Luc Mandret possède un blog que je trouve drolement sympathique. Caustique. Et finalement assez peu partisan, quand bien même il ait ses têtes de turcs. Ce garçon, modem venant du PS, est une bonne rencontre que m'a donné ma période blog. Heureux de le connaitre.Il avait proposé à ses copains bloggueurs, au milieu de l'été, un exercice s'appelant "Mélancolie de Campagne". Ecrire un texte évoquant la présidentielle passée, comment nous l'avions vécu. Exercice interressant, auquel je me suis modestement prété, pas facile d'écrire pour les autres. En cette fin d'année, je vous propose ce texte. Mais le texte que je lui ai adressé le 22 aout 2007 à 8h39. Il me l'a retouché, corrigé quelques fautes de frappes et de grammaire. Mais le texte que je mets en ligne est brut. Avec les quatres photos que je lui avais envoyé, il fallait envoyer une photo de soit (et comme mon physique fait peur aux filles et aux enfants, j'ai mis mes photos à moi...A noter aussi que j'ai pris la décision, parce que plus facile pour moi, de ne pas mettre de liens dans mon billet. Je parle d'anciens billets que j'avais écrit. Je parle de blogs que j'apprécie, et que je cite souvent. Désolé pour eux, mais la plupart sont dans mes favoris, et certains n'existent plus. Bon retour en arrière. Période rétrospective, c'est la fin de l'année****
22 Aout 2007Très intéressant est l’exercice proposé par notre ami Lancelot. Un retour sur la campagne présidentielle et législative… J’ai essayé de me prêter à cet exercice dé
jà, modestement, sur mon blog. Mais peut être cette période estivale, de vacances pour moi, est propice à cet exercice. L’esprit est plus frais qu’après les tempêtes, à quelques semaines aussi de me replonger dans une bataille, municipale celle là. Loin des tensions qui étaient, chez moi, encore perceptible charnellement : Mai a été une période difficile à gérer personnellement, avec un soucis physique qui reste peut être la stygmate de cette lutte pour l’Elysée dont j’ai été un spectateur attentif, passionné, et comme 60 millions de mes compatriotes, impliqués.
J’ai voté. Bayrou au premier tour, Sarkozy au second. Sans avoir fait campagne pour personne ni sur le web, ni ailleurs. Mais étant un passionné, appréciant les discussions que j’ai eu avec beaucoup, les rencontres faites au gré des blogs, Luc notamment. Et aujourd’hui… Mais aujourd’hui n’est pas la question du jour, venons en à hier et avant-hier.
Mon premier souvenir blogistique me ferait remonter au mois d’Août 2006. Je tentais de répondre à la question de mon amie, de savoir si « je trouvais les socialistes crédibles », au moment où Jospin se rendait officiellement disponible, et nous rejouant un retour vers un passé qu’on espérait oublier. Et pendant que Breton nous assurait de son sourire carnassier que « tout allait bien », je me prenais à rêver d’un deuxième tour Strauss-Kahn – Sarkozy. Non sans édulcorer l’hypothèse Hulot qui, quelque part, me séduisait : parler d’écologie sans écologistes, quel beau projet !
Août, c’est aussi les universités d’été au PS, la rentrée. Chez ma belle famille forézienne de droite, je regardais sur I-Télévision les débats avec les jeunes socialistes. Moi, le garçon de droite, me passionnait pour une primaire importante pour le pays, bien plus que pour cette seule formation de gauche qui ne représente peut être plus tant que ça. Fabius et Strauss-Kahn m’avait paru au dessus du lot, Jospin pas crédible. Royal absente, commençant une non campagne à laquelle je n’aurais décidément jamais accroché.
Septembre, je citais deux phrases de Bayrou, qui résumais le bien que je pensais déjà de lui : « Si tout le monde pense la même chose, alors plus personne ne pense plus rien » (UEM, Février 2002) et « Tout le monde pense que parce qu'on est de familles différentes, on ne doit pas se parler. Alors qu'on a le devoir, même si on est différent, de travailler ensemble ». J’avais simplement conclu par cette phrase : « Je ne suis pas devenu UDF en cinq minutes. Mais ces deux phrases résument ma philosophie et ma pensée politique... Humaine aussi peut être. ». Je confirme.
