Laissons la forme de coté. Le
conseil
de Manuel Valls à François Fillon, qui lui conseille
« s'imposer un
peu de silence, de réflexion », ne mérite pas grandes remarques de ma
part. Nous sommes dans le jeu politique. Et une nouvelle fois dans la
prétention de cette gauche nouvellement arrivée au pouvoir qui ne supporte
aucun commentaire négatif, aucune critique, aucune remarque. Surtout pas quand
elle provient d’une droite qu’elle juge illégitime et non crédible.
Pour n’importe quel pouvoir, une bonne opposition est une
opposition qui se tait. Les choses sont heureusement un peu plus compliquées
que cela…
A coté de ça, il y a le fond. Et sur le fond, en mettant de
coté toute l’arrière pensée négative et hautaine du nouveau ministre de l’intérieur,
je serai tenté de donner à François Fillon, et d’une certaine manière à la
droite, le même conseil. Le silence. Le recul. Etre moins présent. Pour
plusieurs raisons…
Une élection se gagne
quand des électeurs votent pour vous. C’est con comme évidence, mais les
derniers évènements ont montré que la droite avait oublié ce petit détail tout
con… Si on excite les électeurs, si on les énerve, si on dégoute ou si on les écœure,
ils votent pour d’autre. Ou ne votent pas.
Quoiqu’en
dise les soutiens inconditionnels de Sarkozy qui aujourd’hui refusent toute
critique, la campagne
UMP a été très mauvaise. Et l’électeur qui aurait été tenté de voter à
droite a préféré soit s’abstenir, soit voter à gauche (pour « sortir les
sortants ») ou à l’extrême droite.
En ce sens là, ceux qui sont hautement responsables des
dernières branlées de l’UMP seraient bien inspirés de s’imposer une cure de
silence. Au moins pour leur camp.
Je pense à
Jean-François Copé, dont la stratégie de petit clone insupportable de Nicolas
Sarkozy, a été un échec : sous sa coupe, l’UMP a tout perdu. Je pense
évidement à des personnes comme Nadine Morano ou
Rachida
Dati. Je pense enfin à toutes personnes qui, à droite, voudrait commencer
une opposition brutale et caricaturale, du style celle de la gauche lors du dernier
mandat. Parce que c’est trop tôt. Et
parce
qu’on risque d’écœurer l’électeur rapidement, et que le but n’est pas que l’opposition
paraisse plus détestable que le pouvoir en place.
Et je pense que l’électeur sera gré à la droite républicaine de s’obliger
une phase de silence, de réflexion. Les élections l’ont montré : les
français ne veulent plus d’eux. J’en suis malheureux car j’ai voté pour eux.
Mais c’est comme ça. Et les français (quelque part moi le premier) veulent voir
ce que ce nouveau gouvernement a dans le ventre.
Je pense que les français attendent, de la part de
la
droite, une attitude responsable.
Une
attitude digne. Je le mets en gras, digne, parce que je pense que c’est une
caractéristique qui manque depuis longtemps à cette droite dont je fais partie.
Aujourd’hui, les
éclats
de voix d’un Copé ou d’une Pécresse ne sont pas plus audibles qu’une leçon
hautaine d’un Xavier Bertrand.
Qu’ils
gardent leurs forces pour plus tard.
Revenons-en à François Fillon. Je souhaite qu’il joue
un rôle important au sein de la droite républicaine. Avec, autour de lui,
des gens sérieux, style Baroin,
Lemaire, des plus jeunes comme Wauquiez, Kosciusko-Morizet, Pécresse si elle se
donne plus de corps. Evidemment avec Juppé et Raffarin.
Et des plus
jeunes, qu’on ne connait pas encore,
mais qu’il faudra mettre en avant.
En ajoutant qu’il faudra que cette nouvelle génération soit différente
de tout ce qui était insupportable à droite. J’y reviens, mais des Dati, des Morano, des Lefebvre, des Copé, on n’en veut plus.
Le conseil de Valls est bon, quand on enlève tout cette
arrogance méprisante d’une gauche qui a tout gagné et aime à le rappeler. S’obliger à du silence. Prendre du recul.
De la hauteur.
Quelque part,
suivre
l’exemple d’un François Hollande qui s’est imposé en recours après être
sorti sous les
crachats
en 2007, et s’être mis lui-même hors du jeu. A coté de ça,
nous avons l’exemple d’une Ségolène Royal,
qui montre tout ce qu’il ne faut pas faire si on veut couler pour de bon après
une défaite. Elle ne s’est jamais arrêtée (les fêtes de la Fraternité et
autres excuses au nom de la France…), ce fut derrière festival de branlées. A
Reims, au primaire, et dernièrement à la Rochelle… J’ai l’impression que Copé
suit le même chemin.
Le silence et le recul est parfois une bonne chose. Et la
pause estivale est
aussi là pour ça.
Je suppose François Fillon sérieux. J’espère que ce modeste
conseil, de la part de quelqu’un qui lui veut du bien (à lui et à son camp de
pensée politique), lui parviendra…