par contre je n'accepte pas d'être "managé" par la terreur, par l'humiliation, par la culpabilisation.
Beaucoup ont un métier fatiguant, stressant mal, payé. Des fois, leurs corps dit "stop".
C'est encore une bouteille dans l'eau, mais quand est ce que l'on traitera le "travail" dans ses pleines et entières composantes ? Travailler plus, travailler mieux, travailler moins, travailler bien, ça ne veut rien dire. On va culpabiliser celui qui va voir son médecin car il n'est pas bien ? Et encore, qui sommes nous pour juger de la personne si elle est ou non en bonne santé et bien ou pas ?
Le petit Attal joue sur la fibre populiste de certains d'entre nous, qui considèrent que eux travaillent dur et courageusement et que d'autres sont des branleurs. Opposer une partie de la société contre une autre, une des définitions du populisme.
Je n'attends rien de plus de ce gouvernement, j'espère qu'ils ne vont pas encore empirer la situation. Mais je vais être déçu...