Infiltrés ! Ce titre et la bande annonce m’évoquent le délicieux « Donnie Brasco » où le policier Johnny Depp infiltre la pègre d’Al Pacino en tant que petit mafieux. Là, nous sommes dans un livre où deux journalistes infiltrent les partis socialistes et UMP en tant que militant de base (toute comparaison est fortuite). Et durant les 16 mois avant le deuxième tour de l’élection présidentielle.
Le pitch m’a séduit. L’ancien militant passionné de politique que je suis ne pouvais que se ruer sur ce titre (aux excellentes éditions Privée, anciennement dirigée par notre ami Birenbaum). Et autant lever le voile de suite, je me suis régalé. Lu courant Mai, après la guerre de l’Elysée, ce retour sur ces derniers mois, vu depuis le regard de deux « militants », était plaisant. Je me revoyais aussi tel que j’étais, modeste observateur – bloggueur – forumeur, dans ces instants, dans ces moments. A ma place, avec ma vie qui défilaient durant cette campagne (changement de travail, achat d’une maison, déménagement…).
Un journaliste prend sa carte à l’UMP au cours d’une année 2006 où le président – ministre de l’intérieur n’est pas encore candidat, mais est à un firmament déjà bien éclairé. Un autre journaliste s’inscrit lui à une section du PS à Paris. La situation est différente. Les inscriptions au PS sont à 20 euros, et comme échéance importante se trouve la désignation du candidat socialiste à la présidentielle. C’est donc dans un décor de préparation à la guerre (et d'incertitudes) qu’arrivent nos deux nouveaux militants.
Je passe sur les 16 mois de militantisme, qui coïncident avec la désignation de Royal, les meetings, les polémiques, Montebourg, l’identité nationale, la Marseillaise... nous avons tous vécu cela. Mais ce livre, en plus de rebalayer d’une manière originale cette campagne électorale, est relativement bien écrit. Sous la forme d’un journal intime. Et il est arrivé à me faire vivre par procuration une campagne à Paris.
Certaines anecdotes sont remarquables. Le militant qui arrive à une réunion publique – repas de son mouvement, en fin de soirée. Rencontre de jeunes militants. Il constate les prénoms des personnes autour de lui : Philibert, Paul-Alexandre, Constant, Charles-Henri, Edouard… Je lis ça avec le sourire devant cette caricature, mais cela n’en est pas une : c’est simplement un constat. Et le journaliste militant relate cette remarque qu’il s’est faite à ce moment précis, à nous ensuite de conclure…
Et puis il y a le militant PS, qui arrive et voit toujours à sa section le gars qui s’occupe de servir le Beaujolais et d’ouvrir les paquets de chips, militant depuis que le PS existe… On revoit quelque part la caricature du prof d’histoire, « socialiste depuis toujours », avec sa barbe en collier et sa pipe, qui refait le monde comme s’il était dans sa salle des professeurs. Et je lisais ça par petites touches, avec plaisir réel.
Par moment, cela devenait plus pénible de lire le livre, et je sentais que j’étais moins « dedans ». Mais en fait, j’ai ressenti les mêmes moments de lassitude, pratiquement aux mêmes moments, durant la « vrai » campagne, la réelle, celle que j’ai vécu. Au moment de la Gare du Nord, aussi parce que je déménageais et que mes pensées allaient moins à savoir qui de la police ou des émeutiers étaient les responsables, que de savoir si les travaux seraient finis et comment se passera l’aménagement. Au moment aussi du débat Royal-Sarkozy, où cette violence et cette tension latente entre les deux m’avait sérieusement ébranlé, car elle mettait en avant ce qui me faisait frémir sur les sites que je pouvais fréquenter : un début de fracture entre deux France qui restait pourtant la même. Ce livre m’a vraiment fait ressentir les mêmes moments.
Enfin, j’ai revécu la vie du militant que j’étais entre 17 et 24 ans. Certes, la permanence RPR que je fréquentais était plus saucisson – Costière rouge que grand salon UMP parisien. Je revoyais ces « réunions publiques », avec un repas pas toujours fabuleux, facturé 140 francs. Dans le livre, c’était souvent Pierre Lelouch « l’invité vedette » qui venait prêcher la bonne parole auprès d’une assistance conquise d’avance, et qui venait là pour faire plaisir à leurs oreilles, pour entendre ce qu’elles voulaient entendre. Je l’avais devant mes yeux, cette vieille dame qui acquiesçait à chaque mot, lâchant des « c’est bien dit ! », « oui, c’est vrai », « bravo ! bien parlé ! ». Même quand la personne en face disait des choses qui auraient été condamnés quelques années plus tôt : amusant de voir certains vieux militants UMP ancien RPR tendance Seguin applaudir à l’évocation d’une « grande Europe politique ». Enfin…
Et puis quelques parts, les rues nocturnes de Villeneuve-lès-avignon, Bagnols-Sur-Cèze, Nîmes ou Marseille me revenaient. Et j’imagine que l’odeur de la colle à papier ou du tract sortant chaud de la photocopieuse pour être plié par de serviables mains ne doit guère se révéler différente en Région Parisienne.
Le pitch m’a séduit. L’ancien militant passionné de politique que je suis ne pouvais que se ruer sur ce titre (aux excellentes éditions Privée, anciennement dirigée par notre ami Birenbaum). Et autant lever le voile de suite, je me suis régalé. Lu courant Mai, après la guerre de l’Elysée, ce retour sur ces derniers mois, vu depuis le regard de deux « militants », était plaisant. Je me revoyais aussi tel que j’étais, modeste observateur – bloggueur – forumeur, dans ces instants, dans ces moments. A ma place, avec ma vie qui défilaient durant cette campagne (changement de travail, achat d’une maison, déménagement…).
