jeudi 23 avril 2009

Jack Lang, ça se rapprocherait presque...

L'histoire de Jack Lang est en "tous points remarquables", comme dirait notre Président. Autant de droite que Jack Lang est de gauche, normalement...
2000. Jack Lang, Ministre de la culture éternel de François Mitterrand et figure réelle du socialisme de l'époque (certaines mauvaises langues diront "gauche caviar"...), est Maire de Blois. Depuis 1989. Avant, il était conseiller municipal à Paris. Mais il voulait une mairie : il descendra donc dans le sud. Parachutage premier. 1989...

2000 donc. Blois est devenu trop petit. Il remonte donc à Paris, espérant prendre la mairie l'année suivante. Mais voilà, un obscur élu local "purement Titi parisien" ne le voit pas de cette oreille. Bertrand Delanoé est en plus un proche du premier Ministre de l'époque, Lionel Jospin. Ce dernier offre donc l'éducation nationale à notre bon Jack. Mais en échange tu laisses tomber Paris et tu redescends à Blois dire à tes administrés qu'en fait c'est eux que tu aimes, promets le moi ami Jack...
Blois retrouve donc son maire pour une campagne 2001... Qui sera fatale à celui qui voulait mieux que la capitale du Loire et Cher... Jack Lang perd la mairie de Blois. Comme Elizabeth Guigou perd celle d'Avignon.

Guigou Lang destin croisé à l'époque. 2002, il faut être député. A Avignon comme à Blois c'est risqué. Donc parachutage deux. L'une remonte à la Capitale. L'autre... Ben non, il monte encore plus haut, à Boulogne sur Mer. Jack Lang aura donc été élu à Paris conseiller municipal, à Blois maire et député général, à Boulogne sur Mer enfin député. J'oublie qu'il a été conseiller régional du Centre, puis conseiller régional du Nord Pas de Calais. Quelle belle connaissance du territoir...
Sur Google, ça fait 627 km, et environ 6 heures 15 de route, de faire Paris - Blois - Boulogne sur Mer.

Parachutage géographique soit, ça peut passer. Après, politiquement, on peut aussi discuter. Ecrire un livre assassin sur Royal en Octobre, demander finalement en décembre qu'il ne sorte pas, pour la soutenir un mois plus tard à l'élection présidentielle, cela peut déjà prêter à sourire.
Mais ces rodomontades actuelles, ça ne fait plus rire personne.

En 2005, Jack Lang était le premier donneur de leçons aux socialistes durant la campagne référendaire européenne. "le Parti a choisi de voter "oui", tout le monde doit voter et défendre le "oui". Sinon dehors, pour cause de non respect des consignes partisanes ! soyons des bons socialistes !". On n'oubliera pas qu'à la différence d'un Fabius, méchant Fabius, un Manuel Valls aura finalement été un "bon socialiste". Défendant le non au référendum interne du parti, puis défendant de manière très percutante le oui durant la campagne officielle...
Donc Jack Lang demande aux socialistes d'être "de bons socialistes". Il a raison. Mais il ne devrait pas aujourd'hui faire la leçon à Ségolène Royal de ne pas être une "bonne socialiste" qui respecte les consignes qui viennent de Solférino. Grace à Jack Lang, le Président a pu faire passer sa réforme constitutionnelle. Qui, comme on l'a vu avec HADOPI, donc vraiment plus de pouvoir au gouvernement... Le PS avait appelé ses parlementaires à voter non.
Jack Lang annonce également qu'il votera HADOPI. Les députés PS appelant à voter non (normalement, si j'ai encore suivi...). Jack Lang enfin de monter au secours de Sarkozy pour taper sur Royal, "mauvaise socialiste" comme lui donc...

Maintenant, tout le monde le demande. Que Jack Lang rejoigne officiellement Sarkozy, et qu'on en parle plus ! Du courage, merde !
Mais c'est presque fait... A Nice, Nicolas Sarkozy fait applaudir Jack Lang par les militants UMP. On tombe de sa chaise.

