lundi 30 novembre 2009

Histoire de référendum populaire...

Nicolas commence son billet du jour en disant qu'il n'arrive pas s'indigner de cette histoire suisse... J'aurais pu commencer de la même manière.
Je ne suis pas "scandalisé" comme Bernard Kouchner. On a donné à un peuple l'occasion de s'exprimer, il s'exprime, point. Mais je ne saute pas de joie non plus. A vrai dire, ce débat me laisse indifférent.

Jean-Michel Aphatie demande ce qui sortirait des urnes en France si un tel sondage devait se faire. Et moi, que voterais je ? Je pense qu'en fait je voterai comme la majorité des suisses. Si la question est posée telle quelle. Non, je ne serai pas fou de joie qu'un minaret soit construit dans mon village. Pas défavorable à des lieux de cultes décents pour tous, mais pas favorable à des minarets appelant à la prière...
Mais la question ne se pose pas, donc il n'est pas forcément utile de développer le sujet.

Par contre, ce qui m'intéresse plus est cette histoire de référendum populaire. La gauche a appelé, il y a peu, à un référendum populaire contre la privatisation de la Poste. Certains trouvaient ça très bien. Je trouvais pour ma part que si la question était mal à propos, l'idée d'un référendum sur un sujet important, pour peu que la question soit bien posée, était séduisante.
Le référendum du Mai 2005 sur la constitution européenne a donné un résultat qui a déçu les plus intelligents qui nous gouvernent. Il a pourtant donné lieu à un magnifique débat démocratique et républicain.

L'outil "référendum d'initiative populaire" me parait pertinent sur ces deux points. S'il permet un vrai et beau débat de qualité, avec une question prise en main par le peuple. Et si l'avenir de notre Nation est mis en jeu. Nous aurions du faire un référendum pour ou contre le Traité de Lisbonne.
En point subsidiaire, il est évident qu'il faut aussi que le pouvoir et les élites acceptent l'idée que le Peuple puisse penser différemment des élites...

Revenons à la Suisse. Les suisses ont posé une question gênante, dont le résultat a gêné et choqué certains. Mais n'est ce pas le risque d'un référendum d'initiative populaire ?
La gauche s'est paré de ces beaux habits vertueux en posant les termes d'un référendum populaire sur la Poste. Mais n'y a t'il pas risque qu'une gauche poussée vers ses extrêmes, ou qu'une droite attirée par sa branche la plus radicale, ne pose aussi les termes d'un référendum d'initiative populaire avec une question dérangeante ?

J'ai toujours été attiré par le coté légitimité populaire du référendum. Même si le Général de Gaulle a payé le prix cher. Même si Jacques Chirac aurait du faire de même en Mai 2005. Je me demande si pour des questions de société, cet outil est vraiment adapté...
Je n'ai pas la réponse, je me pose juste cette question...

Mais je pense que plus qu'un référendum, écouter ce que pense le Peuple, qui n'est pas qu'un ramassis d'ignares crétins, c'est plus important que tous les sondages de l'Elysées ou Référendum à la mort moi le zouzou. Ecouter les gens, et ne pas rester prisonnier de ses certitudes...
Ca parait important...

A lire aussi le billet d'Hermes : La fin de la démocratie... Billet pertinent et bien à propos...

17 commentaires:

  1. Excellent billet ! Je suis complètement de ton avis : j'aurais voté comme la majorité des suisses, et on peut observer tout le décalage entre la voix populaire et les élites médiatiques et politiques qui veulent nous faire croire que le peuple se trompe. Incroyable !

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  2. Salut Lomig (longtemps qu'on ne s'est plus parlé).

    J'attire ton attention sur le fait que c'est moins le référendum suisse l'objet de mon billet, que l'utilisation de ce dit référendum.

    Je ne sais pas si cette question aurait sa place en France en fait. Et je ne sais pas non plus s'il serait souhaitable de poser cette question... Qui dans les faits ne se pose pas non plus.

    Bonne semaine à tous

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  3. autant je bats pour la construction de mosquées, autant la construction de minarets ne m'enchante pas. Par ailleurs, les médias bien-pensants m'énervent ce matin: oui il y a de la xénophobie chez certains votants et c'est dégueu. Mais pas chez tous. Et le monde musulman devrait se poser la question parfois des raisons qui font que certains ont peur de l'Islam ou le rejettent.

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  4. Yes, le sujet est très compliqué. Je ne sais pas ce que j'aurais voté.

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  5. Le référendum "plébiscite" du général n'a pas grand chose à voir avec ce qui était organisé contre la privatisation de la Poste (une pétition en fait). La gauche a plus souvent dénoncé l'utilisation du référendum (depuis les plébiscites organisés par Louis Napoléon Bonaparte après son coup d'Etat) que loué les vertus démocratiques liées à son exercice.

    Le vote est important en démocratie mais le débat encore davantage...

    Ton billet est excellent ; je ne sais pas si je suis d'accord avec toi, la "question de société" n'ayant pas de définition juridique ... Elle peut être une question de liberté publique. Mais même dans ce domaine, une assemblée, dans certaines circonstances, peut faire absolument n'importe quoi... Voir le vote des plein pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940.

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  6. Fort intéressant Falcon.

    Je crois que j'aurais voté comme toi.

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  7. Me voilà d'accord avec toi. On aurait d'ailleurs bien dû voter pour le traité de Lisbonne. La Suisse a posé une question, les gens ont répondu. Que ça plaise ou pas, on s'en fout. C'est la voix du peuple!

