On reparle d’Europe…La dernière fois que j’en avais parlé ici, c’était y a longtemps. Après une belle campagne référendaire, belle dans le sens où l’Europe était le centre du débat, et où les électeurs se sont montrés intéressés par la question européenne. Après, plus rien…
A l’époque, nous discutions beaucoup, sur le net et ailleurs. D’une manière générale, mon avis n’était pas aussi tranché que certains. J’ai exprimé les craintes qui m’ont fait ne pas valider ce traité (je n’accepte pas l’indépendance de la BCE, de la cour de justice européenne, et de la commission, sans légitimité populaire). Et mon énervement devant l’arrogance de certains défenseurs du « oui », et devant le ras de marée médiatique. Cela m’avait fait sourire d’entendre des « médias sont sarkozystes ! » en 2007, avec le souvenir de l’uniformité médiatique durant le référendum.
Je ne veux pas parler du fond du Traité de Lisbonne. Mais sur cette question d’une ratification par un parlement, qui aurait voté « oui » à 85 % en 2005, contredisant de manière caricaturale la voix du peuple. Nicolas Sarkozy avait affirmé qu’un nouveau traité ne serait pas soumis à référendum. A défaut de tenir ses engagements pour le pouvoir d’achat, la promesse sur le non référendum est tenue…
Evidemment, beaucoup de personnalité défendant le non de 2005 se répandent dans la presse et les médias. Enfin, « répandent »… Il faut quand même chercher car le Figaro ou le Monde ne se presse pas pour les mettre à la une.
Mais plus intéressante me semble être la position de l’européen convaincu qu’est François Bayrou. Je ne partage pas sa sensibilité très (trop ?) européenne, mais c’est le seul qui me semble avoir une vraie vision de l’Europe (que l’on peut partager ou pas), mais surtout un réel amour de l’Europe. Et cet amour l’ammène à penser que court-circuiter le peuple pour ratifier le traité ravinera davantage le fossé entre l’Europe et les Peuples. Comment ne pas voir en effet dans la stratégie élyséenne une volonté de désintéressé le peuple de la question européenne ? Allez jouer sur le prix de l’essence petit peuple, nous les « grands » intelligents qu’avons fait des études réfléchirons pour vous…
Français Bayrou, dans une envolée gaullienne, eut clamé que « seul le peuple peut refaire ce qu’il a défait ». C’est beau, c’est juste.
Ce n’est pas la faute des peuples français et néerlandais que l’Europe est en panne. C’est la faute des « défenseurs du oui » qui n’ont su être pertinent, et qui n’ont su faire adhérer les électeurs à leur position. Je trouve choquant et scandaleux ces « le peuple est con ! », sans prendre le temps de l’analyse critique de ses propres erreurs. Si les Chirac, les Hollande, les Sarkozy, les Giscard, les éditorialistes, et tous ces autres donneurs de leçons, avaient été convaincants, avaient fait leur travail de politique sans faire celui du juge suprême inquisiteur à la pensée supérieurement omnisciente, peut être le oui l’aurait emporté. C’est évident que ne pas passer devant les peuples évite de faire ce travail pour faire aimer l’Europe et pour faire adhérer le plus grand nombre au projet.
J’ajouterai qu’il est quand même fort de café de clamer « la France bloque l’Europe, alors que les autres peuples ont voté oui ». Combien de peuples ont réellement été consultés par référendum ? Et en Espagne, le vote oui a tout de même eu moins de suffrage que le vote « je m’en fous » des abstentionnistes ou blancs…
Le peuple peut avoir tort. Mais je préfère un peuple souverain qui a tort à quelques pseudos intelligents pensant avoir raison…
Je termine par la perle de mon amie Elizabeth Guigou que j’adore. Comme indiqué dans un commentaire chez Zgur, et sur le site de l’Humanité (merci de louer mon ouverture, soupir...), Guigou « a qualifié hier « d’erreur » la demande d’un référendum en rappelant que la ratification parlementaire figurait parmi les promesses du candidat Sarkozy ».
Mme Guigou, dont j’aime la moralité politique qui consiste à se faire battre à Avignon pour finalement quitter ses amis militants vauclusiens et rebondir en circonscription « facile » à Bondy, théorise sur le rôle de l’opposition. Qui doit donc « fermer sa gueule », ne rien faire, ne rien dire. Faire de l’opposition « serait une erreur », car on s’opposerait à un gouvernement élu démocratiquement, qui a fait ses promesses. Donc on se tait. Donc on ne dit rien. La ligne du PS actuel donc : on ne dit rien, puisque Sarkozy applique son programme. Bon… Donc l’opposition n’a pas lieu d’être : merci Mme Guigou. On vous rappellera…
Mais même si j’ai voté Sarkozy au deuxième tour, je me permets d’exprimer mon désaccord avec cette manière de faire de la politique. Peut être est ce dérisoire, mais je signe les pétitions pour demander un référendum. Une d’un collectif de gauche, l’autre de mon cher Nicolas Dupont-Aignan. Ca fera ce que ça fera…
Et je termine par ce lien : un billet pertinent sur Agoravox intitulé « démocratie de l’inconséquence ». Parce que je suis convaincu que ce genre de politique qui consiste à ne pas respecter le vote d’un peuple, à l’injurier en le méprisant de la sorte et en jouant de cette arrogance dont on fait preuve certains tenant du « oui » (pas tous, voyez encore Bayrou (ou même la Royal de campagne, pas celle d'aprés...) dont je loue l’amour de l’Europe et le respect du peuple sur ce coup), c’est de l’inconscience. Le 21 Avril 2002 a vraiment été oublié, c’est évident.
Il ne faudra pas pleurer si les fascisants d’extrême gauche ou d’extrême droite reprennent du poil de la bête avec les invitations à pédaler pour contrer la hausse de l’essence, les augmentations présidentielles ou les non-référendum sur l’avenir de la nation. Il ne faudra pas s’étonner.
En conclusion, je rappelle simplement que j’aime la France profondément. Et c’est aussi pour ça que j’aime l’Europe, car je pense que la France ne pourra survivre longtemps sans s’inscrire dans une Europe forte et démocratique. Mais je veux une Europe des peuples. Je veux une Europe qui respecte son histoire, l’histoire de chacune de ses composantes et de ses peuples, et une Europe qui soit aimée et appréciée de ses peuples.
L’Europe est une idée trop importante et trop belle pour la laisser aux simples politiques. Choquant donc que ces derniers se croient trop intelligents pour la rendre aux peuples…
PS : Photos prises sur le site Hebus.com. La commission européenne, Luxembourg; Bruxelles. Et puis Paris, ça c'est moi y a deux ans. Noir et blanc ? Oui, je jouais au photographe talentueux... Soupir PS bis : j'avais dit que je parlerai franchise médicale, ben plus tard... Mal au coeur encore, pas bien parler santé quand on est malade.