Et puis Jospin nous a soulagé en se retirant, il y a parfois de bonnes nouvelles. Par contre, déjà, le début de l’opposition frontale qui se faisait sur le Web et qui me gênait. Un ami défendant Royal sur un point se faisait insulter de « Ségoliste », et un autre la critiquant de « macho anti femme ». Déjà une campagne sur le Web plein de finesse, de nuance, de douceur et de modération. Ne parlons pas des attaques entre fanatique sarkozystes et ayatollahs anti-sarkozystes. Heureusement, mes amis du Web, ceux que j’apprécie en tous cas, savaient se montrer adultes, modérés… Mais tellement de violence, déjà, à la fin de l’été…
Octobre, une nuit, j’ai rêvé de Laurent Fabius ! Pourtant, j’aurais été pro-DSK si j’eus été socialiste, mais je crois apprécier les grands hommes, ou ceux que je juge comme tel. Et je pense que Fabius en est un. Un des rares.
Et puis Novembre. Un soir de Beaujolais nouveau, des amis, du vin et du pâté à la maison, les socialistes auront choisi Royal. Important, mais pour moi c’est aussi moment de signature vers mon nouvel et actuel horizon professionnel. Finalement, Novembre capital, je pars vers une nouvelle aventure, le Parti Socialiste et la France avec… Mois capital pour moi, mois charnière…Décembre n’étant pour moi que le moment de voir Raffarin en clone de Philippe Bouvard animant les Grosses Têtes de l’UMP. Mais qui se souvient encore de ces trois « forums populaires » où Sarkozy se faisait mousser devant des faire valoir caricaturant un « débat »… ?
J’avais peur à ce moment là d’une « Jospinisation de Sarkozy ». Parce Bayrou grimpant, parce que des Dupont Aignan, des MAM, d’autres courants de la droite voulant partir. Et parce que un sentiment que la campagne ne démarrait pas pour lui. Que les restes de Chirac ne voulaient pas lui laisser la place. Parce qu’en face Royal faisait la nouveauté. Parce que…
Et puis 14 Janvier, le meeting de la Porte de Versailles. J’étais devant ma télé : je commençais mon nouveau travail le lendemain. Oui, j’avoue, j’ai été séduit ce jour là par Sarkozy. Pourtant, ma droite, c’était Chirac même s’il m’a profondément déçu. C’était Juppé. Là, ce soir, Sarkozy avait parlé peuple, et avait frappé juste sur certains points. C’était du bon Sarkozy.
Et le phénomène inverse. Royal joue avec la caméra de son neveu pour les vœux officiels, et je me pose, comme beaucoup, la question de sa compétence. La bravitude et la corsitude (ou québétitude) étant presque anecdotiques devant l’absence de tout, de PS en tous cas, d’alternative sûrement, à ce moment de la campagne. Et en plus, Montebourg se fait taper, jouant de mots au moment où je portais un verre de Lirac à la bouche : 1 mois de suspension. Il aurait craché comme Barthez, il ne serait revenu que pour les législatives…
Notons que les Musclés sortent une chanson, Nicolas et Ségolène… Un hit… (soupir)
Le test politique que je fais en février me donne « UMP tendance gaulliste ». Me voilà rassuré ! Mon candidat : Sarkozy. A mince… Bayrou le talonne. Tiens, Bayrou gaulliste… Et si… ? Et pendant ce temps, Doc Gynéco et Steevy donnent des analyses politiques. Et Royal démarre à Villepinte. Un débat que je regarde sur ITélé, mais… Mais j’ai du mal à entendre, à écouter, à suivre, Royal. Elle me lasse. Le fond ? J’ai déjà décroché rien que sur la forme… Pourtant, je dois m’accrocher… Mais derrière, les critiques se feront vives.
Son entrée réelle dans la bataille marque un nouveau ton de la campagne. Plus violent, plus méchant, plus intolérant. Rien n’est pire qu’un fanatique de droite, sinon un fanatique de gauche, voire du centre. Internet, puisque c’est de ce lieu là que je parle, permet parfois une trop grande facilité de parole : se laisserait on à aller insulter l’autre parce qu’il ne partage pas la même position ou le même vote que vous dans la « vraie vie », en face à face ?
