lundi 14 mars 2005

Retour sur les manifs lycéennes...

Je crois que c'était au début du mois de Décembre, à l'issue d'un "100 minutes pour convaincre", que François Fillon avait présenté les grandes lignes de sa "grande réforme pour l'école". J'étais, à l'époque, en Lorraine, pour le travail. Je n'avais pas regardé cette émission, j'étais en effet chez une amie que j'aime beaucoup. Mais le matin, j'ai écouté l'intervention du Ministre. Et avant les premières interventions politiques et syndicales, je me souviens de l'impression et de l'émotion qui survenaient en moi. L'abattement, le dépit... Comment un grand débat national sur l'école avait il pu déboucher sur autant de vide ? Il faut savoir lire, écrire, compter... ben merde, ça méritait véritablement tant de tremblemets ! J'ai peut être compris un peu ce que signifiait l'expression gouvernementale "il faut à présent des politiques !". Luc Ferry était débarqué, on avait François Fillon, pour lequel j'ai en plus plutot de la sympathie. Mais comme on avait remplacé Allegre par Lang, je voyais les mêmes effets : on ne fait plus rien que de la molesse. Surtout ne rien brusquer, surtout ne pas bouger... Surtout pas.

C'est pourquoi dire que je stupéfait par ces manifestations lycéennes, ce n'est rien par rapport à ce que je ressens. Et je suis doublement indigné, ou interloqué plutot. Ou plutot interloqué ET indigné :* "Interlocation" : Comment autant de vide peut il provoquer autant de remous ? (le pseudo physicien que je suis s'interroge un peu... remarquez, avant la matière, qu'y avait il ? peut être du vide...) ;* Indignation : comment peut on parvenir à "manipuler" (le verbe est lancé) autant de jeunes gens avec autant de vide, avec rien...


Est ce que les manipulateurs d'opinion, ceux qui dirigent la foule, sont vraiment brillants et charismatiques ? Auquel cas, bravo... Mais dire que François Hollande, Jean-Marc Ayraud, Bernard Thibault ou Gerard Aschieri sont "charismatiques" et/ou "brillants", ca me fait vraiment mal... Est ce que alors les lycéens sont des idiots ? Posons nous franchement la question...


Je ne pense pas. Mais lorsqu'on est lycéen, on a des idées assez tranchées, arretées, pour ne pas dire extrémistes et franchement idiotes parfois. Je le sais, j'ai été "jeune" aussi. Et je suis tout aussi conscient que parfois mes idées sont un peu naives ou idiotes. Mais j'ai cette conscience... Je me souviens que lycéens, je ne jurais que par le libéralisme et la capitalisme. "Libéral" était pour moi un compliment. Et j'avais des modèles absolus que j'étais pret à défendre contre tout. Les choses ont bien changé...

Qu'entend t'on dans les corteges lycéens ? Lorsque le caméraman interroge un jeune chevelu bouclé avec une écharpe verte et un pull en laine, ce dernier répond "on est contre la libéralisation de l'école". D'accord... Ca veut dire quoi ? "ben on veut que le bac soit le même à Sarcelles et à Neuilly !". Oui, c'est bien, c'est un slogan, mais ça veut dire quoi ? "Ben que c'est pas Seillieres qui doit diriger l'éducation nationale". Seilliere... Oui, je l'ai entendu son nom. C'est le Voldemort de la société français dont-on-prononce-le-nom quand on ne sait pas quoi dire. Mais encore ? "ben on veut pas non plus des flics dans les établissements"... C'est tellement touchant de sincérité ce dire lorsque la caméra se détourne de notre ami chevelu pour voir les jeunes casseurs venir faire leurs marchés de portable et d'écharpe Lacoste dans les travées des manifestants...


Non, plus sérieusement, c'est bien beau ces idées lancées à la va vite, qui sont jolies, mais où il n'y a rien derriere. Le "libéralisme de l'éducation", ca ne veut rien dire. Si par contre ca veut dire que c'est peut être une bonne idée qu'aprés un cursus scolaire, les jeunes aient un travail et ne soient pas parqués dans des facultés ou dans des filieres sans aucun autre débouché que le touchage de minima sociaux d'assitance publique, franchement je suis pour le libéralisme à l'école. Je joue l'avocat du diable, j'exagere, mais exagérons face aux exagérations.


Enfin, dernier point sur lequel je veux réagir. Le "bac qui vaut la même chose de partout" est au moins la même lubie égalitairement naive que le "pas de sélection à l'entrée de l'université" ! Il y a dix ans, lorsque j'ai eu mon bac, je me suis vu demandé mes bulletins de notes jusqu'à la seconde... Lorsque François Fillon veut introduire une dose de "controle continu" dans le bac, il y est déjà dans les faits. Car le bac n'est qu'une clé, un passage. Ce qui est important, même si c'est impoli de le dire, c'est ce qu'il y a derrière le bac. Et là encore, le bac ne suffit pas. En fac, en prépa, n'importe où, le travail fait sur une longue durée compte. Le seul bac, c'est nécessaire, mais pas suffisant.

Par contre, une chose qui est sure, c'est que la personne qui a la volonté, qui travaille, qui se donne, qu'elle soit de Neuilly, de Sarcelles, de Roquemaure ou du lycée Technique de Bagnols/Ceze comme je l'ai été, elle y arrivera. Le travail, l'implication personnelle, où qu'on soit, qu'importe soit notre origine, notre lieu de naissance, notre statut social. Là est la réussite.
Ensuite, ces débats idéologiquement naifs qui proposent un chimérique Mai 68' pour la enieme fois, c'est sympathique. Mais on avance, on se bat. Et on y arrive.


Enfin, ce n'est que mon modeste avis de quelqu'un qui est passé par l'école républicaine, par une petite province, par un college et lycée de facture modeste. mais qui ne pense pas avoir si mal réussi que ça... Mais il s'est bougé le petit. Il s'est bougé...

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