samedi 30 décembre 2006

A propos de la peine de mort

Mon amie, écoutant la radio dans la salle de bain, vient de m'apprendre la mort du dictateur sanguinaire Saddam Hussein.

Ma position sur la peine de mort a drolement évolué dans mon temps, assez court. J'ai 29 ans. Aujourd'hui, je suis horrifié de voir que des hommes et un grand pays "éclairé" (les USA) ont pu se livrer à cette barbarie de pendre un autre homme. Saddam Hussein était une pourriture, une plaie pour l'humanité. Mais le pendre comme on pend des bestiaux, comme on faisait au moyen age, c'est... C'est attroce, inimaginable, et pourtant ça s'est passé cette nuit.

Politiquement, il n'y a pas si longtemps, lorsque Le Pen proposait le retour par référendum de la peine de mort en France, je n'étais pas opposé. J'avais été élevé, il est vrai, par des parents qui n'aimaient pas Badinter. La chanson "je suis pour" de Michel Sardou était une de mes préférés. Je me posais la question : que ferais si un de mes parents, un de mes proches, celle que j'aime, plus tard mes enfants, venait à être assassiné par un connard ? Je voudrais sa peau, c'était évident. Et il me parraissait inimaginable qu'un tueur d'enfant type Dutroux puisse profiter de Canal Satellite dans sa cellule chauffée et de cours en vue d'une réhabilitation pendant que des cadavres d'enfants pourrissaient dans un puit où il n'avait toujours pas été retrouvé. Charles Pasqua avait un jour dit en ma présence qu'il n'était pas choqué à une retour de la peine capitale pour des meurtres d'enfants ou des meurtres de policiers ou de pompiers. Et à l'époque, je n'y étais pas opposé.

Et puis je ne sais pas... Combien de temps ? 5, 6 ? Plus même... Mais cette idée d'hommes, faillibles par nature, qui peuvent prendre la responsabilité d'enlever la vie à d'autres, me fait frémir. J'ai vu "Lord of War" y a deux jours, avec ses hommes qui n'en sont pas, des hommes préhistoriques qui tuent sans problemes. Nous sommes civilisés parait il, nous ne sommes pas des betes... Tuer, ça me semble inconcevable. Inconcevable. Pouvons nous nous voir dans une glace aprés ? Et si je voulais aller encore plus loin (attention les yeux), que dire devant Dieu quand ce dernier nous dira : "tiens, ça t'a pas emmerdé de prendre mon role et d'enlever la vie comme ça, parce que TU le jugeais bon... ?".

Ce qui sépare l'homme éclairé du barbare, c'est entre autre, me semble t'il, le respect de la vie. Dans Lord Of Wars, le fils du "président Libérien" du film tuait sans probleme. le président tirait dans la tête sur un sujet indisciplinait en se targuant d'un "ça lui apprendra"... Ben merde alors... Où sommes nous et qui sommes nous ? Des bêtes ?

Je ne sais pas... Saddam Hussein était une plaie pour l'humanité. Lui, Milosevic, Ben Laden, tous ces gens là, ça ne vaut rien. Des hommes préhistoriques, des barbares. Des riens. Pour autant, pouvons nous nous comporter comme nos ennemies ? Intolérant avec l'intolérance ? Mon amie Céleste avait cité une phrase de Gandhi : "oeil pour oeil, et le monde deviendra aveugle"... Jusqu'où va la montée dans la violence, dans la barbarie, car c'est de barbarie qu'il s'agit. Saddam Hussein pendu... Pendu. Comme dans les westerns, comme dans les Rois Maudits. C'est une idée ça, pourquoi pas le bucher ?

Pour finir, je dirais que je me souviens de l'image, à la une du 13 heures de TF1 aprés le générique, du cadavre, yeux ouverts, de Caeucescu. Des mois de cauchemars. Pourquoi tout cela ? La mort d'un homme efface t'elle les morts précédentes ? non, c'est juste une croix (pour chrétien) de plus dans un cimetière. Bien que la notion de "pardon" est quelque chose d'ancrée en moi (même si certain(e)s me le refusent, ce pardon), je ne pardonne pas à Saddam Hussein. Pour autant, non, la mort ne me convient pas.

