A droite, une photo de ma chambre d'hotel lorsque j'allais à la Centrale du Blayais. La Citadelle de Blayes est un magnifique hôtel qui accueillait le sous-traitant ("prestataire" comme on est appelé...) que j'étais. Ceux qui sont vilipendés par le pas forcément toujours très pertinent Borloo...
Nous sommes bien d'accord... La vue sur la piscine et sur l'estuaire de cette belle Gironde chère à Alayia évoquent les vacances... Elles me manquent, ces vacances... Et je passe plus de temps, en ce moment, sur les sites de voyage qui sur mes dossiers en cours...
Mais cette photo m'évoquent aussi le cadre jeune que j'étais, qui a fini 2005 en lambeau, et qui a du se résoudre à demander le soutien à un syndicat.
Je suis conscient d'être un privilégié aujourd'hui. Mais le cadre, jeune et déjà désabusé, que j'étais, aurait adoré écrire la lettre de la CGC suite au projet de loi sur le temps de travail...
Lettre que je copie - colle, je la trouve très belle...
Monsieur le Président,
« Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être, si vous avez le temps… »
J’apprécie au plus haut point la fidélité à vos engagements de candidat Président. Ainsi donc je devrai travailler 235 jours au lieu de 218 auparavant selon la loi qui vient d’être adoptée. Fort heureusement, je garde le bénéfice de mes week-ends et de mes jours de congés. L’affaire ne me coûte que mes jours fériés chômés payés et mes jours de RTT, qui constituaient le maigre retour des 60 à 70 heures par semaine que j’effectue pour conserver mon job.
Certes, je ne suis pas encore aussi omniprésent dans mon entreprise que vous l’êtes vous-même au service de notre pays. Votre engagement permanent sur l’événementiel aux quatre coins du monde est stupéfiant. J’apprécie personnellement, Français moyen il est vrai, le retour en famille et les heures que je consacre à mes enfants. Il m’arrive d’aller encore à la campagne où mes parents se sont retirés frileusement ; petites retraites obligent ! Mais nous espaçons ces visites à notre corps défendant : l’essence est devenue si chère ! le pouvoir d’achat si malheureusement stagnant… Grâce à vous, je vais travailler plus et gagner plus : 17 jours valorisés de 10%… Et pourquoi pas 25% ? Pourquoi donc cette discrimination, Monsieur le Président ? En quoi est-elle justifiée. Serais-je un paria, possesseur de je ne sais quelle situation privilégiée qui mérite le laminage par l’imposition et pour le reste à vivre la portion congrue ?
Monsieur le Président, il faut que je vous dise, combien je suis en désaccord avec ces nouvelles dispositions qui seront sans doute acceptées dans mon entreprise par le seul syndicat encore présent après la loi sur la représentativité. Je gage que le dialogue aura été en l’occurrence plus facile que par le passé. Sera-t-il aussi fructueux, aura-t-il meilleure consistance, dans l’avenir ?
Monsieur le Président, votre rythme des réformes me donne le tournis et il m’arrive de prioriser les thèmes alors qu’ils sont tous importants. Mais cette loi sur le temps de travail m’interpelle particulièrement et me semble totalement inutile, inique et plus frappée du sceau de la revanche que de l’analyse fondée.
Dans ces conditions, le senior que je serai dans quelque temps n’a qu’une hâte, c’est d’échapper à la pression et au stress des conditions de travail. Comment concilier cette envie avec une nécessité économique que je comprends bien par ailleurs, celle d’équilibrer nos régimes de retraite par répartition ?
Même si je n’en suis pas à reprendre un slogan bien connu « À bas les cadences infernales », « je vous écris cette lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps » pour exprimer à travers elle tout le malaise d’une population laborieuse qui souffre, fut-elle de l’encadrement.
C'est vrai qu'à l'époque, l'hotel que j'avais à Dieppe me laissait une belle vue sur la plage... Là encore, cadre sympathique, mais encore ?
J'en parle souvent ici, je suis très sensible aux "conditions de travail", d'une manière générale. Aussi, je suis extrêmement gêné aux entournures lorsque je vois la manière dont est traitée la question du travail...
La mort des 35 heures, entend on ici ou là. En tant que jeune cadre, j'étais opposé aux 35 heures, parce que je les faisais en 3 jours... Et que mon salaire ne progressait pas. Et aujourd'hui, pour en finir avec celles ci, on me demanderait de les faire en 2,5 jours ?
Je ne suis pas un homme de gauche. Mais je me sens incroyablement mal à l'aise à droite en entendant les explications de Jean-Frédéric Poisson, le député UMP auteur de cette loi. Avec un sentiment très fort : cet homme a t'il un jour travaillé en entreprise ? Peut être, je ne le connais pas, mais sans doute pas dans celle que je connais.
"Négociation", peut il y avoir négociations sereines quand Bosch menace de licenciement et délocalisation ? Peut il y avoir négociation quand tout est déjà verrouillé et décidé ? Au final, peut il y avoir négociations quand les intérêts de chacun sont autant divergeant ?
