Je pense que l’UMP dans son ensemble est en train de commettre une faute grossière et incroyable en hurlant au complot politique, dans sa contestation du dernier rapport de cour des comptes sur la sécurité. Je suis ébahi d’entendre, ci et là, les défenses de Claude Guéant, d’Eric Ciotti, et de l’ensemble d’une UMP, qui visiblement ne doit pas vivre sur la même planète que bien des français…
Le rapport de cour des comptes juge l’action sur la sécurité des gouvernements sur la période 2002 – 2010 « contrasté ». Contrasté… Le mot qui fait hurler le ministre de l’intérieur et des députés UMP, qui sont visiblement fier d’une action qui fait que notamment chez moi dans le Gard, les choses vont de plus en plus sur ce secteur un peu plus chaque jour…
Quel est l’argument massue lancée par ces députés UMP ? : C’est un rapport politicien ! ». La défense est affligeante, et profondément énervante.
Oui, Didier Migaud est issu du PS. Comme avant lui le regretté Philippe Seguin était issu du RPR. Maintenant, si certains veulent politiser la lutte contre l’insécurité, les faits sont là. Brice Hortefeux peut se réjouir du bilan de son mandat à l’intérieur, les gens ne sont pas satisfaits de la situation sur le terrain. Et les personnes, chez moi, qui se sont fait cambrioler ou qui ont connu un proche dans le même cas (elles sont nombreuses) s’en branlent de savoir si le rapport de la cour des comptes est, ou non, une manipulation politique. Elles voient le résultat : il n’est pas bon.
Alors tout ceci ne m’amuse pas. J’habite dans une zone qui est gangréné par une délinquance latente, qui se concrétise de diverses manières. Cambriolages et visites de maison, mais aussi ambiance malsaine dans les rues. Actes de vandalisme en tous genres, des gens qui visitent les commerces qui se font cracher au pied et insulter. Et, régulièrement, des retours sur des violences et actes de racket au niveau des collèges et lycées de mon secteur.
Le Gard est fortement touché par des hausses franches de délinquance. Il y a quelques villes autour (Bagnols, Avignon), où l’ambiance n’est pas merveilleuse. Il y a beaucoup de villages, où régulièrement depuis quelques années les fêtes votives estivales se terminent mal. Et il y a, de fait, des gens qui en ont marre. Et qui se foutent, une nouvelle fois, de savoir si oui ou non ce rapport est politisé ou pas : malgré tous les chiffres et sourires présentés par un Guéant ou un Hortefeux satisfait, ils votent Front National dès que l’occasion se présentent. Et en ont marre…
Je ne sais pas ce qui m'exaspère le plus. Si c’est le fait que depuis 2002, malgré les promesses d’une politique répressive et punitive que l’on n’a jamais eu, les résultats sont mauvais. Ou si pour se défendre, l’UMP officielle autour du ministre de l’intérieur lance cet argument de « manipulation politique » dont tout citoyen qui en a ras le bol de la délinquance latente se fout.
Après, si les policiers et gendarmes sont peu en nombres sur le terrain, le ministre de l’intérieur a raison : on les voit à pleins d’autres endroits. Février 2011 : un weekend qui a vu pas mal de cambriolage dans ma zone. Un déplacement Orange et Vienne sur une autoroute limitée à 110 au lieu de 130 km/h, pour cause de taux ozone excessifs. Peu de monde sur la route. Mais, sur les quelques 140 km, 6 contrôles radars mobiles (dans les deux sens : 6x2 = 12 !). Et pas pour « sauver des vies », ni même la planète, mais pour piéger…
Et donc, pendant ce temps chez moi, des maisons étaient visitées. Et aujourd’hui, on parle de manipulation politique sur des rapports qui mettent juste sur papier une réalité vécue par bien des gens…
Je ne politiserai ensuite pas plus le débat. Mon seul ras le bol est contre ces arguments politichiens de gens au pouvoir qui, pour des raisons politiciennes, refusent de voir que non, la situation n’est pas belle. J’entendais ce matin à la radio un Richard Maillé, un Eric Ciotti : mais où vivent-ils ?
Après, quand j’entends aussi une certaine opposition de gauche, je manque de faire une sortie de route. Réaction politicienne déconnectée là aussi « on critique une politique répressive qui ne marche pas ! » qu’ils lancent. Mais répressive où ça ? Quand le jeune trou du cul qui vandalise et emmerde son quartier n’est jamais sanctionné et regarde les policiers municipaux de haut, cela ne s’appelle pas de la répression.
Depuis 2002, nous avons malheureusement euh beaucoup de blabla. Mais sur le terrain, la répression n’était pas là. Aujourd’hui, la cour des comptes parle d’un bilan « contrasté ». Ils sont bien gentils finalement, à la cour des comptes : nous aurions pu être plus sévères…