Maintenant, les USAs ont encore plus de sangs sur les mains. Pour autant, les morts sur World Trade Center ne reviendront pas. Demain, quand 2007 se réveillera, le monde sera encore moins sur qu'en 2006. Pourtant, y aura eu des cadavres de plus. Mais voilà, la vraie vie n'est pas un film. Les guillotines et les pendaisons, c'était le moyen age. Combattre les barbares sous civilisés par la barbarie, je ne sais pas si c'est la bonne solution.

Mais comme perso, je n'en ai pas d'autres, je resterais juste avec mon amertume. J'aime pas ça. C'est tout... Si référendum sur la peine de mort il devait y avoir, je voterai contre. Je suis opposé à la peine de mort. Et pour revenir plus haut, j'ai du respect pour le courage de M. Badinter. Il a fallu du temps... On évolue tous. Sauf les têtes coupées ou pendues : elles n'évolueront plus celle là.

5 commentaires:

  1. Belle réflexion Fabien, savoir reconnaître les erreurs de ses jugements passés est signe de sensibilité et intelligence, bravo!

    et merci

    baci

    passe un super réveillon avec tes amis

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  2. La peine de mort est, dans son principe et son application, un acte de barbarie indigne de toute société civilisée. Elle viole le plus élémentaire de tous les droits de l’homme, le droit à la vie. La dignité de chaque personne est en cause, dans son individualité, dans sa faculté de conscience, et quelles que soient l‘origine, la position sociale ou le comportement de chacun. Un Etat civilisé doit s’interdire de porter atteinte, en exécutant des êtres humains, à cette dignité, à cette intégrité corporelle fondamentales de toute personne. La peine de mort est ainsi contraire aux valeurs universelles codifiées par la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, qu’a reprises en dernier lieu la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

    Aucun argument juridique ni politique ne permet de justifier la peine capitale. Le devoir de punir qui incombe à tout Etat ne saurait être rempli en faisant de cet Etat un criminel. L’exécution de la peine de mort est aussi irréversible et répréhensible que l’acte qu’elle prétend punir. La répression doit cependant aussi servir au rétablissement de la règle morale qui fonde le droit et la validité de la norme. Un Etat qui met en œuvre la peine de mort, ne restaure pas l’autorité de la loi, bien au contraire : il la dévalue. La peine capitale n’est pas plus dissuasive que d‘autres peines. Dans les pays où elle est mise en œuvre, on ne relève aucune influence positive sur la criminalité. Elle contribue au contraire à prolonger la spirale de la violence.

    Les Nations Unies, le Conseil de l’Europe et l’Union européenne se sont prononcés en de nombreuses occasions contre la peine de mort. Nous ne pouvons pas nous contenter de ces prises de position. Ces décisions doivent être universellement mises en œuvre.


    Wolfgang Thierse
    Vice-Président du Bundestag



    Tu vois, meme les grands de ce monde sont d'accord avec toi...

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  3. Mon premier film était si mauvais qu'aux Etats-Unis, dans sept Etats, on l'utilise pour remplacer la peine de mort. (Woody Allen)

    Maintenant, je vais te livrer le fond de ma pensée : un Haut-Médoc ou un Pomerol, ou un Saint-Emilion, avec ou sans majuscules, c'est quand meme vachament bon...

    Et j'adore ton texte, ta fluidité d'écriture, etc. etc.

    Ne change rien. Bon réveillon, et bonne année avec un peu d'avance.

    Amitiés.

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  4. J'avoue préféré les Côtes du Rhone, mais un Bordeau (avec majuscule) pour aller avec le chapon, c'est bon.

    Ton mot me touche beaucoup. Je te l'ai dit chez Guy, je le redis chez moi. Merci de ta visite. Merci.

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  5. Tiens, là dessus je suis pleinement d'accord avec toi. Mais la peine de mort, même réactualisée par l'exécution de Saddam, n'est plus vraiment le sujet (heureusement) du moins me semble t'il. Que fait on pour les prisonniers qui en plus de payer (et c'est normal) leur dette à la société par l'emfermement voient cette peine doublée par les conditions inhumaines de détention (à 3 ou 4 dans des cellules prévues pour 2, obligés d'acheter tout ce qui n'est pas considéré comme strictement vital, gavés d'antidépresseurs, 40 mn de "promenade" par jour, 3 douches par semaine; ...). Comment croit on pouvoir en "refaire des hommes droits" si on les déshumanise à ce point?

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