Je suis archaique, peut être. Idéaliste aussi (gauchiste ? non quand même... si ? merde alors...). Mais pour moi, la voie exprimé, en son temps, par le Général de Gaulle, celle de la "participation", me semble vraiment pertinente. Car il n'est pas possible, plus possible, que le cadre, mais aussi le technicien, l'ouvrier, se sente pressé comme un citron et ne voit aucune récompense de son effort. Quand dans le même temps son Directeur Général se vante d'avoir offert une Audi TT à sa femme pour Noël.
C'est totalement populiste ce que je dis ? Sans doute. Mais ne pas respecter ce salarié qui travaille et qui produit, c'est tout sauf libéral. Etant un libéral, je suis énervé d'entendre des Serge Dassault ou autres tenir des propos qui ne sont pas libéral. Mais plus néo-soviétiques. Un soviétisme où le pouvoir et les richesses ne seraient plus tenus par une poignée de hauts dignitaires communistes, mais par les copains de Dassault.
De mon hôtel à Nogent Sur Seine, j'avais une belle vue sur la place du village aussi... Mais j'en avais gros sur le coeur quand je me connectais sur mon ordinateur portable. J'allais sur des blogs qui me sont aujourd'hui interdits, mais surtout sur ma messagerie professionnelle. La personnelle, remarquez, m'offrait parfois de bons moments. Sauf quand... Enfin, bon...
Il m'est difficile, en ce moment, de me satisfaire de la situation globale. Ce matin, j'écoutais le maire d'une petite ville de l'est, un chiraquien, soupirant devant la fermeture de sa base militaire, 6 mois après avoir perdu son tribunal d'instance. Avec ce sentiment que des pans entiers du territoire se verront désertifier par la main d'une politique dont je me demande où se trouve l'impact positive dans la vie individuelle et collective de chacun.
Des salariés qui voient leur pouvoir d'achat se réduire drastiquement et qui ont le moral dans les chaussettes, des cadres démotivés, un classe politique, droite comme gauche, décrédibilisés et qui semblent être à 1000 lieux des préoccupations, peut être basiques, de chacun...
En tant que cadre, mais surtout en tant que citoyen, je suis inquiet. En tant qu'homme de droite, je suis inquiet de voir que le dogmatisme et le sectarisme (le même qui a fait les beaux jours d'Aubry, Guigou et Jospin) sont maintenant les leviers de la politique actuelle.
Je suis inquiet tout simplement... Heureusement que la France est jolie... Mon ancien boulot m'aura ammené dans de beaux endroits... Et cela aura fait de jolies photos pour un triste billet...
Nous sommes bien d'accord... La vue sur la piscine et sur l'estuaire de cette belle Gironde chère à Alayia évoquent les vacances... Elles me manquent, ces vacances... Et je passe plus de temps, en ce moment, sur les sites de voyage qui sur mes dossiers en cours...
Mais cette photo m'évoquent aussi le cadre jeune que j'étais, qui a fini 2005 en lambeau, et qui a du se résoudre à demander le soutien à un syndicat.
Je suis conscient d'être un privilégié aujourd'hui. Mais le cadre, jeune et déjà désabusé, que j'étais, aurait adoré écrire la lettre de la CGC suite au projet de loi sur le temps de travail...
Lettre que je copie - colle, je la trouve très belle...
Monsieur le Président,
« Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être, si vous avez le temps… »
J’apprécie au plus haut point la fidélité à vos engagements de candidat Président. Ainsi donc je devrai travailler 235 jours au lieu de 218 auparavant selon la loi qui vient d’être adoptée. Fort heureusement, je garde le bénéfice de mes week-ends et de mes jours de congés. L’affaire ne me coûte que mes jours fériés chômés payés et mes jours de RTT, qui constituaient le maigre retour des 60 à 70 heures par semaine que j’effectue pour conserver mon job.
Certes, je ne suis pas encore aussi omniprésent dans mon entreprise que vous l’êtes vous-même au service de notre pays. Votre engagement permanent sur l’événementiel aux quatre coins du monde est stupéfiant. J’apprécie personnellement, Français moyen il est vrai, le retour en famille et les heures que je consacre à mes enfants. Il m’arrive d’aller encore à la campagne où mes parents se sont retirés frileusement ; petites retraites obligent ! Mais nous espaçons ces visites à notre corps défendant : l’essence est devenue si chère ! le pouvoir d’achat si malheureusement stagnant… Grâce à vous, je vais travailler plus et gagner plus : 17 jours valorisés de 10%… Et pourquoi pas 25% ? Pourquoi donc cette discrimination, Monsieur le Président ? En quoi est-elle justifiée. Serais-je un paria, possesseur de je ne sais quelle situation privilégiée qui mérite le laminage par l’imposition et pour le reste à vivre la portion congrue ?
