jeudi 5 novembre 2009

Sarkozy, Raffarin... Qui joue vraiment "contre son camp" ?

« Jean-Pierre, tu joues contre ton camp ».

Voilà en gros l’immense reproche de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de l’ancien premier ministre frondeur Jean Pierre Raffarin. Lui, et quelques autres parlementaires de l’UMP, pensent que cette réforme des collectivités territoriales se réalise en dépit du bon sens. Et il n’est pas dans leurs intérêts, non plus, que le pouvoir sorte une réforme inadaptée et dangereuse…
Ils le disent. Ils usent de leur devoir d’alerte, de conseil. Quand le Maitre est en train de faire une connerie, le bon valet devrait lui souffler à l’oreille « attention monseigneur, vous allez vous prendre le mur là et ça risque de faire mal ». Le Maitre peut mal le prendre. Le conseil j’entends, parce que le mur…

Ce nouveau caprice présidentiel m’évoque deux réflexions.
D’abord, qui est ce qui joue vraiment « contre son camp » ? Est-ce Jean Pierre Raffarin, qui fait preuve d’un réel bon sens terrien en invitant le Président à la prudence et à une plus grande réfléxion, au moins sur les conséquences de son caprice ? Ou bien est-ce le Président, qui persiste dans ses dogmes et ses certitudes du moment ?
Je pose la question d’une manière partisane et subjective, c’est vrai. Mais en tant que personne se considérant de droite, libéral et républicain, j’ai l’impression que celui qui fait le plus de mal à mes idées, et à la famille censée les représenter, ce n’est pas l’ancien premier ministre poitevin

Ensuite, de quel camp parle-t-on ? J’aurais été Président, j’aurais été plus clair. « Jean-Pierre, tu joues contre ton camp moi ». Cela aurait été plus clair, et on aurait gagné du temps.
On en revient à la personnalisation monarchique du pouvoir. A cette politique que l’Express appelle « de courtisans ». La cour qui doit toujours rire aux blagues du monarque, s’émerveiller devant les progrès de la progéniture royale. Et ne pas dire au Roi qu’il a une chaussure qui pue quand il a marché dans du caca.

Ce matin, j’entendais des rumeurs. Raffarin qui démissionnerait de la vice présidence de l’UMP. Un sous groupe qui se créerait au Sénat. Et Rama Yadé. Et Alain Juppé et Dominique de Villepin juste avant. Et…

Et puis rien. Parce que la vie politique est faite de la manière où l’allégeance sera toujours faite à celui qui peut avoir le pouvoir de vous placer à un poste, de vous faire gagner une élection en accolant son nom au votre. C’était Sarkozy en 2007. Pour le PS, c’était Ségolène Royal. Celle là même dont il ne faut plus entendre parler aujourd’hui.
Et demain ? Si Sarkozy est impopulaire et qu’il est remplacé par un autre monarque, quelle différence au final ? La cour de Royal aurait elle été plus différente, moins allégeante et carpette-ienne que la cour de Bayrou, Chirac, Sarkozy ?

Tu joues contre ton camp quand tu laisses le monarque s’enfoncer dans ses bêtises, dans ses erreurs, dans son enfermement idéologique et partisan. Autour de moi, des personnes bien plus « à droite » que moi, me l’annoncent ouvertement. Ils ne voteront pas pour Sarkozy en 2012 si les choses continuent. Voter à gauche ? Ca ne sera pas pire, et comme ça on ne sera pas déçu du rien qu’on aura, me disent ils.
Et si ceux qui jouaient contre leur camp sont ceux qui ont trahis les espoirs que ce « camp » a placé en eux ?

Une dernière réflexion. Ca me dérange toujours d’entendre parler de camp. J’aurais préféré que plus important que son camp, ce qui importe au président de la République, c’est la France. Est-ce ce que Jean-Pierre Raffarin, de part ses interrogations et ses réflexions, joue contre son camp ? C’est possible, mais est ce important ?

Est-ce qu’il joue contre la France ? Je ne crois pas… Peut on dire de même en ce qui concerne le Président, et son « camp » … ?