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  8. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  9. Zut, une faute, je recommence:

    C'est un bon billet, mais je ne suis pas d'accord. La démocratie et par conséquent, la participation obligatoire du peuple aux décisions de gouvernement, au moyen d'un véritable référendum d'initiative, est pour moi une espérance à concrétiser au plus vite. La restitution d'une souveraineté détournée au lendemain de la Révolution, reste à obtenir de gré ou de force de ce que l'on appelle "la classe politique".

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  10. Le référendum devient aujourd'hui indispensable malheureusement...je dis malheureusement tout simplement parce que le Parlement étant devenu une chambre d'enregistrement des volontés d'un exécutif irresponsable, afin qu'il y ait réel débat démocratique, nous en sommes réduits à nous retrancher vers le référendum...
    Crise de légitimité du Parlement?

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  11. ouiche ! un bon article ! je n'en pense pas moins. Faut arrêter de prendre le peuple pour un crétin mais aussi de le vexer. Quant à l'histoire Suisse, ce n'est même plus une question laïque de respect de la religion de chacun, c'est simplement qu'il faut arrêter de mélanger les genres comme on le fait. La culture n'est pas un vain mot, cela correspond à quelque chose de profond et on ne peut continuer, au prétexte fallacieux d'intégration des uns et des autres, d'imposer à un peuple d'accueil des coutumes qui les dérangent. Faire ainsi finit par finalement créer de l'intolérance et faire du coup monter les extrêmes... c'est tout bonnement con !

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  12. Coucou copains copines,

    Romain : en phase sur ce sujet... Comme sur beaucoup d'autres , comme quoi des fois des valeurs sont plus fortes que des étiquettes...

    Nicolas : comme la question ne se pose pas en France...
    Mais une autre reflexion que je me fais, c'est qu'on parle d'un vote en Suisse sans forcément avoir pris la peine de se renseigner sur le climat là bas... Pour ça que j'aime le billet d'Hermes que j'ai mis en lien en bas de mon billet : arrêtons de toujours juger la démocratie...

    Et ne soyons pas ces arrogants donnant des leçons de démocratie à la Suisse. Vraiment on n'a aucune leçon à donner à personne !

    Mtislav : Merci de ton commentaire.
    Sur la poste, je ne pensais pas à la votation citoyenne, mais à la demande d'organiser un référendum d'initiative populaire. Avec ce point important : attention à la question qu'on pose.

    Et oui, les assemblées peuvent aussi donner de mauvaises choses...

    Elmone : on se retrouve au café après le vote alors ^^

    Homer : Oui, la voix d'un peuple souverain. Qui comme tout peuple a le droit aussi de faire des conneries !

    Coucou : je ne suis pas sur qu'on soit si en désaccord que ça... Mais je me demande jusqu'où on peut aller dans le référendum d'initiative populaire.
    La gauche bien pensante donne en ce moment des leçons à la Suisse en s'émouvant et en critiquant finalement le fait que des extrêmes droite aient utilisé le référendum d'initiative populaire pour ce vote, mais n'aurions nous pas la même possibilité si nous l'instituons en France ?

    Je n'ai pas d'avis, je pose juste la question.

    En ajoutant que de part ma "structure légitimiste", je suis viscéralement favorable aux référendums, et à tout ce qui fait que le peuple influe dans les décisions de la vie de la Nation.
    Mais je me pose la question quand même...

    Nemo : pour moi le parlement est illégitime depuis qu'il a adopté Lisbonne. Le Peuple l'eut rejeté à 55% et voilà un parlement qui l'accepte à 85%. Gros problème...

    Mirabelle : je suis totalement d'accord avec ton ressenti. Arrêtons de prendre les peuples pour des cons. Arrêtons aussi d'agiter "fascisme" ou "xénophobie" à tous les coins de rue.

    Bonne journée à tous

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  13. Question intéressante. Il va falloir que je fasse un billet sur ce thème.

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  14. En tant que petit Suisse j'ai une opinion clair sur le sujet: oui... dans le contexte suisse.

    Dans un système politique français avec un régime présidentiel, une culture de majorité-opposition, je crains qu'un référendum d'initiative populaire sur tous les sujets ne serait qu'un outil de blocage politique.

    Je m'explique. La démocratie directe helvétique n'est qu'un pilier de notre système politique. Les deux autres sont un parlement à la proportionnelle et une gouvernement de concordance (tous les grands partis sont représentés dans le gouvernement de la droite populiste au PS). Le premier n'étant pas du tout inféodé au second. Aucun parti n'a le pouvoir de faire passer quoique ce soit seul. Ces 3 piliers « forcent » les acteurs du système à chercher un consensus de manière constructive sur tous les sujets d’importance. Et cette discussion permanente entre partis, société civile, corporations, associations, syndicats permet d’une part la mise en place de réformes pérennes et d’autre part la stabilité et la cohésion du pays.
    En retour, et avec l'expérience des votations, le peuple vote de manière plutôt rationnel en (peut-être pas le week-end dernier selon les points de vue). A partir de là si le peuple peux voter sur des sujets de politique économique, sociale, fiscale, étrangère, etc. Il n'y a pas de raison que des questions de sociétés ne puissent pas être traitées par le peuple (même si je ne suis pas toujours d'accord avec la majorité de mes concitoyens).

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  15. bon billet, intéressant point de vue

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  16. Mathieu : merci, j'attends ton billet

    Julien : merci de donner un point de vue "suisse". Je crois aussi qu'il est idiot, et prétentieux, de réflechir à une question sans la remettre dans son contexte : la France n'a pas la science infuse.

    Gentil crapeau : merci de ta visite ;)

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  17. J'ai donné mon avis chez Nicolas, je ne le remets pas ici, ça risque d'être le même :)

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