J’aime beaucoup les billets d’Eric Mainville. Je cite souvent son blog, cela ne fera qu’une fois de plus… En parlant de
ces billets que l’on ne publie pas, alors qu'ils existent, quelque part, sur son disque dur, ou ailleurs...
Eric évoque un article qu’il avait écrit sur Louis Ferdinand Céline, star de la fin Janvier. Un article qu’il a écrit, mais qu’il n’a jamais publié. Parce que la polémique avait enflé, d’autres points de vue sont arrivés, l’information était davantage abondante… Et puis finalement, tout ce flot a amené Eric à prendre du recul. Trop de recul… Et son billet lui en est paru trop tiède, n’apportant rien de plus… Donc à quoi bon…
De là sont arrivées les questions suivantes : «
Faut-il foncer sans réfléchir pour écrire sur un blog? Les blogueurs sont-ils inconséquents ? Quelle est la conséquence de cette inconséquence ? Et, surtout, à quoi répond cet irrépressible besoin d’expression des blogueurs ? ». Des bonnes questions…
Dans les commentaires à ce billet, le bon
Nicolas a donné sa réponse : «
Je n’ai aucune réponse aux questions à part la première : il faut publier. D’ailleurs Jacques Brel le chantait très bien « Il faut publier, tout peut se publier, …» ». L’enthousiasme fait plaisir à voir…
Eric pose de bonnes questions. Je retiens la dernière :
à quoi répond cet irrépressible besoin d’expression des blogueurs ? Pourquoi, en ce qui me concerne, est ce que j'éprouve cette incontrôlable envie d’écrire ce que je pense, ce que je ressens, alors que je sais très bien que la majorité des gens s’en foutent, que ça ne changera rien ni à ma vie, encore moins au monde… Et pourtant j’écris.
J’écris pour hurler contre
Jean-Michel Aulas ou contre la
FFF. J’écris pour exprimer le dégout que m’inspire l’arrogance de l’UMP actuelle et l’hypocrisie de ce Parti Socialiste.
Et dans chacun de ces billet,
je n’exprime pas LA vérité. J’exprime MA vérité. Celle qui vaut autant que celle de mes copains de blogs, celle qui est écrite avec mes œillères… Et qui assouvi quelque peu, sans totalement la rassasier, mon «
irrépressible besoin d’expression ».
Ensuite, Eric parle de cette «
inconséquence » de «
foncer sans réfléchir pour écrire sur un blog ». Il a raison… De la même manière que des fois,
on devrait réfléchir à deux fois avant de poster un commentaire à la con, il n’est pas toujours utile d’exprimer son avis… Surtout dans un billet mal branlé, loupé. C'est mon avis
(oui, il m'intéresse)...
«
Conséquence de cette inconséquence ? ». Oh, ça ne va pas chercher bien loin. A la rigueur un connard viendra pondre un caca dans les commentaires. Je l'effacerai., ou pas.. Au pire un
copain viendra nous dire qu’on n’a pas été malin, et il n’aura pas tort.
Ca ne me dérange jamais qu’il y ait dans mes billets des débats un peu vif, y compris avec des gens que j’aime bien. Quand je suis clair dans ce que je pense
(et ressens), et quand je suis content de mon billet, je n’ai aucun soucis avec les reproches, les avis contraires.
Quand je ne suis pas content de moi, quand j’ai mal exprimé une pensée peu claire, ça m’emmerde déjà plus…Alors oui, cela m’arrive de faire comme Eric avec Céline. Et
de ne garder le billet que dans mes brouillons. Les exemples ne manquent pas…
L’histoire Plantu – Mélenchon, où ce dernier avait été représenté à coté de Marine Le Pen. Dans le billet que j’avais écrit, j’exprimais une position pas très originale… Et pas très en faveur d’un
Jean-Luc Mélenchon, qui
n'est pas mon homme politique préféré...
Je n’ai pas publié ce billet, aussi car deux bons billets tombaient dans ma blogroll. Il y avait
Humeur de Vache, et un autre que j’ai oublié. J’aurais bien fait un lien, mais je ne me souviens plus. Je trouvais qu’ils avaient dit ce que je pensais, bien mieux que je ne l’aurais fait. J’aurais du les citer. Je ne l’ai pas fait.
Et mon billet, qui n’aurait rien apporté, sinon les hurlements de quelques fanatiques mélenchonistes, est passé à la trappe…Un autre billet que je voulais faire et que je n’ai pas publié, c’était
lorsque Juppé avait déclassifié des documents demandés par les juges dans l’affaire Karachi. J’étais parti sur un billet qui m’a semblé autant bête et creux que les arguments que j’avais mis en avant lors de ma relecture. Il est passé à la broyeuse...
Enfin,
j’avais commencé une réponse à tous ceux qui dissertaient sur le « les merdes aux culs du camp d’en face sentent plus mauvais que celle au fion du mien ». C'était la polémique du début du mois. Puis comme cette polémique m’emmerdait, je ne suis pas allé plus loin que le brouillon… Et puis là encore à quoi bon ? J'avais déjà exprimé ma pensée, sur mon blog et ailleurs. Et je n’aurais pas convaincu ceux qui sont déjà persuadés que tout ce qui n’est pas de leur camp ou de leur parti est sale et sent pas bon. Et de toutes manières ce n’était pas mon but…
Il y a des pages qu’il n’est pas choquant de laisser à l'état de brouillon et de rature. Je ne suis pas allé plus loin, et la fin de ma page Word qui collecte mes écrits de blog aura un nouveau billet inachevé.
Si j’avais publié ces billets,
quelles auraient été « les conséquences de mon inconséquences » ? Sans doute pas de ras de marée au Japon
(ce dont je me félicite)… Mais je n’étais pas content de moi. Et je ne faisais que réécrire ce qui avait été dit, écrit, débattu, ailleurs.
Donc je n’ai pas publié. Je ne pense pas que la face de la blogosphère, et à fortiori celle du monde, en soit changée pour autant. C’est rassurant après tout…
Je n’ai pas répondu aux questions d’Eric. Et ce billet dit un peu tout et n’importe quoi.
Pourtant, je vais le publier. Tant pis pour les conséquences de mon inconséquence : cela assouvit quelque part mon irrépressible besoin d’expression.
Et cela rend un hommage modeste, mais sincère, à un blogueur qui fait du bien à notre blogosphère…