8 commentaires:

  1. Ce billet ne concerne que les électeurs de Nicolas Sarkozy.

    (qui ont toute ma compassion)

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  2. Ouep... Sarko n'est pas président de région, il peut pas comprendre. Raffarin l'a été, il sait. Pour le reste, c'est des histoires de droite. Qu'est ce qu'ils peuvent être gauches, des fois !

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  3. Nicolas : il est même plus restrictif que ça. Il ne concerne que "son camp". Qui est beaucoup moins large que le vote de deuxième tour, tu le sais très bien.

    Homer : tu dis un peu ce que je pense quand je soupire "Neuilly n'est pas la France".

    J'aurais juste aimé que le Président fasse moins cas de son camp. Juste un peu plus de la France...
    Mais oui, un billet d'un mec de droite désabusé. C'est tout à fait ce que c'est, ce billet...

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  4. Tu surestimes grave Raffarin, Falcon !

    Raffarin n'a jamais digéré de se faire battre à la Présidence du Sénat et joue au rebelle pour se venger de Sarko qui ne l'a pas soutenu.

    Lorsqu'il s'est fait engueuler par Sarko, j'ai lu quelque part, ou entendu, qu'il s'était comporté comme un gamin pris la main dans le pot de confiture, c'est à dire qu'il a fermé sa gueule et baissé la tête parce qu'il sait qui l'a fait "duc". N'oublions pas qu'un type comme Raffarin que je ne respecte pas beaucoup n'est qu'un féodal dans l'âme, fils à papa toujours protégé, certainement pas une de ces personnalités capable d'élans héroïques.

    Tu verras, mon cher Falcon, il retournera dans le rang, là où le pouvoir merdoie dans la soie.

    Le Raffarin, c'est le nom qu'on devrait donner à un petit vent tournoyant du Poitou : c'est la seule postérité qu'il mérite.

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  5. Cuicui, je ne sais pas si je surestime ou non raffarin... Ce billet est plus une critique de ce mode de gestion présidentiel clanique, qu'un réel hommage à un homme que je ne déteste pas, mais pour qui je n'ai pas une admiration sans failles...

    Pour le fait qu'il rentre dans le rang, c'est que je pense aussi. Cf l'antépénultieme paragraphe...

    Bonne soirée copain

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  6. entièrement d'accord avec toi. Rffarin a eu le "courage" de dire ce qu'il pensait. c'est tout de même incroyable de voir que tous le monde a peur d'exprimer sa pensée. Le mélange des genres Etat et locataire provisoire de l'Elysée commence à peser..et d'abord sur nos finances.

    Voir Juppé parler puis s'aligner était déjà indigne, voir Raffarin camper sur ses positions me plait beaucoup. Alors on utilise des expressions digne de l'expérience de Millgram, alors qu'il ne fait qu'exprimer un avis.

    C'est dur de voir ça !

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  7. Ce qui m'embête un peu, c'est que là-dedans J.P. Rafarin exprime surtout la fronde de ses électeurs, les élus locaux, plus que l'inquiétude des Français. Mais ce qui me rassure, c'est que l'on se soucie en même temps de nos impôts locaux… Je crains que de toute façon, quelle que soit la formule retenue pour supprimer la taxe professionnelle, ce sont les citoyens-contribuables qui amortiront le choc.

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  8. Peuples : c'est vrai que ce mélange des genres devient difficilement supportable...

    Coucou : "J.P. Rafarin exprime surtout la fronde de ses électeurs, les élus locaux"
    Sur l'inquiétude de ses électeurs, je répondrais "enfin un qui s'en occupe"... Nicolas a raison, c'est un billet de droite que j'ia fait.

    Mais tu sais Coucou, quand Benoit Hamon ou Marie Georges Buffet parle "au peuple de gauche" et semble uniquement parler "au peuple de gauche", c'est pareil, c'est restrictif. J'en avais parlé pendant la campagne du discours de Buffet, que je trouvais excluant.

    Ensuite, oui Raffarin exprime l'avis des élus locaux. Mais de droite comme de gauche. Hamon, encore lui, a eu ce beau geste de dire "bravo et merci Raffarin" ce weekend.

    Enfin, oui. Ceux sont encore les ménages qui encaisseront le choc. Et ça ce n'est ni de droite ni de gauche de dire que c'est insupportable

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