Là, je reprends mon étiquette de droite quand même... Je me mets à la place de ces militants UMP... Chez moi, le maire d'une ville du nord du Gard Rhodanien (...) a toujours été de gauche. Sauf aux dernières cantonales de 2004, où il a retourné sa veste pour devenir UMP. J'ai vu des anciens militants RPR qui crachaient à la figure de cet homme dans les années 90. Il avait président socialiste du conseil général du Gard. Ministre de Bérégovoy. Condamné (déjà) par la justice. C'était l'homme à abattre politiquement...
Et puis en 2004, c'est l'homme qu'il faut soutenir, "à mort" comme dirait le fils à papa. On oublie tout, on s'aime. Et aujourd'hui, car la vindicte populaire tombe sur ce bon maire qui a déjà trahis maintes fois, les ennemis d'hier sont les soutiens d'aujourd'hui...
Pour l'électeur lambda, c'est n'importe quoi ! Ca profite à la création de 21 Avril, et c'est tout !

Là, les militants UMP applaudissent celui qu'ils détestaient et combattaient avant. Parce que le chef leur demande ! On croit réver...

Finalement, pour l'instant, le dernier mot est pour Jack Lang. Un ministère, non. Une mission, oui. Quoi comme mission ? Comme Rocard, un tour chez les esquimaux ? France Télévision ?
L'article dit que les socialistes redoutent la perte d'un symbole. Il y a des fois où il faut tourner la page avec un passé qui ne veut plus de vous et qui a bien changé. Personnellement, dans ma vie personnelle, je suis incapable d'appliquer cette recommandation. En politique, on devrait. Ne jamais oublier, mais ne jamais s'accrocher non plus.

Enfin, je trouve que c'est bien triste cette séquence Jack Lang. Il y a deux jours, c'était le 21 Avril. Et visiblement tout le monde a oublié ce qu'il s'est passé, un 21 Avril... La politichiennerie a de beaux jours devant elle, mais puisque l'oubli règne en maitre dans la politique française...
Soupir...

8 commentaires:

  1. Jack Lang? C'est qui? Connais pas, superbe article, falconhill!

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  2. Pour l'instant, chez moi en tous cas, il fait l'unanimité, Jack Lang :))

    Merci à vous, bonne journée (et bon anniversaire Nicolas)

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  3. 21 avril 97? Quand Chirac dissout l'assemblée nationale?
    Sinon, pour moi, J. Lang a été, après Malraux et loin derrière, des deux seuls ministres de la culture digne de ce nom… Le reste de sa carrière n'est qu'une interminable chute dans boue…

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  4. Excellent portrait, Falcon. Tout n'est peut être pas à jeter mais une chose est certaine : les hommes politiques vieillissent mal en général...

    Le besoin viscéral d'être sur le devant de la scène les rend si pathétiques !

    En vieillissant, ils n'ont plus les avantages sexuels d'antan ni l'ambition dévorante.
    Il leur reste l'avidité des vieillards : le besoin inextinguible d'honneurs et de flatteurs...

    Concernant ton article d'hier sur le Grand journal où Copé passait pour la 47 ème fois, je ne sais pas si tu te rappelles de mon billet, mais il était l'antithèse du tien ! ;-))

    Surtout concernant Aphatie et Denisot...

    Salut, Falcon

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  5. Glop glop vous,

    Coucou provencal : tu as raison, cela a été un bon ministre de la culture. Peut être a t'il, dans cet exercice, confirmer son image de "gaiche caviar" chez ses détracteurs, mais c'était un bon ministre.

    Sur le reste, je trouve que c'est un piètre politique. Ou du moins quelqu'un qui représente tout ce que j'abhorre dans la politique. Ses perpétuels parachutages, pour avoir un poste à tout prix, je trouve ça assez insupportable... Ainsi que cette manière de prendre les gens pour des bozos...

    cuicui : merci. J'ai sans doute mis en avant juste le coté que je juge malsain du personnage. Qui malheureusement chez moi emporte tout le reste...

    Sur le Grand journal, chacun a son avis sur les personnes "incriminées". Je n'ai pas regardé hier soir... Mais c'était, parait il, les habitué de Sarnez et Peillon aussi. Peillon, champion de l'abstention et du parachute aussi, tiens... Soupir...
    Non, mais chacun son avis comme j'ai dit à Pecky. Sauf que j'écris, personnellement, des "je pense que..." qui ne donnent pas une opinion comme une vérité universelle. C'est comme ça que je conçois l'écriture en tous cas.

    Bonne journée à tous

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