Monsieur le Président, il faut que je vous dise, combien je suis en désaccord avec ces nouvelles dispositions qui seront sans doute acceptées dans mon entreprise par le seul syndicat encore présent après la loi sur la représentativité. Je gage que le dialogue aura été en l’occurrence plus facile que par le passé. Sera-t-il aussi fructueux, aura-t-il meilleure consistance, dans l’avenir ?
Monsieur le Président, votre rythme des réformes me donne le tournis et il m’arrive de prioriser les thèmes alors qu’ils sont tous importants. Mais cette loi sur le temps de travail m’interpelle particulièrement et me semble totalement inutile, inique et plus frappée du sceau de la revanche que de l’analyse fondée.
Dans ces conditions, le senior que je serai dans quelque temps n’a qu’une hâte, c’est d’échapper à la pression et au stress des conditions de travail. Comment concilier cette envie avec une nécessité économique que je comprends bien par ailleurs, celle d’équilibrer nos régimes de retraite par répartition ?
Même si je n’en suis pas à reprendre un slogan bien connu « À bas les cadences infernales », « je vous écris cette lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps » pour exprimer à travers elle tout le malaise d’une population laborieuse qui souffre, fut-elle de l’encadrement.
CFE - CGC"
C'est vrai qu'à l'époque, l'hotel que j'avais à Dieppe me laissait une belle vue sur la plage... Là encore, cadre sympathique, mais encore ?
J'en parle souvent ici, je suis très sensible aux "conditions de travail", d'une manière générale. Aussi, je suis extrêmement gêné aux entournures lorsque je vois la manière dont est traitée la question du travail...
La mort des 35 heures, entend on ici ou là. En tant que jeune cadre, j'étais opposé aux 35 heures, parce que je les faisais en 3 jours... Et que mon salaire ne progressait pas. Et aujourd'hui, pour en finir avec celles ci, on me demanderait de les faire en 2,5 jours ?
Je ne suis pas un homme de gauche. Mais je me sens incroyablement mal à l'aise à droite en entendant les explications de Jean-Frédéric Poisson, le député UMP auteur de cette loi. Avec un sentiment très fort : cet homme a t'il un jour travaillé en entreprise ? Peut être, je ne le connais pas, mais sans doute pas dans celle que je connais.
"Négociation", peut il y avoir négociations sereines quand Bosch menace de licenciement et délocalisation ? Peut il y avoir négociation quand tout est déjà verrouillé et décidé ? Au final, peut il y avoir négociations quand les intérêts de chacun sont autant divergeant ?
Je suis archaique, peut être. Idéaliste aussi (gauchiste ? non quand même... si ? merde alors...). Mais pour moi, la voie exprimé, en son temps, par le Général de Gaulle, celle de la "participation", me semble vraiment pertinente. Car il n'est pas possible, plus possible, que le cadre, mais aussi le technicien, l'ouvrier, se sente pressé comme un citron et ne voit aucune récompense de son effort. Quand dans le même temps son Directeur Général se vante d'avoir offert une Audi TT à sa femme pour Noël.
C'est totalement populiste ce que je dis ? Sans doute. Mais ne pas respecter ce salarié qui travaille et qui produit, c'est tout sauf libéral. Etant un libéral, je suis énervé d'entendre des Serge Dassault ou autres tenir des propos qui ne sont pas libéral. Mais plus néo-soviétiques. Un soviétisme où le pouvoir et les richesses ne seraient plus tenus par une poignée de hauts dignitaires communistes, mais par les copains de Dassault.
De mon hôtel à Nogent Sur Seine, j'avais une belle vue sur la place du village aussi... Mais j'en avais gros sur le coeur quand je me connectais sur mon ordinateur portable. J'allais sur des blogs qui me sont aujourd'hui interdits, mais surtout sur ma messagerie professionnelle. La personnelle, remarquez, m'offrait parfois de bons moments. Sauf quand... Enfin, bon...
Il m'est difficile, en ce moment, de me satisfaire de la situation globale. Ce matin, j'écoutais le maire d'une petite ville de l'est, un chiraquien, soupirant devant la fermeture de sa base militaire, 6 mois après avoir perdu son tribunal d'instance. Avec ce sentiment que des pans entiers du territoire se verront désertifier par la main d'une politique dont je me demande où se trouve l'impact positive dans la vie individuelle et collective de chacun.
Des salariés qui voient leur pouvoir d'achat se réduire drastiquement et qui ont le moral dans les chaussettes, des cadres démotivés, un classe politique, droite comme gauche, décrédibilisés et qui semblent être à 1000 lieux des préoccupations, peut être basiques, de chacun...
En tant que cadre, mais surtout en tant que citoyen, je suis inquiet. En tant qu'homme de droite, je suis inquiet de voir que le dogmatisme et le sectarisme (le même qui a fait les beaux jours d'Aubry, Guigou et Jospin) sont maintenant les leviers de la politique actuelle.
Je suis inquiet tout simplement... Heureusement que la France est jolie... Mon ancien boulot m'aura ammené dans de beaux endroits... Et cela aura fait de jolies photos pour un triste billet...