mardi 27 juillet 2010

Violences estivales dans nos fêtes de village...

J’aime les fêtes votives de village. Les enfants sont émerveillés de voir ces lumières, ces manèges, ces odeurs de chichi et de gaufres qui rencontrent les sons d’un orchestre rococo qui anime le coin où le club taurin (ou club de foot) vend à boire et à manger… Et le soir, le soleil se couche sur des airs de Coupo Santo pendant que l'ambiance boit du rosé du pays ou du pastis. C'est la fête, c'est si bien...

J’ai toujours aimé ces ambiances. Aujourd’hui, le MidiLibre m’annonce tous les jours que la violence de quelques cons fout en l’air ces jolies images… Le Gard et l’Hérault sont touchés par une vague de connerie qui m’est insupportable.

Roquemaure, mon village, a vu son vendredi soir perturbé par des connards qui voulaient s’affronter au son d’un MTI Summer Tour qui est, chaque année, moment de fête. Des jeunes profitent des canons à mousse et des cadeaux jetés par l’animateur dans la foule. Ce fut le moment où des connards de Montfaucon et Roquemaure, mes deux villages, ont choisi pour s’affronter…
A 23 heures, la fête était finie. Un arbre a pris feu. Et tout le monde a les boules. Sauf ces connards, ravis d’avoir pourri une soirée d’été.

Mon village n’a pas été le seul touché. Aujourd’hui, MidiLibre annonce que la fête de Tresques a du baisser son rideau un jour plus tôt, à cause de coup de feu tirés en l’air…. Tresques est un joli petit village entre Laudun et Bagnols sur Cèze. A cause de quelques connards, là aussi, la fête est finie.
La fête a pu continuer dans le mignon village de Saint Paulet de Caisson (dont j'apprécie le maire, bien que de gauche et pas de ma tendance) pas loin de Bagnols sur Cèze. Malgré une rixe qui a bien plombé l’ambiance dimanche soir.
Mais la semaine dernière, plus loin dans cette vallée de la Cèze qui m’est si chère, la fête de Cornillon s’est vue annulée. Là encore une rixe entre quelques connards…

Dans le Gard Rhodanien, 4 villages ont été touchés. Ça fait beaucoup...

Mon Gard a été touché. Mais moins que l’Hérault voisin, qui a souffert en ce début d’été. Deux morts dans des fêtes votives, deux morts à cause de la connerie, de la violence conne et bête.
Beaulieu, la nuit du 14 Juillet. A cause d’une cigarette, un gosse de 18 ans est mort poignardé. Sérignan semaine dernière, un jeune de 17 ans, originaire du village, est mort d’un coup de couteau à la rate.

Nous ne sommes pas en banlieue. Nous sommes dans des villages provençaux ou languedociens, qui aspirent à la tranquillité. Le cadre de vie est à l’opposé de ces tours de béton que l’on met en image d’Epinal quand on parle des « quartiers ». Et chez nous aussi, et je le dis souvent ici, nous sommes confrontés à la violence. Et à une absence de solutions mises en œuvre sur les terrains, voire même à un abandon.
Quand j’entends parler de « plan Marchall » pour les banlieues, de moyens à mettre en œuvre dans certains quartiers, j’écoute. Et je me dis que décidément, certains seront toujours oubliés. Toujours.

En tous cas, à cause de la connerie (car c’est de la connerie) et de la violence, un été qui se veut normalement festif chez nous devient lourd. Entre certains « jeunes » (mettons les guillemets : le jeune que j’étais n’avait pas envie de mettre des coups de couteau et d’emmerder les policiers municipaux), des fêtes sont et seront gâchés.
Et ceux qui paieront ça ne seront pas ces fauteurs de trouble (ils pavanent toujours dans la nature et sont rarement sanctionnés) mais les parents ou les habitants des villages qui voulaient profiter d’un moment convivial et agréable. Quand on bosse toute l’année, ce n’est pas une honte de profiter un peu de l’été et de son village…
Et qu’on ne vienne pas me parler du chômage, de la pauvreté, de je ne sais quelle excuse à la con pour excuser ces connards qui brisent ces moments de joies et de fêtes. Qui sont pour moi des souvenirs d’enfant que je garde précieusement en moi, quand j’allais faire la fête de mon village d’enfance avec mon papy, ou celle de mon village d’adoption avec cet ami moustachu qui aujourd’hui n’est plus là…

Nicolas avait évoqué, dans un billet de la semaine dernière, un climat de violence qui s’empare de notre pays. Tristement, ces fêtes votives du Gard valident son analyse...
Non, je ne suis même plus inquiet. Je suis écœuré et dégouté… Et juste triste

12 commentaires:

  1. Je vais positiver... "Vos morts" prouvent qu'on se trompe de constat à propos des banlieues... et c'est très bien. Les bandes de jeunes, banlieusards ou campagnards, ont toujours été des bandes d'abrutis (je le sais, j'en ai fait partie).