Un journaliste prend sa carte à l’UMP au cours d’une année 2006 où le président – ministre de l’intérieur n’est pas encore candidat, mais est à un firmament déjà bien éclairé. Un autre journaliste s’inscrit lui à une section du PS à Paris. La situation est différente. Les inscriptions au PS sont à 20 euros, et comme échéance importante se trouve la désignation du candidat socialiste à la présidentielle. C’est donc dans un décor de préparation à la guerre (et d'incertitudes) qu’arrivent nos deux nouveaux militants.
Je passe sur les 16 mois de militantisme, qui coïncident avec la désignation de Royal, les meetings, les polémiques, Montebourg, l’identité nationale, la Marseillaise... nous avons tous vécu cela. Mais ce livre, en plus de rebalayer d’une manière originale cette campagne électorale, est relativement bien écrit. Sous la forme d’un journal intime. Et il est arrivé à me faire vivre par procuration une campagne à Paris.
Certaines anecdotes sont remarquables. Le militant qui arrive à une réunion publique – repas de son mouvement, en fin de soirée. Rencontre de jeunes militants. Il constate les prénoms des personnes autour de lui : Philibert, Paul-Alexandre, Constant, Charles-Henri, Edouard… Je lis ça avec le sourire devant cette caricature, mais cela n’en est pas une : c’est simplement un constat. Et le journaliste militant relate cette remarque qu’il s’est faite à ce moment précis, à nous ensuite de conclure…
Et puis il y a le militant PS, qui arrive et voit toujours à sa section le gars qui s’occupe de servir le Beaujolais et d’ouvrir les paquets de chips, militant depuis que le PS existe… On revoit quelque part la caricature du prof d’histoire, « socialiste depuis toujours », avec sa barbe en collier et sa pipe, qui refait le monde comme s’il était dans sa salle des professeurs. Et je lisais ça par petites touches, avec plaisir réel.
Par moment, cela devenait plus pénible de lire le livre, et je sentais que j’étais moins « dedans ». Mais en fait, j’ai ressenti les mêmes moments de lassitude, pratiquement aux mêmes moments, durant la « vrai » campagne, la réelle, celle que j’ai vécu. Au moment de la Gare du Nord, aussi parce que je déménageais et que mes pensées allaient moins à savoir qui de la police ou des émeutiers étaient les responsables, que de savoir si les travaux seraient finis et comment se passera l’aménagement. Au moment aussi du débat Royal-Sarkozy, où cette violence et cette tension latente entre les deux m’avait sérieusement ébranlé, car elle mettait en avant ce qui me faisait frémir sur les sites que je pouvais fréquenter : un début de fracture entre deux France qui restait pourtant la même. Ce livre m’a vraiment fait ressentir les mêmes moments.
Enfin, j’ai revécu la vie du militant que j’étais entre 17 et 24 ans. Certes, la permanence RPR que je fréquentais était plus saucisson – Costière rouge que grand salon UMP parisien. Je revoyais ces « réunions publiques », avec un repas pas toujours fabuleux, facturé 140 francs. Dans le livre, c’était souvent Pierre Lelouch « l’invité vedette » qui venait prêcher la bonne parole auprès d’une assistance conquise d’avance, et qui venait là pour faire plaisir à leurs oreilles, pour entendre ce qu’elles voulaient entendre. Je l’avais devant mes yeux, cette vieille dame qui acquiesçait à chaque mot, lâchant des « c’est bien dit ! », « oui, c’est vrai », « bravo ! bien parlé ! ». Même quand la personne en face disait des choses qui auraient été condamnés quelques années plus tôt : amusant de voir certains vieux militants UMP ancien RPR tendance Seguin applaudir à l’évocation d’une « grande Europe politique ». Enfin…
Et puis quelques parts, les rues nocturnes de Villeneuve-lès-avignon, Bagnols-Sur-Cèze, Nîmes ou Marseille me revenaient. Et j’imagine que l’odeur de la colle à papier ou du tract sortant chaud de la photocopieuse pour être plié par de serviables mains ne doit guère se révéler différente en Région Parisienne.
Par contre à mon époque, celle des années Chirac, les nouvelles technologies n’étaient pas encore trop aliénantes. Impressionnant le nombre de mail ou sms reçu par nos amis militants. Le nombre de fois où Nicolas Sarkozy himself envoyait par sms à son bon militant « je passe ce soir à la télé, regarde moi ! »…
Et puis enfin l’image que je me fais des partis politiques, et qui ne me donne pas l’envie, à bientôt 30 ans, de me replonger dans le militantisme politique. Parce que je n’ai pas envie d’être cette vieille dame qui va à une réunion pour entendre ce qu’elle veut entendre, pour se rassurer et se faire plaisir. Parce que l’action militante peut se faire différemment, j’en suis convaincu.
Ce livre m’a donné de drôles d’images, que j’avoue assez négatives, de ces deux écuries politiques. L’UMP reste pour moi cette machine stalinienne, au service du triomphe quasi dogmatique d’une seule personne. C’était en 2002 Jacques Chirac, 5 ans plus tard les mêmes accompagnés de nouveaux, adorent
raison pour laquelle je pense que mon militantisme, né de l'exaspération de la campagne de Jospin, assez réel pour les législatives qui ont suivies, beaucoup plus faible ici pour des raisons matérielles et de réel manque de motivation devant les candidates et ce qu'elles gardaient du programme, va s'arrêter là. Un bémol, un peu dommage de perdre ce compagnonage, mais comme tu le dis ne pas être la vieille dame qui acquiesse
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