J’aurais fait hier mon billet politique. Qui ne l’était pas
tant que ça : rendre hommage à un ami, ce n’est pas de la politique.
J’ai souvent parlé de ma situation professionnelle. Je suis
délégué syndical, sans doute cela n’aide pas vis-à-vis de certains hauts
managers qui gardent une vision très manichéenne des choses… En plus avec une
étiquette politique assumée, forcément.
Cela m’a valu 6 mois horrible. Qui faisaient suite à
quasiment 4 ans de « non épanouissement ».
Je disais tout à l’heure à un copain d’un autre syndicat qui
me parlait de cas de dépressions fortes dans son unité, et il me disait « on
va avoir des RPS ». Je lui rappeler que le R de RPS était « Risque »
(Psycho sociaux). Là, nous sommes dans une réalité. Une étude mené dans mon
entreprise mettait en avant que 15% des salariés étaient en danger grave (j’en suis-je
pense), et 40% limite limite. Juste 20% de très vert, ce qui est déjà
rassurant.
Je sais, pour discuter avec des collègues dans d’autres
boites, que la situation est peu ou prou peu différentes ailleurs. Nous avons
le retour d’un management dur, top down.
Je relisais pendant mes vacances «
la
comédie (in)humaine » de Nicolas Bouzou et Julia de Funès. Pourquoi l’entreprise
fait elle fuir les meilleurs est le sous titre, mais je le trouve pas adapté :
elle fait fuir tout court. Nous en sommes là. Le résumé du bouquin est simple
« Réunions interminables, séminaires sportifs, inflation des
process : l'entreprise est devenue le lieu de l'absurde. Julia de Funès et
Nicolas Bouzou partent en croisade contre l'absence de sens qui paralyse nos
sociétés et proposent des solutions concrètes. Pourquoi le management vire-t-il
souvent à la tragicomédie ? ». Oui, pourquoi ?
Et pourquoi les entreprises vont jusqu’à rendre les gens
malade ? On m’avait appris un truc en management (que j’ai essayé d’appliquer :
je me suis fait virer de mon poste de manager premier niveau) : on doit
rendre le salarié dans le même état qu’on l’a récupéré, en tous cas ne pas le
détériorer, l’abimer. J’ai fini au médical et chez le cardiologue et l’oncologue.
Jamais une des personnes, sous-traitantes
ou n-1, n’a eu à se plaindre de ma part de brimade, de harcèlement, de gestes
déplacés, de manque de sens et d’explication dans mes demandes, de colère. Ni
de relâchement ou d’inintérêt. Et pourtant, nous avons à la tête de ma boite,
comme dans beaucoup de boite, des mangeurs d’enfants.
Et les gens comme moi, qui ne sont pas des saints et qui disent quand ils ont
mal ou quand quelqu’un de leur équipe ont mal, sont mis à l’écart.
Un paragraphe assez long sur l’entreprise.
Me concernant… Hier matin la DRH me propose un nouveau
poste. Que j’ai accepté (avais-je choix ?). En une heure, j’apprends que ma
mutation est au 1er Juillet. Ca va vite. L’aprés-midi réunion de mon
groupe (notre N+1 est malade pour une longue durée, RPS aussi…), et j’apprends
donc que je pars, et très vite.
L’ambiance était "sympathique". Non, franchement morose. Un de mes gars m’a dit « en
fait dans cette boite, tous les jours on a l’impression qu’on se rapproche de
la fin du monde ». Je n’ai pas recité ma phrase préférée de Montaigne,
mais bon, je lui ai rappelé que personne n’est indispensable (surtout pas moi).
Et que bon…
En conclusion depuis on va dire l’automne, je subis un
acharnement de ma hiérarchie. Qui m’a fait avoir un malaise. Cette hiérarchie,
devant la représentation syndicale, a eu des mots dégueulasses me concernant,
qui m’ont été rapportés et m’ont blessé. Qui a fait que la représentation syndicale
s’est unie pour défendre non pas un DS, mais un salarié qui était victime de
mots inacceptables. Ca n’a pas plu, engrenage mis en route avec surcontrôle de
mes activités, et invitation à partir.
Je fais derrière un malaise cardiaque. Et au final je pars
sur un autre poste, où je suis dégradé et déclassé. Mon N+1 a mal vécu cet
épisode, nous ne le reverrons pas d’un long moment : il est en arrêt longue maladie. Mais les « mangeurs
d’enfants » sont toujours là.
Et je viens d’apprendre ce jour des promotions de gens qui
ont envoyé des personnes au médical, abjects au possible. L’entreprise est
vraiment une comédie inhumaine.
Un petit peu dur tout ça. Mais bon… Il fait chaud, le
weekend arrive. Il sera court. Dimanche j’irai voter, le soir je zapperai entre
grand prix et demi finale du Top14… J’essaierai de faire les premières séances
bronzage…
(pourquoi la photo de Spirou ? aucune idée...)