Je n’ai pas regardé Sarkozy hier soir. J’avais
soirée crèpes, et c’était très bien. Mais quand même, avant de me coucher hier soir, difficile de ne pas vite voir sur le net les points principaux de la conférence de presse…
C’est un commentaire un peu à chaud, sur quelque chose que je n’ai pas vu. Avec deux points principaux qui m’ont sauté aux yeux ce matin. Et qui, d’après lectures ci et là, n’ont pas manqué de faire réactions…
Suppression de la Taxe Professionnelle (volet fiscal)Je suis un citoyen français, victime comme tous le monde de la crise. Toute solution qui peut permettre de garder de l’activité dans notre pays est, en première approche, une bonne solution. Mais pas forcément à n’importe quel prix. La
suppression de la taxe professionnelle en 2010 n'en reste peut être pas moins une fausse bonne idée…
Je suis aussi le vice président d’une communauté de communes. Et cette dernière, les projets d’investissement ainsi que le fonctionnement
(en vrac la petite enfance, les déchetteries et ramassage d’ordures ménagères, l’urbanisme & droit du sol, les bois et forets…) sont financés en immenses partie par la taxe professionnelle. Et par deux zones d’activités que l’on essaie de valoriser, de développer, de promouvoir.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy parle de 8 milliards d’euros qu’il faudra compenser. Bataille d’expert, certains
(Martine Aubry) parlent plus de 20 milliard d’euros. Enfin, moi, sur mon budget ridicule de 4,5 M€
(dont 3 en investissement, investissons chers amis…), la TP représente environ 1,5 M€. Pour l’instant, le développement de nos deux zones d’activités nous amène à voir la vie en rose… Enfin, nous amenaient, puisque hier Nicolas Sarkozy nous a remercie d’avoir développé le territoire, mais les recettes, ça ne sera pas pour nous…
Travailler pour la patrie c’est fabuleux, mais tant pis pour nos villages.
J’ai le souvenir du
débat de 2002 sur la décentralisation. Raffarin avait promis que tous les transferts de compétence étaient financés. La gauche a massivement gagné les régionale de 2004 : les hausses d’impôts locaux ont été pharamineux. Non, visiblement, soit les compétences supplémentaires n’ont pas été financées par Paris, soit les élus locaux de gauche en ont politiquement profité pour gonfler la note. Quoiqu’il en soit, un des deux ment. Est-ce l’UMP à Paris ou le PS-PC-Verts en région ? Selon sa sensibilité politique, la réponse peut être différente.
Mais ce qui reste identique, c’est
la feuille d’impôts du particulier languedocien ou bourguignon qui l’aura senti passer, la décentralisation...
Aura-t-on le même phénomène ? Il y a 20 milliards
(ou 8) à trouver qu’on ne prendra plus chez les entreprises ? Va-t-on les prendre dans les foyers de ceux qui travaillent, en augmentant les impôts locaux ? Où vais-je prendre les 1,4 M€ qu’il me manque, chez les quelques 10000 habitants de ma modeste communauté de communes rurale ?
Ajoutons le dangereux de substituer la Taxe Professionnelle par une
Taxe Carbone. Soyons abrutis jusqu'au bout
(mais c'est pas nous qu'avons commencé).
Les collectivités devront elles privilégier les entreprises et industries polluantes pour se financer ? Fausse bonne idée, vraiment...
Et question subsidiaire : plutôt que suppression radicale, ne peut on pas envisager une réforme plus juste, pour l’ensemble des acteurs ? Est-ce la TP qui fait que l’Allemagne est dotée de plus de « manufactures » que la France ?
Je reste sur le volet fiscal par le
projet de suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu. Par un simple constat. Aider les plus modestes, c’est bien, c’est noble, c’est généreux. En début de mandat, la loi TEPA a aidé les plus fortunés. J’aurais pu être aussi bénéficiaire, mais la direction des impôts m’a rappelé que comme j’ai contracté mon prêt immobilier un mois et demi avant l’élection du divin président, c’est mort pour moi le crédit d’impôt…
Donc on résume : on va aider les plus modestes. Après avoir aidé les plus fortunés. Et au milieu, demeure les éternels cocus, dindons de la farce, la « classe moyenne », qui devient de moins en moins moyenne. Qui bosse, qui paye, qui se prend la crise en pleine gueule… Et qui va finir par vite en avoir plein le coquelicot…
L’humilité du chef d’Etat : « de Gaulle et Mitterrand l’ont fait, donc… »Copain des vaches l’avait aussi espéré. Un peu d’humilité. Visiblement, ben non, la prochaine fois peut être… «
Vous croyez vraiment que De Gaulle ne décidait pas ? ». Ca coupe court à toutes discussions, surtout quand ensuite il cite pêle-mêle Pompidou et Chaban, le duo Pipo et Bibo Giscard – Chirac, Mitterrand devant Fabius et Rocard, etc…
La question n’était pas tant l’omniprésidence, mais le fait
de décider tout, tout seul, sans écouter, même pas des gens qui ne lui veulent pas forcément du mal… Au risque de faire de grosses conneries. En vrac Kadhafi, la suppression de la pub du France Télévision qui aura crée une année 2008 fabuleuse sur le sujet, et aujourd’hui encore la suppression de la TP qui fait grincer les dents d’élus locaux à qui on a déjà imposé un inapplicable service minimum dans les écoles.
