Tout commence par une photo vue d'en haut, du vieux moulin qui surplombe mon village. Il faisait froid, hier après midi, quand nous avons pris cette photo. Mais quand même, des petites choses se passent au niveau de la poitrine, devant des paysages qui vont sont proches, et qui sont drapés dans cette blanche beauté...
Nous sommes le 7 Janvier 2009. Il est presque 16 heures, l'heure d'un chocolat chaud bien chaud, avec du vrai chocolat noir fondu à la casserole. Pas le chocolat chaud Banania en poudre, non. Le vrai chocolat, épais où la cuillère reste debout, avec du goût, beaucoup de goût. Et beaucoup de chaud...
Mais là, nous sommes encore en haut de cette colline qui domine Roquemaure, le vieux village. Cela a été une drôle de journée. Marseille est bloqué en ce moment même, et le Préfet des Bouches du Rhône se demande s'il va bien pouvoir finir son repas du midi tranquillement. Les avions ne décollent plus de Marignane, même les métros ne circulent plus...
Et à Roquemaure, les paysages sont jolis...
La neige a commencé à tomber à midi. J'arrivais du boulot. Pour aller dormir, un peu de fièvre, encore. Et puis elle est arrivée. Falconette quitta à ce moment son boulot, de l'autre coté du Rhône. Ils furent longs, les neufs kilomètres. Parce que l'enfer sur la route, c'est aussi les autres, paniqués devant trois flocons et une route plus blanches qu'habituellement... Et un automobiliste paniqué, surtout quand il était déjà un peu crétin avant sans ça
(avec son gilet jaune sur le siège passager), c'est dangereux...
En quelques minutes, mon jardin sera tout blanc. La bâche qui recouvre la piscine bien chargée. Et les cerisiers sont tout content de ne pas faire de cerises...
A ce moment du début de l'après midi, je regrette de ne pas avoir de chiens qui se baladerait dans la neige, jouant avec ce nouvel ami venu du ciel. Des gamins aussi, ça aurait été marrant.
Enfin, habillé comme si j'allais tenter l'ascension du Kilimandjaro, nous partîmes dans les rues de mon village. Le voir dans des nouveaux habits... Comme quand j'étais enfant, qu'il neigeait sur Montfaucon. Oh, ce ne fut pas souvent. Mais j'ai ces souvenirs où le collège évacuait les enfants. Et où le bus pour le lycée de Bagnols-sur-Cèze n'arriva jamais. Et nous avions la journée pour s'amuser.
Je me revois avec mes copines et copains de quartier, faire du skate-board sans roues dans la colline de Saint Maur. Je revois aussi certains plutôt tendres moments, où je n'étais plus vraiment un enfant, mais quand même...
Ma rue. Il est 14 heures 30 environ. Ce n'est pas Marseille. Ce n'est pas Gap non plus. Mais c'est suffisamment surprenant pour être pris en photo, et pour en profiter. Aux fenêtres, tonton et tata me font des grands signes. Ils restent au chaud, ils ont raison. Je leur répond. Comme un enfant, je confesse cette excitation de ces jours tellement différents.
Les rues de mon village sous la neige. Quelques instants plus tard, je verrai les services techniques arriver avec la sableuse. Ils auront fait, ce jour et jusque tard dans la nuit, un sacré boulot...
Sans parler des dysfonctionnements (
que je trouve inadmissibles) dans les Bouches du Rhône notamment, un intermède... Sur nous, en tant que citoyen qui voulons que tout soit toujours parfait, et que quelque chose au dessus de nous, l'Etat, le Département, la Commune, qu'importe, vienne jusque dans notre chambre à coucher pour nous border le soir...
Lorsque j'arrive à la mairie, je croise le maire. Il vient de raccrocher, quelqu'un lui a demandé si la Mairie pouvait venir lui enlever la neige qu'il y avait dans sa cour. Et il n'en revient pas, mon copain le Maire...
Je me revois quand il y avait les inondations de 2002. A la mairie du village d'à coté, nous essayions de sauvegarder ce qui était sauvegardable. Parfois jusqu'à 1m70 d'eau dans les rues : je n'avais presque plus pied, il fallait que je nage... Il y avait autant d'eau dans les maisons, ça va de soit.
Et un coup de fil d'un riverain dont le seul soucis était que les poubelles passent le lendemain, car il avait un sac plein. La secrétaire de mairie eut perdu son calme, à raison me semble t'il...
