C'est bizarre cette journée. J'étais ce matin, à 6 heures du matin, dans un TGV qui me montait dans le Nord. Bien sur, je passais par Lyon, par la Bourgogne. Mais là, non, cela ne m'a rien fait de spécial... Je dormais. Et je dormais bien. Je suis arrivé sur Paris. J'ai pris une voiture, machinalement. Le téléphone sonnait, et sur le périphérique, avec le kit main libre, je répondais. Des emmerdes, bien sur. Des calmonies contre lesquelles on doit se battre.
J'arrive un peu avant midi. Je déjeune avec mes chefs de chantier, qui me font part de leurs soucis. Et l'aprésmidi, réunion en Centrale. Le client, responsable de département, semblait content de me voir... Aprés le démarrage de chantier tellement éprouvant, tout roule et bien.
Et ce soir, je reviens à l'hotel. Je suis seul, et me suis servi une biere trouvée dans le mini-bar. Je me suis mis sur le lit, en slip et chemise. Winamp déverse ses musiques mélancoliques. Bien sur toujours Yuji Kajiura... Parfois un blues, ou encore un peu de piano. Et j'ai pas envie de sortir.
Je viens de lire ma messagerie personnelle. Peu de mails, pas de mails personnels. Bon, tant pis, ça arrive... Puis ma messagerie professionnelle... Et là... Ben là comme hier.
Hier aura été la premiere fois où j'ai vraiment perdu mes nerfs au boulot, et montrer une image de moi que je trouve détestable. Une fois, j'ai pleuré sur mon lieu de travail, mais c'était une raison personnelle. Je suis sorti du bureau les larmes aux yeux, j'étais à Marseille à ce moment, un jour d'été. Je me souviendrai toujours de ce vieil homme, directeur technique d'une société ami, à quelques mois de sa retraite. Et de sa tape dans le dos, car il voyait que je venais d'avoir un coup dur, qui m'avait fait trés mal.
Non, hier, c'était la résultante de 18 mois de couleuvres avalées, de travail abattus pour rien. Le premier mail est un mail qui ne m'est adressé qu'à moi et au responsable d'une autre société... Sur une affaire réussie, grace à l'aide de gars super, mais grace aussi à mon investissement au delà d'un certains raisonnables. Certains en ont touché grassement la récompense. Moi non.
Le deuxieme mail est celui d'un client qui me considere au moins aussi bien que mon chef. Ne pas lire le travail que je fais, ne pas voir les efforts que je fais. Non, je suis un idiot, un abruti... Par contre, dans mon service, dans ma société, il y a des personnes merveilleuses, moi non...
De là, deux possibilités :
* Soit je suis un incompris et ceux sont tous des cons, c'est moi le meilleur, c'est moi qui suit intelligent, les autres sont des idiots ;
* Peut être n'ont ils pas tout à fait tort, peut être me vois je, me crois je, plus beau que ce que je ne le suis vraiment.
Je penche pour la deuxieme solution...
Pourtant, je reçois un troisieme mail d'une personne avec qui je travaille fréquemment à Bugey, qui me demande mon aide. Et je me dis que peut être je ne suis pas si nul que ça...
En tous cas, je regrette d'avoir, hier, percé trop pronfondément mon armure. D'avoir été au bord des larmes, d'avoir perdu mon calme. Il y a eu deux témoins. Deux témoins de trop...
Maintenant, peut être suis je arrivé au bout d'un certains supportables. Je viens de faire une journée de 12 heures, et je vais encore travailler ce soir. Parce que je dois rendre un document, rédigé avec un copain de travail qui m'aide, et que je laisserai pas tomber. Un document pour encore me justifier, me défendre... J'en ai marre de toujours devoir me défendre.
Ce soir, non, je n'ai pas le moral... Je suis content d'être parti de mon bureau fixe, pour prendre un peu l'air de la Normandie. Et de partir en vacances la semaine prochaine. En tous cas, je constate qu'aprés le petit nuage rose dans lequel j'avais l'illusion d'être, le retour sur terre a été dur. Heureusement, j'ai vu (sur mon blog notamment) qu'il y avait quelques personnes qui ne me détestaient pas. Rien que pour ça, et parce qu'il faut que je me foute dans mon putain de crane de crétin que j'ai tout pour être heureux et que j'ai-pas-de-problèmes, et bien je vais avancer.
Je vais finir cette putain de note technique à la con, j'intégrerai la partie rédigée par mon collegue de travail. Et je l'enverrai. Et puis si mon travail ne convient pas, je proposerai un licenciement pur et simple. Puisque je suis si mauvais par rapport à d'autres, autant me proposer d'aller voir ailleurs...
En tous cas, j'en ai marre de me rendre malade à cause de l'image que beaucoup me renvoyent de moi. Se blinder... Et peut être éviter d'écrire des mails quand on est triste, en colère... Peut etre éviter ce genre de chose... (bah, j'effacerai ce post... ça se fait, il parait, avec Blogger... Si je pouvais effacer pleins d'autres choses aussi facilement (soupir bis))