mercredi 16 février 2011

Raymond Domenech vient de parler

Forcément, c’est avec énormément d’intérêt que j’ai lu l’interview de Raymond Domenech dans l’Express de ce jour.
Je l’ai lu avec une sorte de malaise. Pas par rapport au personnage : je n’aimais pas Raymond Domenech, je l’ai combattu, je ne me déjugerai pas. Mais avec cette attitude de lynchage auquel j’ai participé.

Cette interview renforce une conviction que j’ai exprimé durant la Coupe du Monde, au moment où j’ai commencé à changer d’avis sur le personnage. Ce n’est pas lui le principal responsable de ce fiasco sportif et moral. Les coupables sont toujours en place, ceux sont les Duchaussoy et autres incompétents de la fédération française du football, toujours en place et qui continuent leur entreprise de ridiculisation du football français
Cela ne lave pas les responsabilités, énormes, du sélectionneur Raymond Domenech. Mais cela me le rend davantage humain. Raymond Domenech a admis des fautes, notamment dans sa communication. C’est bien, on peut commencer à avancer…

« Je me suis peut-être trompé sur le choix des joueurs. L'équipe n'a pas bien joué: peut-être ai-je mal expliqué mon projet... ». Méa-culpa simple et léger. Mais il l’a fait. D’autres non. On a le pitoyable William Gallas ou l’insupportable Nicolas Anelka qui continuent, eux, à donner des leçons. Quand d’autres sont toujours en place à la tête de la Fédération Française de Football

« Le staff ne les empêchait pas [les jouers] de communiquer. Il fallait au contraire qu'on se batte pour qu'ils se présentent aux conférences de presse, car ils ne voulaient pas y aller. ». Cela confirme le mal que je pense d’une partie des joueurs de cette équipe de France… Des mercenaires sans grandes morales… Ca ne fait pas un groupe pour gagner une Coupe du Monde et être aimés de son peuple ça…

La fameuse lettre de la grève : « A ce moment-là, je ne cherche pas à les protéger. Je lis la lettre parce que, au bout d'un moment [il siffle en passant la main au-dessus de sa tête], il faut dire stop. Ça faisait plus d'une heure qu'on était là. Il fallait bien que quelqu'un prenne ses responsabilités et que s'arrête cette mascarade ! ». Raymond Domenech admet qu’en cette veille d’été, il a été dépassé. Il a craqué… On peut le comprendre…
« Toutes les caméras étaient braquées sur le bus, des centaines de gamins attendaient sur le bord du terrain, on était la risée du monde. J'ai dit: "On arrête, je n'en peux plus!" Personne ne voulait lire ce machin! J'y suis allé. Si j'avais réfléchi deux secondes, je serais parti... ». Je serais parti qu’il dit… Il aurait peut être du… Mais globalement on en est là. Ce jour était extraordinaire, on était dans l’irrationnel et le grand n’importe quoi. Difficile de rester la tête froide…

« Avec le recul, je les vois surtout comme une bande de sales gosses inconscients. Certains ont réfléchi depuis. Plusieurs ont sans doute du mal à trouver le sommeil. ». "Sale gosse inconscient" a été ce qui est principalement ressorti de cette interview. Je note le « plusieurs ont sans doute du mal à trouver le sommeil », que je trouve très fort…

« J'ai discuté avec Evra. Il m'a confié avoir vécu l'enfer à son retour. ». Il manquerait plus que le pire capitaine de l’Equipe de France soit au paradis… Enfin, je dis ça, Nicolas Anelka est tout fier de lui

« Une vraie désillusion. Je pensais que nous serions champions ». A ce moment de l’interview, je me demande si Raymond Domenech est vraiment sincère. Et s’il se rend compte que vraiment, le paramètre sportif n’est peu de choses par rapport au désastre moral de ces comportements

« Quant à Roselyne Bachelot... Moi, je ne me suis jamais occupé de vaccins. Lorsque je ne suis pas compétent, je me tais. (…) ». J’ai adoré cette phrase. Et la suivante est merveilleuse.
Sur les larmes que Roselyne Bachelot avait dit voir dans les yeux des joueurs : « Les joueurs auraient pleuré? De rire, peut-être. ». Cela m’a fait rire. Bien que je pense que le ministre des Sports était dans son rôle.

« On a l'impression que vous n'avez aucun regret... Si c'est l'impression que je donne, alors je suis mauvais en communication. Soyons clairs: je me suis planté, je n'ai pas dû choisir les bons joueurs ni trouver les mots qu'il fallait ». Deux choses dans cette réponse.
Si, Raymond Domenech a des regrets, et il admet que l’air qu’il donne est négatif. Mais il place les regrets uniquement sur le plan sportif, alors que les dégâts ont été catastrophiques…
Mais j’approuve quand il dit « je n’ai pas choisi les bons joueurs ». C’était mon principal reproche que j’ai fait à Domenech : avoir donné les clefs de l’Equipe de France à des mercenaires, des Evra, des Ribery, des Gallas, Abidal, Anelka. L’esprit « cailléra » mise en avant. Et d’avoir sélectionné, à des moments inopportun, des Ben Arfa, Gomis ou Piquionne, comme autant de signaux lancés « vous pouvez avoir une mentalité catastrophique, vous serez sélectionnés ». On a juste vu ce que cela a donné.

