Loin de moi l’envie de copier
Nicolas et de prendre
Zac Efron comme icône. Je ne connais pas ce mec, et je m’en fous.
Mais voilà… Ce matin, comme tous les matins, je suis venu au boulot en passant par l’Ardoise. C’est un hameau appartenant au village de Laudun. Avant très industriel. Mon papa a longtemps travaillé à l’Ardoise, à « l’usine » comme je disais. Mais il y en avait pleins d’usine avant. Malheureusement la crise est passée par l’Ardoise avant que les banques n’explosent. Et longtemps avant Gandrange, les usines sidérurgiques de l’Ardoise ont fermé… Laissant un paysage assez désolé quand on passe par ce coin…
Au croisement où il y a les feux et le bistrot local, il y a des affiches de cinéma. Quand j’allais au lycée de Bagnols, je les regardais, à moitié endormi… J’avais 17 ans à l’époque. J’en ai 31 aujourd’hui.
«
17 ans encore », c’est justement
le titre d’un film qui sort avec Zac Efron. Avec le sous titre suivant : « si vous pouviez revivre votre adolescence ? »…
Autant dire que j’ai roulé l’esprit mélancolique à donc les ballons : ça faisait longtemps, pour commencer la journée.
17 ans. Je passais mon bac à 17 ans. Chirac a été élu président de la République quand j’avais 17 ans, et mon docteur ami devenait maire de mon village d’enfance. 17 ans, c’est mon premier amour. Je venais de perdre beaucoup de kilos un été avant, pratiquant tennis et vélo jusqu’à me rendre malade septembre arrivant. 17 ans, c’est une année bizarre…
Je n’aimerais pas redevenir adolescent. Sinon pour tout changer. J’étais gros, j’étais pas bien beau, je ne savais pas parler. A l’époque, je n’avais pas de blog. Internet n’existait presque pas… Je ne sais même plus combien il y avait de MHz dans mon microprocesseur, mais le Pentium n’existait pas encore… Peut être même évoluais je encore avec l’Atari ST. Et j’avais quand même découvert le jeu vidéo qui changera ma vie : Championship Manager, version anglaise
(le Guy Roux Manager version française était salement bogué).
Si j’avais 17 ans, j’aurais tellement de chose à changer. Avant. Mais j’aimerais retrouver cette première petite amie. Je crois que j’aimerais qu’elle soit toujours la première, et qu’il n’y en ai jamais eu avant. J’aurais peut être essayé de m’ouvrir plus aux autres. Mais cette volonté que j’ai aujourd’hui, l’aurais je toujours eu si je ne m’étais pas senti vraiment seul adolescent ? Cette volonté de croiser des gens de mon enfance et leur dire : «
tu vois, je suis dans les 100 premiers du Wikio et j’t’emmerde », l’aurais je toujours ? Je plaisante juste en prenant un exemple con, mais j’ai eu longtemps cette volonté de tout bouffer pour montrer que le garçon gros et pas intéressant que j’étais à 17 ans pouvait devenir quelqu’un…
Aujourd’hui, cette envie s’est quelque peu estompée. J’ai une vie personnelle riche et heureuse, il ne me manque plus grand-chose. Professionnellement, ce n’est pas trop mal. Et même politiquement, j’ai réussi à me faire un petit nom localement, ce qui fait la fierté de papy mamy. Aurais je donc beaucoup de choses à changer, de mes 17 ans ?
Des regrets, j’en ai pleins. Celle de ne pas avoir eu beaucoup de bons souvenirs au lycée. Les « copains de 17 ans », je n’en ai pas finalement. Y en avait un, mais il a eu la mauvaise idée de se tuer en voiture… Si, il me reste mon pote viticulteur de Lirac. Et d’autres, mais qui datent d’un collège où j’étais vraiment hideux et où les filles me jetaient des cailloux, mais d’où finalement je garde de merveilleux souvenir.
Un collège où je siège aujourd’hui au syndicat des élus qui donnent un peu leur avis sur son évolution. Une petite fierté là.
Des regrets, toujours, d’avoir embrassé la carrière d’ingénieur, au détriment d’une carrière politique, ou autre ? Science politique, je rêvais de le faire. Mais si j’avais fait ça, aurais je été élu chez moi ? Aurais je rencontré Falconette ? J’aurais peut être rencontré une fille de ministre RPR, et ça aurait fait un joli mariage au château de Versailles, avec François Fillon comme témoin… Quelque part, je préfère un mariage dans l’église de mon village, avec mes amis et du vin de chez moi.
Mais je me dis que, peut être, je suis passé à coté de quelque chose. Je n’aime pas la « technique », et les sciences ne me passionnent pas plus que ça. J’aime les livres, et je suis un inculte qui ne connais pas ses classiques. L’histoire de l’art et des religions, ça me passionne, mais je n’y connais rien. Et tellement longtemps, j’ai été attiré par des personnes littéraires. Ca m’a joué des tours parfois…
Regret oui peut être de ce point de vue là. Mais mes années d’école d’ingénieur, même si des moments ont été durs, sont parmis les plus belles. De loin. Mes 17 ans sont pas géniaux, mes 20 ans, en pleine coupe du Monde en France, sont une merveille.
A 17 ans, je n’avais finalement que peu de souvenirs. Mais quand j’écoutais certaines chansons, je me disais que mes plus belles années étaient déjà derrière. J’écrivais, beaucoup, et que des souvenirs. Tournés vers le passé. C’est con à 17 ans, d’être tourné vers le passé et de ne pas savoir apprécier le présent. Aujourd’hui, je me tourne vers mes 17 ans, en me disant « c’était pas si mal ». C’est con, non ?
Et à 17 ans, je ne savais pas que 7 ans plus tard, 17 ans sera un âge qui me fera bien du mal. On ne sait pas ce qu’on fait quand on a 17 ans parait il ? Je ne sais pas. A 24 ans, on ne sait rien de plus…
Est-ce que j’aurais envie de tout changer en redevenant adolescent ? L’accroche du film est efficace et touche cette fibre mélancolique qui guide beaucoup de mes pas. Mais je ne crois pas qu’il faille retoucher le passé. C’est notre passé. Notre histoire. Celui qui n’a pas d’histoire ne peut prétendre à aucun futur. Et une maison, quand elle construit, ça ne vaut pas le coup de refaire les fondations…
Ce billet apparaitra pendant que je serais en vacances… Avec une personne que je n’aurais peut-être jamais rencontrée si je modifiais mes 17 ans, dans un lieu que je n’aurais pas connu. Rien que pour ça, ça vaut le coup de ne toucher à rien…
Par contre, je ne compte pas aller voir le film. Si quelqu’un veut bien me raconter…