Et Mars donne les 12 finalistes. S’il s’était présenté, j’aurais voté sans doute Dupont-Aignan. Il n’y est pas. Donc parmi les 12, qui choisir ? Je sais ceux pour qui je ne voterai pas, mais que faire pour l’électeur de droite que je suis ? Aller directement chez Sarkozy en bon soldat, ou continuer mon vote UDF pour dire combien je n’aime pas cette idée monolithique d’une UMP qui quelques mois après avoir été tel un seul homme derrière Chirac se trouve derrière Sarkozy…
Et la campagne devient plus violente, sur le net, mais aussi parmi les candidats. Ceux qui trouvaient qu’elle était au ras les pâquerettes sont servis : on commence enfin à parler de la France, malheureusement en des termes assez spécieux. Identité nationale et immigration, mariage dangereux. Drapeau et hymne national dans les écoles de l’autre coté, pourquoi pas mais est ce que cela fait un programme. Le tout sur une résurgence de 2002, l’insécurité qui revient, Gare du Nord, et escalade verbale entre candidats. Pendant ce temps, moi, je traverse le Rhône, je déménage de Vaucluse pour revenir à mon Gard, mais je reste connecté à cette campagne qui s’échauffe, sérieusement…
En Avril, j’ai fait mon choix de premier tour, je voterai Bayrou. Je reste effrayé par les appels de haine lancés par certains militants Royalistes prônant par ailleurs la tolérance sans l’appliquer. Le fanatique Sarkozyste m’effraie tout autant. Je me demande parfois si certains « cyber militant » ont déjà fait un peu de vraie politique et de militantisme : le respect de l’autre, c’est pourtant une base… Ou alors on est extrémiste. Pourquoi pas finalement…
Le 22 Avril, mon bureau de vote donne une confortable avance à Sarkozy, et met la droite d’une manière générale dans une bonne situation. Conforme au vote national.
Pour autant, le deuxième tour continue d’exacerber les craintes que j’ai quant à une union nationale fébrile et fragile. Le discours de Bercy de Sarkozy représente toute cette droite caricaturale que je n’aime pas. Le débat entre les deux tours avec une Royal agressive finira, avec les dernières discussions sur Internet, de me donner une amère impression : cette campagne n’aura pas été celle ni des idées, ni des valeurs. Une campagne d’opposition : on vote peu pour la personne, mais contre une autre.
La dernière interview de Royal sur RTL, le vendredi 4 Mai, parlant de possibles émeutes en cas de victoire du candidat de droite, conclura d’une triste manière cette campagne présidentielle que j’aurais trouvé en pleins de points désagréables.
Le soir, je regarderai le résultat, connu depuis bien avant 20 heures. Et puis un Monaco Marseille qui propulsera mon équipe favorite à la deuxième place. Le lendemain, le président part à Malte sur un Yacht, après une soirée de victoire très bling bling. Plus tard, Royal admettra à la France entière qu’elle a menti sur pléthores de points : Hollande, le smic, les 35 heures, des idées qu’elle prétendait défendre sans y croire.
Et puis au final, presque quatre mois plus tard, un sentiment bizarre. Chirac a-t-il été un jour président ? Cela semble si loin… Et Sarkozy, c’est vraiment lui notre président ? Cet homme en RayBan qui ressemble plus au Tom Cruise de Minority Report qu’au Général de Gaulle ? Je ne l’imaginais pas président de la République, même si j’ai voté pour lui au deuxième tour. Il n’est pas pour moi entré encore dans cette fonction de la manière dont je la conçois. Sauf que je ne voyais pas non plus Royal présidente… Bayrou ? Peut être, quoique…
C’est ça ma conclusion : nous avons eu une campagne star académique. Envoyer un sms avec 1 ou 2 pour élire le candidat télévisé de votre choix. Je regrette que les hommes d’état tels que Juppé, Fabius, Strass Kahn, voire Villepin ou Hollande, n’aient eu leurs chances. Je regrette que maintenant, il faille faire la une en maillot de bain du JDD ou de Gala pour être un homme ou une femme politique en vue. Et je regrette que les oppositions frontales et à la limite d’une certaine haine remplac
e le débat démocratique et républicain, l’échange constructif.
Peut être que mes blogs favoris, hors « grands blogs » type DEL (dont j’apprécie énormément et amicalement l’auteur), sont ceux qui me paraissent garder ces valeurs de discussions et d’échange. Celui de Luc bien sur. Mais aussi Céleste, Farid, Eric, Bridgetoun, Bruno avant qu’il ne le ferme, Zgur, Christian Carignano, mon amie Galac, mon copain Rimbus…
Finalement, cette campagne m’aura été appréciable sur un point : la première que j’aurais suivi sur Internet, dans cette République des blogs naissante, peut être un nouveau souffle pour la politique. Je le souhaite vivement.
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"il faille faire la une en maillot de bain du JDD ou de Gala pour être un homme ou une femme politique en vue." --> Et arriva Carla Bruni... Finalement, je ne retire pas grand chose de ce que j'ai écrit en 2007...