Décider tout, tout seul, en haut. Et rester enferré dans ses erreurs.
Je ne sais pas ce qu’attendent les gens. Peut être un chef « à la de Gaulle », qui montre la voie. De Gaulle écoutait quand même, et surtout de Gaulle doutait. Beaucoup, souvent. Sarkozy non, il ne doute pas. Aubry, cruelle, avait lancé un «
il ne suffit pas d’évoquer de Gaulle pour être de Gaulle », une évidence, et une belle phrase. Je citerai souvent Martine Aubry.
Est-ce que les gens attendent aujourd’hui une caricature de de Gaulle ? Ou, pour aller dans le sens d’une critique de Sarkozy en ce moment, un « Poutino – Bonaparte » ?
J’ai toujours tendance à penser que, des fois, l’humilité pouvait déplacer des montagnes et fédérer des énergies. L’humilité, mais surtout l’écoute. Pas le mépris. Pas la suffisance. Etre un « petit chef », c’est tout sauf être méprisant et suffisant. Malheureusement, sur beaucoup de points, Nicolas Sarkozy se comporte en public comme « un petit chef ». Celui qui limoge les préfets de la Manche ou de la Corse, parce que son image ou son copain ont été touchés. Celui qui marche seul sans écouter même ses plus proches amis.
Et les retours que j’ai eu ou lu de cette interview, ou show présidentiel, ne semblent pas amorcer une amélioration sur ce point là. Je trouve cela inquiétant.
Je reste une minute sur le «
écouter ses amis ». J’ai entendu beaucoup de députés de la majorité se ranger et reprendre à leurs comptes des propositions socialistes. Quand ces dernières sont marquées du sceau du bon sens, laissons la politicaillerie de coté : nous sommes en crise (merde).
Suspendre le bouclier fiscal pendant deux ans et remettre dans la consommation les recettes qui en découleront.
Pourquoi pas par une baisse de la TVA ? Certains, à l’UMP, l’ont appelé de leurs vœux. Et pas que des affreux gauchistes.
Réponse de Sarkozy «
il faut l’accord des européens pour la baisse de la TVA, donc non ! ». Euh, Allemagne et Angleterre le font. Et lorsqu’il s’agit de passer en force sans demander l’avis d’autres, le président Sarkozy ne se gène pas…
Donc ce problème du « je rends des comptes donc je décide seul » reste identique. Si ça marche au final cette méthode, j’en serai ravi. Je sais très bien que certains anti Sarkozy pavlovien (copyright Valls) n’attendent que le plantage de ce dernier. Fusse t’il amener avec lui dans chute des millions de familles françaises… Je sais très bien aussi que certains, parce que Sarkozy est de droite (ou pas de gauche), continueront à ne lui vouer que haine ou je ne sais quoi qui rendront invalides toutes les propositions qu’il pourra faire.
Pourtant, j’espère qu’on se sortira, par le haut, de ces écueils, de cette crise. Et si c’est Sarkozy qui doit en tirer les fruits, qu’importe… Enfin, moi, je m’en fous, je veux juste que demain soit plus brillant qu’aujourd’hui. Que ça soit avec Sarkozy, avec Aubry, avec Douste Blazy, avec n’importe qui…
Après, sourions ou soupirons devant
la valse des réactions. Un exemple de caricature et, je trouve, de bêtise, à chaque fois renouvelée…
Plus factuel le billet de 20 Minutes «
Nicolas Sarkozy n’a ni convaincu, ni rassuré ». Je reste sur cette dernière image. Moins caricaturale.
Et une inquiétude face à la crise, et à des demains moins mignons qu’aujourd’hui, qui personnellement demeure…
PS : un résumé efficace de la prestation de Sarkozy chez Philippe Sage... Tristement juste...