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  2. Nicolas, je crois aussi qu'on fait un constat partiel sur les banlieues. J'en suis convaincu même.

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  3. Les bagarres lors de fête de village ne sont pas une nouveauté, Par contre avant c'est de la bonne baffe à l'ancienne, maintenant c'est le couteaux (voir plus) pour un regard de travers. Et quand ils se chargent au mélange herbe-qui-fait-rire/alcool/RedBull, ça monte vite dans les tours.

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  4. Non, ce n'est pas une nouveauté.

    Mais là, chez moi, il y a une sorte de continuité malsaine et macabre que je n'ai pas vu depuis bien longtemps.
    Non, je n'aime pas ça.

    Sale été pour l'instant

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  5. Ce billet est très intéressant.

    J'ai toujours appris, dans mes cours d'histoire et de géographie, que, si la petite délinquance restait plus forte en milieu urbain, les violences graves étaient plus nombreuses dans les campagnes.

    Déjà, au XVIIe siècle, l'historien Robert Muchembled constatait le nombre très important de morts durant les fêtes de village...

    Cela est important à comprendre quand on parle de délinquance. Cependant, je crois que nos élus sont bien plus préoccupés par ce qui se passe en ville, parce que c'est là que sont les électeurs.

    Par ailleurs, je me demandais ce que l'on peut réellement faire. On ne peut quand même pas faire les fêtes avec une escorte de gendarmerie. Cela casserait complètement l'ambiance, d'un autre côté.

    Je ne vois pas vraiment de solution...

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  6. Ce que je vais dire ne va pas faire avancer le debat, mais Tresques est un tres joli endroit.

    Ce que tu decris est triste et affligeant. Au Japon aussi, l'ete est le moment de nombreux matsuris et fetes egayant la campagne (mais aussi les villes). A part des accidents "techniques" (certains matsuris sont impressionnants et impliquent de porter de grosses structures, monter en haut d'echelles, etc.), je n'ai jamais eu vent de quelques zouaves mettant la zone. Jamais.

    Bien sur il y a de la delinquance (et de la petite, et de la grande) au Japon... Mais franchement, bousiller une fete de villages, non, inconcevable.

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  7. Mathieu, merci.

    Je ne sais pas s'il y a non plus une solution. Mais dans le cas que je connais, les jeunes crétins qui ont foutu la zone sont connus. Aussi pour ne pas mettre une merveilleuse ambiance dans nos quartiers...
    Donc quand ceux sont des gens que l'on connait, qui se sont déjà fait remarquer par des actes inciviques et qui emmerdent tout le monde, et pour qui pourrir une fête estivale de village bon enfant où les gens peuvent se retrouver est un acte d'incivilité comme un autre, ça me gonfle.

    C'était avant qu'il fallait les mettre hors d'état de nuire. Mon seuil de tolérance est très vite atteint quand on parle de quelques uns...


    Tinou, oui Tresques est très joli. Et non, bousiller une fête de village par pure connerie (car ces gens sont des cons), c'est affligeant.
    Ca me rend juste triste...

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  8. Vous dites:"c'était avant qu'il fallait les mettre hors d'état de nuire": C'est à dire ?

    Comme dit Mathieu il y a toujours eu en effet de la délinquance dans les fêtes de village. Lorsque vous étiez plus jeune peut-être que vous ne les voyiez pas car tout absorbé par les "flons-flons"

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  9. Cath37, c'est très simple ce que je veux dire, je n'ai pas à développer.

    Ensuite, merci de ne pas imaginer ce que j'étais quand j'étais "plus jeune". Merci.

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  10. Je faisais moi-même parti de l'association qui organisait la vogue de mon village... chaque fête a donné lieu à des affrontements :)

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  11. Salut,
    J'arrive un peu après la bataille (c'est ça les vacances...) mais le phénomène de pourrissage de fête votive n'est pas neuf. Ca a, du moins depuis ma jeunesse, toujours existé. la fête de Tresques a été pendant quelques années pourrie par des connards, idem pour celle de Goudargues et itou pour Saint Michel d'Euzet... et ceci de ma mémoire de jeune gardois. Je ne pense pas qu'il faille plus s'inquiéter que ça, même si le contexte actuel (émeutes de Grenoble...), n'apparait pas comme "serein". Ceci dit, il est clair que c'est inacceptable et que les forces de l'ordre (puisqu'on les appelle ainsi) devraient réagir avec un peu plus de fermeté que de "constater" et fermer les fêtes.

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  12. Vall,
    C'est pas marrant. (Vogue... ? serais pas tu vers le Forez toi ?)


    Pecky, ce n'est pas que ce n'est pas neuf que c'est normal. Et je crois que c'est une des premières fois qu'en un weekend, autant de rixes (et de morts) voient le jour.

    S'en inquiéter je ne sais pas. S'en énerver et offusquer oui, je n'accepte pas ça.

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