« Avec le recul, effectivement, je me dis: "Pourquoi n'as-tu pas démissionné?" Tout était faussé. J'ai manqué de lucidité. Je me demande même pourquoi personne ne m'a obligé à démissionner. ». Oui. Pourquoi l’ont-ils maintenu en 2008, et soutenu mordicus, avant de le lâcher de la manière la plus lâche et abjecte qu’il soit ? Noel Le Graet, principal soutien de Domenech avant d’être son principal pourfendeur, quelle est sa responsabilité ? Il parait qu’il veut être le prochain président de la FFF… Finalement, il n’y a que Escalette qui a pris une décision (de démissionner de la présidence de la FFF, mais pas du conseil fédéral…), et à un degrés moindre le culbuto Gérard Houiller, qui nous a montré une délicieuse démonstration de tout ce que l’être humain pouvait avoir d’assez peu glorieux
Raymond Domenech aurait du partir depuis bien plus longtemps... Et il n'avait pas à démissionner : il fallait le démettre. Mais il fallait du courage... Ceux dont beaucoup manquent...

Au final, je n’apprends guère de chose sur cette interview. Mais je ne serai pas dans le jusqu’auboutisme d’un Lizarazu. Je n’attendais pas que Raymond Domenech parle de foot. Le match est terminé depuis longtemps.
Je suis content qu’il parle. Je trouve qu’il retient trop ses coups, mais vu le désamour terrifiant dont il est l’objet, je peux comprendre qu’il ne veuille pas rendre Evra ou Anelka plus populaire qu’ils ne le sont…

Maintenant, revoir Raymond Domenech sur un banc de touche ? Pourquoi pas… Mais en ce qui me concerne, j’aurais presque envie d’avoir une sympathique pour cet homme comparable au mépris que j’ai pour ceux qui s’en sont servis de fusibles, et n’ont fait aucune autocritique de leur médiocrité…

7 commentaires:

  1. Salut

    Je prendrai quand même les déclarations de Domenech avec quelques pincettes (vu qu'un procès au prud'hommes se dessine).
    Mais il y a quelques trucs intéressants.

    C'est lui qui a choisi les joueurs.
    Il reconnait enfin s'être trompé.
    Bon début.

    il tacle avec raison le galimatias pleurnichard de Roselyne Bachelot qui a cherché à instrumentaliser ce bordel sportif. Mais il n'y a pas qu'elle.

    Mais globalement, je suis d'accord avec toi, les vrais responsables sont ceux qui l'ont maintenu en 2008 alors qu'il n'était manifestement pas (plus) l'homme de la situation. Ils ont tous depuis tourné casaque et minimisé leur rôle (Jacquet y compris). Et pour la plupart sont encore aux manette. Qu'ils dégagent ! Et vite. (voeux pieux).

    Mais tout ça n'excusera jamais l'aveuglement et l'arrogance de Domenech à qui on disait bien qu'il se plantait. (Tiens, ça me rappelle le "débat" parlementaire sur Hadopi, même comportement stupide).

    Quant aux joueurs, je regarde ça de trop loin pour avoir un avis aussi tranché que toi. Mais quelles que soient leurs responsabilités de gamins trop gatés et trop payés, je n'oublie jamais QUI les a mis dans cette situation merdique qui devait aussi leur être insupportable depuis très longtemps.

    Maintenant, Domenech devrait vraiment faire autre chose... ailleurs ... et loin si possible.

    Et surtout ne jamais la ramener sur le sujet du foot.

    Arf !

    Zgur
    en extérieur
    http://zgur.20minutes-blogs.fr/tag/raymond%20domenech

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  2. Ouais, ça le rend sympathique.

    Ca me rappelle la défaite des socialos en 2007 : chacun veut trouver en coupable alors que la responsabilité est collective... Domenech fait son méa culpa. Personne ne l'a fait au PS.

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  3. Zgur,
    Oui. Mais il avait le droit de parler. Lui est voué aux gémonies, et d'autres comme Duchaussoy, Anelka ou Le Graet, autant responsables sinon plus, donnent des leçons. Pas normal.


    Nicolas,
    Jolie analyse. J'avais écrit, à l'époque, un billet sur Hollande. Qui était dans la position de Domenech.

    Ce n'est jamais honteux de dire "oui j'ai merdé".

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  4. sacré phénomène ce Raymond car m'enfin il a largement échoué en 2010 alors que 4 ans auparavant c'était une réussite, mais l'on sait pourquoi.

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. Un vrai mea culpa aurait été : je n'ai pas bossé je m'en suis remis à de la psychologie de cuisine et ça n'a pas marché pas. C'est le point majeur : il ne bossait pas ce mec.

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  7. Melclalex,
    Oui il a échoué. Totalement. mais ce n'est pas le seul, et c'est le seul qui a payé.

    NicoCerise,
    Les autres n'en ont fait aucun de méa culpa. J'attends encore celui de Houllier, d'Escalettes (lui remarque il a fait son méa culpa...), de Duchaussoy, de Le Graet, de Thiriez, bref de tous ceux encore en place qui l'ont maintenu et soutenu. Et aussi d'Anelka, de Gallas, d'Evra, d'Abidal...

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