C'est aussi un peu pourquoi la tendance du PS à célébrer des défaite (que ce soit Royal à 20h02 le 6 mai au soir, un peu avant d'aller feter la défaite à Solférino, ou le PS hier soir) me surprend un peu. Et je trouve même qu'il y a un peu d'indescence. Enfin bon, vive la politique.
On en vient à la deuxième analyse de ce second tour, en paraphrasant notre ami
Claude Askolovitch hier soir sur ITélévision.
Les éléphants sont de retour, et ça se voit.
La tactique de gauche menée par Ségolène Royal à la présidentielle s’est soldée par un échec. Tentative de campagne résolument jeune et moderne, pour ne pas dire people. Démocratie participative, internet souriant et insouciant, mise en avant du coté « femme ». Coté idées et projets ? « on verra plus tard, ce sera le rôle du premier ministre, pas du Président », répondait elle à Sarkozy au débat d’entre deux tours. D’où aussi ce sentiment de fourre très amateur de cette campagne. Cette tactique là n’a pas marché.
Autre tactique infructueuse, la diabolisation de Sarkozy. Je m’y suis opposé et cette diabolisation a, entre autre et personnellement, consolidé
mon intention de vote du deuxième tour en faveur du candidat UMP. Là encore, pour les présidentielle, ce fut inefficace.
Enfin, discours caricaturaux et faciles avant et au soir du premier tour. «
il ne faut pas que la droite aient tous les pouvoirs » ou «
politique pour les riches ». Facile et combien de fois entendus ? Résultat du premier tour, mené par Royal et par une ambiance de mort par les candidats de gauche qui pensaient aller à l’abattoir : un échec et un début de vague bleue.
Et puis les Fabius, Strass-Kahn, un peu Hollande, bref, les éléphants, reprennent les choses en main. Les petits enfants de Désirs d’Avenir sont priés de retourner dans leurs chambres, les adultes reviennent ! Fabius a lancé la contre attaque sur un sujet de fond (
quoique l’on peut en discuter la légitimité), la TVA sociale. Et pendant que Royal batifolait avec le Modem, Fabius, DSK, Hollande, Delanoé, tous ont ferraillé sur un sujet politique. On peut être pour ou contre leurs arguments, mais c’était politiquement brillant. Le résultat est là : la vague a été drôlement endiguée.
Que se serait il passé si la gauche avait vraiment fait de la politique en 2007 ? Avec un projet, sur des idées ? Si DK ou Fabius eut été candidat ? Si y avait eu une ligne claire et une campagne efficace ? Personne ne le saura, mais je pose la question.
Ensuite, troisième point, la non vague, ou plutot
la simple brise marine et bleue. Je suis satisfait que la majorité ne soit pas écrasante. J’ai le souvenir de 2002. Grosse majorité. Et comme en 95’, Chirac se recroqueville sur ses amis et gouverne de manière autiste. 97’ est une branlée. En 2002 re-belotte, Raffarin gouverne sans écouter, tout seul avec ses amis qui sont plus nombreux. 2004 aux régionales : branlée bis. Je pense important qu’il y ait une majorité plurielle, pas trop forte, avec une opposition pour dire « attention ! ». Je suis donc satisfait du résultat.
Pour terminer,
mes joies et mes déceptions personnelles. Un peu
plus de 550 scrutins, tout ne peut pas être parfait.
Je suis triste pour Alain Juppé. Je suis, d’un degré moindre, triste pour le Professeur Dubernard à Lyon. Les anciens RPR gaulliste, ma famille, ont pris mal, et j’aime ces hommes, j’aime les gaullistes de haut niveau. Et j’aime profondément, personnellement, affectueusement, Alain Juppé. Donc je suis triste, humainement et personnellement triste. Bien que j’accepte le scrutin.
