Une question comme ça, suite à l'article du Post parlant des syndicalistes de la SNCF qui se prépare à un durcissement de la grève. Et suite à l'intervention sur France Info de Bruno Duchemin, patron FGAAC-CFDT :
"Nous sommes dans l'obligation de faire une grève reconductible. C'est la base qui nous le demande. On est obligés d'y aller, sinon, les autres se diront: 'les cheminots n'y vont pas, alors c'est fichu'. On porterait une forte responsabilité en cas d'échec. La France nous regarde. On est habituellement ceux qui défendent les droits des Français. Nous ferons la grève la plus dure possible."
L'article du Post conclue de manière ironique : "Moralité: si vous êtes en galère dans les transports le 12 octobre prochain, c'est pour votre bien!". Il mérite peut être débat.
En ce qui me concerne, il y a plusieurs choses. La première est d'ordre "philosophique". Je me méfie des gens qui me veulent du bien contre ma volonté... Ces lois hygiénistes qui sont faites "pour notre bien", ces interdictions là encore "pour notre bien", etc, etc... Des fois, j'aime bien qu'on me laisse un peu vivre, et qu'on arrête de faire des choses "pour mon bien", qui m'emmerdent plus qu'autre chose.
C'est une réaction réactionnaire que j'assume. Que les syndicats cheminots fassent grève pour protéger leurs intérêts m'est tout à fait normal. Mais qu'ils n'emploient pas, par pitié, l'argument massue "on fait ça pour vous". Quand SUD fait grève à la SNCF le 23 Septembre pour "défendre l’accès gratuit des cheminots dans les trains", je vois difficilement en quoi mes droits sont défendus...
Ensuite, à propos du durcissement (logique) des mouvements de grève, je trouve ça aussi normal... L'exécutif s'y est mal pris, quoique l'on veuille dire. Les retraites ne sont pas sauvées (lire "le leurre et l'argent du leurre" de Nicolas). Et ce n'est pas être gauchiste que de considérer que la méthode a été calamiteuse.
Aujourd'hui, certains veulent faire plier le gouvernement moins pour des motifs syndicaux que pour avoir le sentiment d'une défaite de celui ci. Mais quand on gouverne à l'arrogance, en montrant des muscles qui veulent écraser l'adversaire, et en ignorant toutes paroles différentes, ce genre d'attitude est logique. Pénible car au final il n'est pas sur que le français moyen en sorte grandi, mais logique. N'était ce pas le président qui faisait remarquer que les manifestations en France : "plus personne ne les remarquait" ?
Après, cela n'empêche pas que certains rêvent du "Grand Soir", de cette grève générale qui foutra le bordel, l'anarchie, et mettra à pied le "gouvernement capitaliste ultra libéral" etc, etc... Il y en a pour qui la défense du salarié et du droit des français n'est qu'un prétexte à une lutte pour faire vaciller le pouvoir existant, et en mettre un autre à la place. Rouge de préférence.
C'est le jeu ma pauvre Lucette... C'est aussi le jeu que de trouver cela navrant et détestable, mais on n'y peut rien...
Jean-Pierre Raffarin a eu raison dimanche quand il a appelé le Président à l'humilité, au dialogue avec des syndicats français que je trouve pas irresponsables, quoiqu'en pensent certains. Je pense que l'on peut discuter avec un Chérèque, avec un Thibault, avec un Van Craeynest. Et je crois que Raffarin a raison : prendre les gens, les salariés, les syndicats, l'opposition, "de haut", c'est la pire méthode à employer.
Je commençais à réagir à la phrase "on fait grève pour les français", et j'en viens à parler de "la grève" d'une manière générale. Et de "la grève générale" en particulier, celle dont rêvent certains. A voir...
En tous cas, l'automne sera chaud...