Des fois, on se demande si c'est la bêtise, l'inconscience. Ou tout simplement l'égoïsme. L'irresponsabilisation. Il y avait de la neige dans mon jardin, je n'ai pas attendu que quelqu'un vienne me dégager la voiture. Et qu'on arête de me dire "
il y a des personnes âgées qui, les pauvres..." Elles peuvent attendre que la neige fonde !
Parce que quand il y a des épisodes comme ça, il y a des priorités. Les voix prioritaires, permettre aux secours de circuler le cas échéant. Les lignes électriques, les équipements prioritaires, etc... Alors qu'il y ait un peu plus de neige que cet été devant le portail de papy Mougeot, ben merde.
On passe rapidement devant l'école, et on continue, non sans penser aux enfants qui doivent être comme des fous à ce moment là, sur le sujet précédent.
On peut hurler comme quoi "
les communes n'ont pas anticipé la neige". Oui, l'hiver il fait froid. Et c'est vrai que cela fait une semaine qu'on nous dit que cette journée risque d'être enneigées. Maintenant, est ce que cela vaut le coup d'investir de fortes sommes, qui pèseront fatalement sur le budget communal, pour s'acheter le matériel nécessaire qui permettra de faire face à cette journée extraordinaire. Qui n'a lieu qu'une fois tous les 4 ans...
Je dirais, d'une manière caricaturale, que si j'ai le choix entre une nouvelle crèche fonctionnelle, et tout l'attirail qui nous permettre d'être comme une commune suédoise, fin prêt face à la neige, mom choix est rapide. Investir sur une déneigeuse qui ne me servira qu'une fois tous les trois ans, je ne trouve pas que cela soit un investissement raisonnable et pertinent. Il peut y avoir débat évidemment, ce n'est que mon point de vue.
Par contre, mettons en place les moyens nécessaires pour faire face à l'évènement quand il est là. En mobilisant un efficace personnel communal. Et les matériels que l'on a à disposition. Je ne pense pas que le travail a été mal fait, considérant les moyens qui sont les nôtres, au contraire.
On passe devant l'église de Minuit Chrétien, dans laquelle repose Saint Valentin. Ca y est, on arrive au centre de mon village.
Une commune par contre, ce n'est pas une Région, ce n'est pas l'Etat. Et de fait, je trouve inadmissible les atermoiements que l'on a pu avoir en région PACA par exemple. C'est tout simplement scandaleux. Les témoignages de ce matin, sur les ondes, dans l
es journaux, étaient pitoyables.
Que cela donne l'occasion de
magnifiques photos de Marseille sous la neige, c'est génial. Mais cette paralysie, et surtout l'absence de prise de décision, c'est inacceptable. La Provence se demande
comment la neige a t'elle pu paralyser un département en une heure. Oui, mais et après ? Entre 2001 et 2004, quand j'habitais à Marseille, je me souviens de deux épisodes de neige. Même bordel généralisé. Pour une neige bien moindre que hier d'ailleurs, donc non, la
météo n'est pas forcément la seule en cause. Puisque l'expérience a montré que moins était déjà trop. Et puisque depuis une semaine, tout le monde est au courant qu'il y a un risque de neige...
Comme le dit l'article de la Provence : "un sous commando de terroriste tibétain aurait pu prendre sans problème le contrôle de Marseille...". On en rigole, mais ce n'est pas si marrant que ça.
Pour autant, nous ne sommes pas le Québec. Ne pas avoir leurs équipements et leur méthodologie n'est pas scandaleux. Mais quand même, un minimum...
La place de la Mairie sous la neige. C'est joli, avec le sapin de Noël. Et un petit drapeau qui me fait rappeler qu'il faudrait que je ferme la fenêtre du maire : il va attraper froid sinon.
On se repose deux minutes, et on sourit quand même... Mumuse parle de
galéjade. C'est vrai, ça en est pagnolesque, cette neige qui paralyse tout. Et le ridicule continue :
Alliot-Marie annonce l'envoi d'une mission à Marseille ! Attention, vous allez voir ce que vous allez voir, les pieds nickelés arrivent, ça va faire mal.
Peut être Dominique Bussereau les aura équipé de pelles : ils pourront déblayer un peu l'aéroport de Marignane...