Ensuite, si on prohibe encore Juppé sur sa condamnation antérieure, dans ce cas il faut être cohérent et logique, que l’on soit de droite ou de gauche. Emmanuelli ne doit pas être réélu, il a eu le même type de condamnation. JeanPaul Huchon doit démissionner de son poste de président d’Ile de France et ne pas se présenter sur le plateau de France 2 pour représenter le PS en soirée électorale. On ne peut pas être incohérent.
Enfin, c’est très dommage pour le grand ministère de l’environnement. Juppé est un grand nom. Et plus qu’un grand nom, c’est un grand talent. Un homme d’Etat de premier plan pour une cause de premier plan. La défaite de Juppé qui fait tant plaisir aux
Verts (qui sont autant écologistes que moi fan de rap) risque d’être un coup très dur pour cette cause.
Pour autant, je ne suis pas triste des défaites de Carignon, de Klarsfeld, même du juge Bruguière. Je suis triste de la défaite de mon ami
Jeanny Lorgeoux à Romorantin, mais heureux de son bon score, et de son excellent dans sa bonne vile de Romorantin. Heureux que les candidats PS Dosière dans l’Aisne et Pinville en Charente aient bouté hors de leurs circonscriptions les candidats « officiels » du PS
(dont le parachuté Boutih qui en plus a le toupet de cracher dans la soupe et sur Hollande, dommage c'est un mec bien). Triste que les parachutés professionnels PS
Guigou,
Lang (dont j’ai déjà parlé…) et Fillipetti, soient élus députés. Triste qu’à droite ce soit la même chose pour Perben à Lyon, ou à un degrés différent (mais une tristesse un peu plus violente), de la victoire de Gilles Vanneste dans le Nord.
Enfin, heureux, sincèrement heureux, que des personnalités importantes comme Bayrou ou DSK, et sympathique comme Lassalle, soient réélus.
Je termine quand même sur
Ségolène Royal. Je trouve dommage (voire grave) qu’elle ne soit pas députée. Elle a respecté sa parole de non cumul, très bien. Sauf que si celle qui veut être leader de la gauche n’est pas à l’Assemblée enlève encore de l’importance à cette institution qui ne devient plus qu’une obscure chambre d’enregistrement. Si la vie se fait à Bruxelles, à Strasbourg ou à l’Elysée, ça sert à quoi un Parlement si en plus les figures importantes n’y sont pas ?
Enfin sur l’histoire entre Hollande et Royal officiellement finie hier soir. J’ai dis plus haut que c’est bien qu’à gauche les pros et les bons aient repris la main. Et puis les « choses sérieuses », le coté people reprend. Avec une question sur cette présidentielle, mise en relief par le livre «
Femme Fatale ».
Et si cette présidentielle n’avait été que le simple moyen pour une femme de régler ses comptes avec son premier secrétaire de mari ? Et nous, électeurs, citoyens, dans l’histoire, témoin d’un invraisemblable règlement de compte familial ? Enorme, trop pour être vrai. Et pourtant, que se serait il passé si au soir du deuxième tour, une Royal vainqueur nous avait dit que finalement elle était célibataire à présent, ou du moins pas avec « l’officiel » ?
Je ne réclame pas la « transparence à tout prix ». Mais quand il s’agit de choses aussi importantes, à mes yeux, que la France, qu’une élection présidentielle, et que les protagonistes sont la candidate du premier parti de gauche, et le numéro 1 de ce parti, je réclame, j’exige, la transparence.
Voilà, les élections sont finies. Enfin. En Octobre, les sénatoriales. Je ne voterai sans doute pas. Et en Mars de l’an prochain, des municipales. J’espère en être. J’en serai.
Mais en attendant la suite des évènements, je ferai comme le chien sous la photo de dessous, prise au mariage la semaine passée
(quel chouette mariage, où je me suis senti apprécié… soupir…). Repos de politique. Oh, je continuerai à alimenter mon blog de mes états d’ame, je préparerai les municipales. Mais le prochain bouquin que je lirai à la suite des « infiltrés » sera un bouquin tranquille. Peut être le «
Parfum d’Adam », un thriller écologique. Pour définitivement tourner la page de ma déception Juppé ?