Une petite reflexion à ce débat qui commence à bruiner sur la blogosphère, à propos de
l'intervention de Nicolas Sarkozy lundi soir sur TF1. On entend
beaucoup de
choses. Appel au boycott, exclamation devant un scandale républicain, attaques devant des médias aux ordres du pouvoir, etc, etc...
Je ne regarderai pas Nicolas Sarkozy lundi soir sur TF1. Parce que le soir, j'aspire à autre chose de d'écouter parler politique. Je n'ai pas plus regardé le show consacré au débat Besson - Le Pen sur la deux, parce que pas envie. Parce que je préfère regarder un DVD, je préfère lire un livre, je préfère passer un bon moment. Le moment de l'actualité, de l'information, il est pour moi, en ce moment, avant 20h30. Après, c'est soit dodo, soit préparation calme et reposante au dit dodo.
Donc je ne regarderai pas Sarkozy lundi soir sur TF1.
Mais
ce choix n'est pas dicté par un quelconque geste politique. Il est ce qu'il est. J
e ne parviens pas à être choqué que le chef de l'Etat soit interviewé, en grande pompe, un lundi soir à la télé. Je ne parviens à être choqué que ce dernier s'exprime devant les français. Même si c'est sur TF1.
De la même manière que je n'étais pas choqué par le "à vous de juger" consacré intégralement à Martine Aubry, avant les fêtes de fin d'année...
Je n'ai pas envie de le regarder, parce que je pense que je n'apprendrai rien de plus. Et que je pourrais quand même me faire une opinion, et commenter, en voyant les réactions diverses et variés, les commentaires et analyses qui seront faites de ce moment.
Pour autant, je trouve certaines réactions ici et là glaçantes, franchement glaçantes. Un peu de même niveau que ce
No Sarkozy Day, qui appelle ni plus ni moins à demander la démission du chef de l'Etat. Pas grave s'il faut utiliser la manière forte de l'intimidation, de montrer qu'un grand nombre ont des gros muscles et peuvent faire plier un pouvoir en place mis en place par les urnes, et quelque part par le Peuple Français...
A lire certains, les télévisions ne devraient pas faire parler Nicolas Sarkozy. Quand ce dernier est invité sur France Télévision, c'est France Télévision qui est aux ordres du pouvoir. Quand le Nouvel Obs ou RTL lui donne la parole, c'est que le Nouvel Obs et RTL sont à la botte du pouvoir. Etc, etc...
En gros, tout ce qui donne la parole au chef de l'Etat ou au gouvernement est, pour certains, à boycotter. Ces certains qui finalement ne voudraient entendre qu'un seul son de cloche : le leur. Présentant les idées et les personnes qu'eux mêmes acceptent d'entendre. Et qui sont en accord avec leurs idées. C'est leur conception de la démocratie...
J'en ai une autre. Nicolas Sarkozy est légitime, n'en déplaise à certains. Il a été élu. Georges Frêche aussi a été élu, et lui aussi est légitime. Je ne l'aime pas, je ne vais pas participer à un coup d'état régional pour autant...
Nicolas Sarkozy doit s'exprimer. Comment combattre quelqu'un qui n'exprime pas ses positions ? Et comment être crédible dans son opposition en refusant de l'écouter, sous prétexte que décidément on ne l'aime pas ? De même, l'opposition doit s'exprimer. Si
Vincent Peillon n'accepte que de parler avec ceux qui sont "aux bottes de l'opposition"
(par opposition à ceux qui sont aux bottes du pouvoir), c'est son problème. Je trouve ça idiot, mais c'est son problème... Si pour Vincent Peillon, les seuls canards "objectifs" sont l'Humanité et Libération, peut être là encore pouvons nous avoir une divergence sur ce qu'on appelle objectivité républicaine...
En résumé,
je ne regarderai pas Sarkozy demain. Parce que je n'en ai pas envie. Parce que je ne suis pas sur que cette émission apportera quelque chose de plus. Que cette émission fasse partie d'un "plan com' " ne m'émeut pas. Quand Peillon fait sa sortie médiatique, ça répond autant à un "plan com' " que toutes interventions de l'opposition. Tout n'est que plan com...
Non, je regarderai Sarkozy quand il sera interviewé d'une manière à être mis un peu en danger, pas dans une émission toute bien faite.
Mais pour autant, de là à appeler au boycott car la démocratie est en danger, ne plaisantons pas...
En tous cas,
plus ça va, plus je me demande où se trouve le réel danger pour la démocratie. Dans ce
pouvoir en place, que j'espère voir mis à mal en 2012. Ou dans une certaine opposition, que je pense
(et espère) largement minoritaire au sein de l'ensemble de ceux qui sont en désaccord avec la politique et méthode Sarkozy.
Je me le demande... Remplacer un sectarisme par un autre, ça ne me parait pas forcément la meilleure de choses...