dimanche 15 juin 2008

Référendum irlandais : tristes conséquences et tristes gouvernants

Les irlandais ont, démocratiquement, voté non à la ratification du traité de Lisbonne. Ont ils eu tort ou raison ? Sont ils les portes paroles de l'ensemble des peuples européens privés de paroles, ou des ingrats pitoyables et égoïstes ? Là n'est pas la question, me semble t'il...

Une question intéressante serait de savoir "on fait quoi maintenant ?". J'aurais espéré, après les référendums français et hollandais de Mai 2005, et suite à ce nouveau rejet populaire, qu'il y ait le commencement d'une réelle réflexion. L'Europe est impopulaire, que faire pour la rendre populaire et légitime. Cela me semble être quelque chose d'important...
Pourtant, non. La conséquence principale est double : comment s'assoir sur le vote des Irlandais, et comment les faire revoter, puisqu'il ne semble ne pas "y avoir d'autres solutions"... ?

Lu sur le très bon blog de Bénédicte, un billet sur les conséquences du non irlandais. Et une série d'articles, dont un que je trouve hallucinant : des députés européens votant contre une délibération qui tendrait à respecter le choix des irlandais.
En gros cela signifie quoi ? Que des "démocrates" s'engagent, par un vote solennel, à aller contre la volonté des urnes, d'un peuple. A s'assoir finalement sur ce qui fait l'essence de la démocratie. L'expression du vote.
Cela me semble extraordinaire grave.

J'entends ici et là les arguments de personnes profondément européennes, et honnêtes dans leurs démarches. Reprenant Badinter contre le peuple français, reprenant le fait "qu'il faut le faire", quoi qu'on en dise...

Mais dans ce cas, ce qui serait bon sur l'Europe, pourquoi ne pas l'appliquer ailleurs dans la société. Dans ce cas, sans s'amuser avec les syndicats, supprimons les 35 heures ! Libéralisons l'ensemble de la société française, en supprimant les services publics, en privatisant EDF et SNCF. Supprimons la sécurité sociale aussi tant qu'on y est. Et instaurons l'expulsion systématique de tous sans papiers, ou de tous ceux qui seraient contre la politique actuelle, ça serait plus simple. Et tant qu'on y est, parce que "ça serait bon", supprimons les aides sociales. Toutes.
Ou alors faisons une politique différente. Nationalisons à outrance. Les plus riches ? Taxons les jusqu'à faire rendre gorge. Que le dirigeants d'entreprise ne soit plus dirigeant, mais un administrateur désigné par l'Etat tout puissant. Et donnons tous les pouvoirs au président, qu'il n'ait plus à rendre compte au peuple. A quoi il sert, ce peuple qui dit n'importe quoi ?
Bordel dans les banlieues chaudes ? Instaurons la loi martiale. Que l'armée aille faille régner l'ordre. Grèves interdites. Riches interdits. Merveilleux monde dans lequel les conseils municipaux n'existeront plus, et dans lequel nos dimanches seraient libres : à quoi bon faire voter ces crétins de peuples... ?

C'est idiot ? Oui, je sais... Mais ne sommes nous pas en train de créer, en Europe, le début d'un totalitarisme "pour notre bien" ? Puisqu'on est pas capable de se faire du bien, d'autres en feront à notre place... La suppression du droit de vote des européens, pour le prétexte assez estomaquant "qu'ils votent mal", c'est quand même quelque chose de terrifiants...
J'avoue qu'une Europe comme ça, qui se prépare sans les peuples, et pire en s'assoyant sur leurs craintes, leurs aspirations, leurs désirs, cela ne me plait pas du tout...Une "Union Soviétique d'Europe", avec un Kremlin à Bruxelles ou ailleurs, ça me fait quelque peu frissoner...

Finissons sur une note optimiste. Excellent billet chez le Toréador, qui propose des pistes pour faire une Europe populaire et efficace. Proposer plutôt qu'imposer, convaincre plutôt que contraindre, toujours...
Et dans ce flot de propositions constructives, deux qui me plaisent particulièrement :
* Supprimer la commission. Ce "gouvernement qui a tous les défauts sans avoir de pouvoir" dixit le Toréador. J'ajoute que cette instance est, en plus, totalement illégitime. Donc soit, coupons la tête de cet ensemble bloquant.
* "Le nouveau traité serait adopté par un référendum européen, tous les peuples votant le même jour, avec une double majorité : majorité d’Etats et majorité démographique."