L'église, la même que tout l'heure. Dedans, toujours la dépouille de Saint Valentin, toujours un orgue qui lance Minuit Chrétien quand arrive l'heure de Noël. Et toujours de la neige...
C'est amusant, parce que pendant que les journaux font leurs unes sur
Marseille paralysé par la neige, le Monde continue à tourner n'importe comment. Je ne ferai aucun commentaire sur ce qui se passe au Proche Orient. Il parait aujourd'hui que le
Hamas refuse le plan de paix SarkozioEgyptien. Peut être... Je ne comprends pas tout, et je confesse n'avoir aucun avis sur ce conflit que je ne maîtrise pas du tout. Sinon que bien sur, la guerre et la violence, c'est moins bien que la paix et la discussion...
A ce propos, je viens de finir, durant ma journée au lit à soigner à grippe,
l'Enigme Alexandrie, de Steve Beery. C'est marrant de lire un roman dont le thème principal est en phase avec ce qu'on voit le soir dans les journaux télévisés... Un thriller, plutôt efficace je trouve, où sont mêlés une secte inductrialo-financière, les services secrets américains, le Président américain en personne
(qui n'est pas aux abonnés absents comme en ce moment), et bien sur des héros qui utilisent aussi bien le révolver que moi je maitrise le tire bouchon.
Et le tout sur une thèse comme quoi l'ancien et le nouveau testament ont été traduit n'importe comment. Et qu'en fait la terre promise d'Israël n'est surement pas en Israël, mais à quelque pas de la Mecque, en bordure de mer Rouge. Et pleins de choses comme ça qui, si elles sont révélées au grand jour, mettrait le feu au monde chrétien, juif, et musulman...
Bref du bon gros thriller à la Dan Brown. C'est pas de la grande littérature, mais quand on sort des fêtes de Noël et qu'on est au lit avec 39°C, ça se boit comme un
bon rosé de Saint Mont.
Cela n'empêche pas que ce qu'il se passe là bas, aux portes de l'Europe, ce n'est pas un roman. C'est grave, parce qu'on a l'impression que c'est une histoire qui ne s'arrête jamais. Si ce n'est pas au Liban, c'est à Gaza. Sinon, ça sera à coté. Et ça semblera du pareil au même. Tout le monde a en tête ce qui se passe, connait les noms des villes bombardées, aujourd'hui ou dans trois mois. Hébron, Sabra, Chatila, Ramallah... Mais serait on capable de le situer sur une carte ? Sait on où ça se trouve ? A quoi cela ressemble ?
Cela fait parti, maintenant, de notre imaginaire. Ça ressemble presque à un roman. Sauf que c'est bien réel. Et quand on s'en rend compte, ça fait peur. Et ça fait mal au ventre...
Ben c'est la guerre en fait. Celle qui fait des morts. Celle qui pue et qui est sale, parce que la guerre s'en fout si ça frappe des femmes et des enfants. Y a ni coupable ni innocent, y a juste des morts, du sang, et des larmes...
Alors à savoir est ce que
Sarkozy est critiquable d'avoir fait cavalier seul, comme le clame Aubry ? Franchement, si la première secrétaire commence sur ce genre de polémique, l'année 2009 va encore être rock'n roll...
On va bientôt rentrer à la maison... La place de la Pousterle, avec sa tour carrée et sa neige. On quitte la guerre, pour revenir à la neige. Du terrible au futile. Mais finalement, malgré tous nos beaux sentiments, on revient toujours à soit. Pour les Marseillais pris en otage par autre chose que des affreux syndicalistes, c'est le sujet de préoccupation principal. Ça peut se comprendre, le mien a été pendant deux jours de savoir comment faire partir le plus vite possible la fièvre et les courbatures...
On va terminer la balade de là d'où on est parti. On s'est promené avec dans les oreilles le "Aimo" de Renka Lee, l'héroine du dessin animé
Macross Frontier qui est un bijou pour ceux qui ont grandi avec Macross
(Robotech pour les amis de la 5).
La semaine prochaine, je serai un peu au Creusot. J'en parlerai sans doute, j'aurais une pointe au ventre dans cette ville. Peut être y aura t'il de la neige...
En tous cas, je vais essayer de passer une après midi calme au boulot. Peu de monde. Le radiateur qui commence à ne plus fonctionner. Bon, on fera court. Et on rediscutera demain, de tout et de rien...