Cela fait un mois que je suis nouvel embauché dans cette institution. Mes collègues de travail, préparant leur semaine de congé pour aller avec maman et les petits à la neige, m’ont posé cette question toute la journée. Je leur répondais, non sans sourire, qu’après un simple mois de travail parmi eux, je n’étais pas encore très fatigué…
Mais bizarrement, alors qu’il fait un temps superbe aujourd’hui, et que l’achat de ma maison est vraiment sur des rails merveilleux, je suis plus dans une face « retour vers le passé ». A midi, avec mon chef de projet, nous parlions de notre « ancienne vie », et des déplacements.
Lui m’expliquait lorsqu’il parait, le lundi matin à 5 heures, pour aller dans sa centrale où il travaillerait pendant une semaine. Se languissant, le soir dans sa petite chambre, du vendredi midi où il pourrait reprendre la route vers chez lui. On parlait de cette notion, difficile à concevoir lorsqu’on ne la pas vécu ou côtoyé, de « grands déplacés ». De ses avantages financiers, mais surtout de cette vie que, personnellement, je n’aurais pas supporté.
Mes déplacements à moi, dont j’ai souvent rapporté les faits sur ce blog l’année 2004, étaient d’un type différents. Le lundi matin, à 5 heures, c’était à la Gare d’Avignon que j’allais pour prendre le premier train en direction de la Capitale. Pour ensuite louer une voiture, ou prendre un autre train, et le tout pour aller à mon lieu de villégiature. Villégiature ponctuelle, puisque le mardi soir, je devais reprendre une ligne aérienne intérieure ou un train, pour aller à l’autre bout de la France. Et tel une puce, je sautais de Centrale EDF en Centrale EDF… Parfois un site nucléaire non EDF, ça arrivait.
Et le week-end, je me débrouillais de rejoindre mon amie qui, à l’époque, habitait en province Picarde.
Je revois ces jours de Février où le soleil redevient brillant et fort, avec une température qui reste froide, mais qui fait que le pull en laine devient difficilement supportable. Que ce soit au Centre de la France, entre Orléans ou Sancerre, que ce soit dans le Bordelais de Blayes, que ce soit à Dieppe ou à Nogent/Seine, le soleil brille de cette même manière lorsque Février veut nous être agréable.
Le vendredi, après ma semaine qui avait dépassé les 40 heures depuis longtemps, j’essayais d’arrivais dans ma deuxième maison un peu avant 14 heures. Pour brancher mon PC portable sur une prise Internet, et lire mes derniers mails professionnels, et commencer à m’occuper de moi. Je savais que j’aurais un week-end paisible et agréable en Picardie, qu’on mangerait une pizza chez SanGenaro, qu’avec un peu de chance Marseille jouerait sur Canal +. Qu’on aurait un peu de beau temps. Pour aller à Amiens ou Arras, traverser ces campagnes qui ne me manquent pas du tout… Et le dimanche soir, retour dans le Gard pour une semaine, ou partie de semaine, à Pierrelatte. Ou alors, le lundi matin, retour à Bordeaux par train, ou départ à Dieppe.
J’en ai vu des jolis paysages. J’en ai eu des coups de cafard terrifiant dans ma chambre d’hôtel. J’avais des responsabilités, mais je n’avais pas le pouvoir, et pas la gratification qui allait avec. Peut être est ce pour ça, après un été 2005 qui aura été meurtrier pour moi, que ma santé s’était à l’époque détérioré. Et que j’ai eu ce coup de rein nécessaire pour m’extirper de cette situation que je ne supportais plus.
J’ai mis quelques photos « souvenir » de cette époque de ballade, où j’ai vraiment vu la France sous pleins de coutures différentes. Blayais et sa citadelle, Nogent/Seine et ce coté paisible d’un grand village au milieu de rien, Dieppe et ses falaises. Et Cherbourg, Agen, Mulhouse, Dijon, Bugey, Orléans, Gien, Sancerre, Chinon, Dunkerque, Sedan, Metz, mais aussi La Rochelle, Romorantin, Fecamp, Rouen… Des endroits que je n’aurais sans doute pas découvert sans ces voyages.
Les voyages forment la jeunesse. Peut être que ces 5 ans passés à côtoyer des femmes et des hommes qui quittaient leurs familles pendant 5 semaines pour bosser à des rythmes infernaux, vivant le soir dans leurs caravanes et ayant pour seuls avantages leurs cigarettes et le repas du midi payé par la boite, peut être que tous ces voyages, ces moments à traverser en voiture ou en train, peut être que tous ces moments de joies mais aussi de réelles fatigues et morales, peut être que tout ces instants auront fait que je suis arrivé là où j’en suis maintenant.
En tous cas, et pour revenir à la question du dessus. Non, je ne pars pas en vacances. Simplement en week-end. Au dessus de Grenoble.
Better work, better life ?!
RépondreSupprimerAhh, que le monde est doux...
Excellent week-end sur les hauteurs de grenoble, qui sont absolument sublimes, je te le confirme...
je ne connais que le coté Moucherotte, à l'époque somnolente de l'été et de l'ennui adolescent.
RépondreSupprimerRegrets de ta jeunesse vagabonde, même si c'était dans des rails ?
difficiles ces vies tranchées, la semaine au loin, le weekend en famille.
RépondreSupprimerje n'aurais jamais accepté d'être séparée de ceux que j'aime pour faire carrière, pas mon truc, plutôt une chaumière ensemble qu'une villa à mi-temps.
mais par rapport à la loi du marché, c'est une erreur