J'aime cette dernière proposition, qui tendrait à faire réellement une Europe de peuples. Donner la parole aux européens, à tous les européens.
J'ai l'impression que c'est peut être là, la voie qui permettra à l'Europe de sortir par le haut de cette crise populaire, cette crise de légitimité. Mais c'est dangereux, de confier le pouvoir à ce peuple qui ne comprends rien...

Dangereux, mais si on tentait le coup ?

7 commentaires:

  1. ça le referendum européen c'est tellement évident démocratiquement que cela ne viendra jamais à l'idée de nos "décideurs" et même si on le leur beugle ils seront brusquement sourds (ça leur arrive souvent non ? normal : ils lisent les journaux)
    pour les conseils de spectacles : pas très facile, même quand je sais à peuprès à quoi m'attendre - la famille aurait tendance à prétendre qu'il faut fuir les spectacles que j'aime sous peine de baillements ou migraines

    RépondreSupprimer
  2. Le référendum européen est une idée, de longue date, des verts (http://lesverts.fr/article.php3?id_article=3628) et d'une partie des fédéralistes (dont moi), parce que pour que l'Europe soit une construction politique, il faut que celle-ci devienne la propriété des citoyens européens. François Bayrou a d'ailleurs dénoncé, fort à propos, cette rupture entre les citoyens et les institutions européennes.

    Le blocage viendrait de la constitution allemande, qui interdit le recours au référendum.

    Pour la commission, je ne suis pas du tout favorable à sa suppression. Tout simplement parce que s'il n'existe pas d'organe exécutif, rien ne peut fonctionner. Mais, par contre, il faut revoir sérieusement le mode de fonctionnement de celle-ci, et garantir une vraie séparation des pouvoirs. Bref.

    A lire ce petit entretien avec Laurent Fabius : http://www.laurent-fabius.net/article1092.html

    RépondreSupprimer
  3. Le référendum européen tel que je le prône n'est pas tout à fait celui des fédéralistes, mais prévoit une double majorité (Etats et peuples)

    RépondreSupprimer
  4. C'est la proposition de Toréador que je retiens aussi. Car pour moi les peuples sont indissociables des nations. Et cette idée de double majorité, que je ne connaissais pas, me séduit drolement

    Toréador président de l'Europe : youpi :)))

    Bonne semaine à tous

    RépondreSupprimer
  5. Ne pas tenir compte du vote populaire pour en refaire faire un plus "conforme" à ce qu'on voudrait fait peur, car c'est un énorme retour en arrière. Ne pas tenir compte de l'expression démocratique est un sacré recul.

    Parce que l'Europe ce n'est pas uniquement des institutions, ce sont aussi des peuples à qui on a donné le droit de s'exprimer. Et si on n'en tient pas compte sous prétexte qu'ils n'ont pas voté comme on aurait voulu, c'est nier carrément le principe de base du droit de vote et de la démocratie européenne.

    Enfin voilà, ça me fait un peu flipper tout ça moi, à suivre...

    RépondreSupprimer
  6. Voilà pourquoi je ne crois pas aux partisans du NON
    chacun à SON Europe...
    Les partisans du OUI dont je suis envers et contre tout ne cherche pas à faire prévaloir SON Europe mais l'Europe, avec ses limites et ses imperfections.
    Pour avoir habité près de la Suisse, je suis contre les referendum
    très réaliste la constitution allemande.

    RépondreSupprimer
  7. Si l'Europe telle qu'elle est proposée n'a pas une majorité d'adepte, peut être que cette dernière n'est pas meilleure que celle des différents "partisan du non".

    Je trouve d'ailleurs ces vocables, "partisan du oui" et "partisan du non", assez réducteurs. Voire méprisant. Car il ne s'agit pas dire oui ou non, mais de dire si on est en phase avec un texte proposé, une vision proposé.

    Je suis au contraire très favorable au référendum. Parce que même si c'est chiant, c'est pas l'adhésion de tout un chacun qu'on avance, par contre les gens.
    C'est pareil dans une entreprise, dans une famille. Si une seule personne choisit pour tout le monde, la vie serait pénible, non ?

    Toujours mon crédo : préférer convaincre que contraindre... C'est con, c'est long. Mais au final, le résultat est meilleurs qu'une URSS bis...
    Me semble t'il modestement...

    RépondreSupprimer

Bienvenue dans ma maison.

Ici, Le respect qui accompagne la critique et le débat est le bienvenu. Insulte ou attaque personnelle (sur moi ou autres) non. Et il est interdit de venir casser les couilles du taulier que je suis (et des autres commentateurs).

Anonymes, passe ton chemin.
Tu peux t'inscrire avec un compte Blogger ou en t'inscrivant à plein d'endroit... C'est bien de savoir avec qui on discute...