Alors la
grève d’aujourd’hui, ça sera comme la
grève d’hier et d'avant hier. Je la regarderai à la télé, la suivrai sur Twitter, et regarderait sur les blogs que je fréquente les
jolies photos des cortèges.
Hier soir, vers 21 heures, alors que je lisais paisiblement dans mon lit, la lumière a disparu…
Plus de courant dans la maison… L’appli LEDfMaster de l’iPhone est délicieuse dans ce genre de cas… Le disjoncteur allait bien, ce n’était donc pas chez nous. Par contre, dehors et les maisons autour de nous étaient dans cette même pénombre hivernale. Donc…
Un coup de téléphone au village d’à coté, et à quelques élus, petite balade sur son Facebook sur l’iPhone, et on apprend que son quartier n’est pas seul dans le noir… Et que quelques villages tout autour se trouvent dans la même situation…
Merde, y a plus de courants dans le canton...Pendant un moment,
on se pose des questions. On imagine. On fantasme. On revoie l’image du gros monsieur barbu avec l’autocollant rouge CGT sur la parka jaune fluo, qui de manière pas caricaturale du tout exprimait son émotion devant «
la provocation des forces de l’ordre qui venaient évacuer ceux qui bloquaient tout à fait démocratiquement tel ou tel dépôt pétrolier ». Et on image qu’un autre pas caricatural du tout et emplie de même belle et tolérante intention, eut décidé de
couper le courant pour mettre quelques villages dans le noir… On imagine…
Et puis finalement, au petit matin, dans une maison glaciale sans eau chaude, on apprend via ses petits réseaux informels qu’un vilain souci technique a un peu mis le bordel. Ce matin ça doit être réparé :
je prendrai un bain chaud délicieux ce soir, sans scrupule…Je parlais, de manière caricaturale, de
l’image violente que prend la grève en ce moment. J’écoutais hier un Krivine parler de «
provocation » le fait d’envoyer des forces de l’ordre devant des lycées où quelques jeunes lumières avaient décidé de mettre chaînes et pneus devant les portails d’entrée de l’établissement. De la même manière que le gros bras du dessus parlait de «
provocation » devant des policiers qui venaient, les méchants, débloquer
les blocages…
«
Provocation » en réaction à d’autres «
provocations », qui elles même faisaient sans doute suite à des «
provocations » gouvernementales… Et tout ce petit monde de parler, unanimement, de « provocation ». On en pleurerait presque en sortant de la cour de récréation…
Cela va de soit que si certains rêvent d’un nouveau Mai 68
(cela fait 40 ans qu’à chaque début de grève, on parle d’un « nouveau Mai 68 », il finira bien par arriver…), je n’en suis pas. Oh, je ne cauchemarde pas non plus, et ces coups de force ne me font pas peur. Ils ne me rassurent pas non plus. Mais voilà, la situation en est là aujourd’hui.
Radicalité de tous les cotés. Du coté de ce
gouvernement méprisant et de son UMP, du coté de l’opposition caricaturale et de la
rue revendicatrice. Jusqu’où cela ira ?
Si j’avais un pari à faire,
je pense que radicaliser et rendre le mouvement plus violent sera une erreur pour ceux qui manifestent contre cette mauvaise réforme des retraites. Je pense que les images de détritus et
ordures ménagères s’amoncelant dans les rues de Marseille, ou les prises de paroles franchement ridicules et affligeantes de certains collégiens ravis de faire péter les cours à
quelques jours des vacances, rendront vite impopulaire ces mouvements. Et que le mouvement de force risque de se retourner dans la tête de ceux qui soufflent sur les braises.
Ce serait presque dommage. Je me
sens concerné par cette réforme des retraites, injuste et est mauvaise. Mais la méthode de contestation radicale et violente l’est tellement plus… C’est mon avis. Confirmé en écoutant, autour de moi, certaines personnes pas franchement coupables d’être des proches du pouvoir en place. Mais je peux me tromper maintenant, ça ne sera pas la première fois…
Cette après-midi il y aura encore une manifestation. Ce soir, j’écouterai les uns et les autres. Rapidement :
je connais déjà le discours entre une UMP qui rappellera que force doit rester à la loi, que le mouvement s’essouffle et que de toutes façons il faut faire une réforme que « la gauche est incapable de faire », et une opposition et un mouvement syndical qui appuiera sur l’autisme du pouvoir qui n’entend pas la colère du peuple qui résonne toujours aussi fort. et qui en plus a
le réservoir de gasoil vide... Et on rigolera, ou soupirera, devant la
guerre des chiffres... J’écouterai, et puis on verra la suite.
La suite en tous cas ne risque pas d’être plus joyeuse…