Alexis Corbière, député de la vraie gauche, homme public qui
ne se lasse pas de prendre la lumière, vient de poser une bonne question. La « sphère
privée » peut-elle nous protéger de tout ? Est-elle une excuse
valable, encore plus lorsque l’on prétend être, en plus d’être un homme
politique et élu de premier plan, une vigie morale qui donne des leçons sur
tout et à tout le monde ?
Hier, Michel Onfray dissertait sur Alexis Corbière qui
arbore dans son domicile un portrait du très démocrate Lénine. Et posait à la
toujours très délicate Christine Angot la question simple de savoir en gros si « 100
millions de mort quand on est de gauche, ça passait mieux ou pas que si on est
de droite ? ».
Alexis Corbière s’est fendu de ce tweet hallucinant pour se
défendre de ce qui n’est pas une attaque, mais une information.
Il est important de rappeler que le Alexis Corbière qui
insulte les journalistes et ceux qui le critiquent est de ceux qui idolâtre des
gens qui ont beaucoup de morts sur les
mains (Robespierre, Lenine, la gauche sud américaine…). Et des morts qui sont
morts pour crime de ne pas partager les mêmes idées.
Alors soit. On peut avoir le droit d’avoir pour idole Lenine,
Castro ou Robespierre (cet impuissant fievreux qui sous couvert de liberté créa
la solution finale, et génocida la Vendée comme le chante Serge Lama). On peut.
Mais on peut trouver ça détestable. Considérer que massacrer au nom de l’Islam,
du christianisme, du nazisme, du fascisme, c’est aussi détestable que de le
faire au nom de prétendue idéologie de gauche.
Et on peut se poser la question sur cet argument de défense
de « la sphère privée ». Surprenant argument…
François Fillon se fait offrir des costumes par un ami ?
Mais c’est dans la sphère privée ! Jean-François Copé passe des après midi
piscine avec Takiédinne ? Mais c’est dans la sphère privée ! Marine
Le Pen valse à Vienne avec des néonazis ? Mais c’est dans la sphère privée !
Trois exemples qui me sont venus en tête, et qui ont provoqué l’indignation de
la vraie et belle gauche. Trois exemples d’ailleurs qui n’ont rien d’illégaux légalement
en soit. Moralement, ils peuvent surprendre.
A-t-on le droit de connaitre la personnalité de celui qu'on élit ? Dans la vidéo,
Michel Onfray pose la question. Un élu qui aurait dans son domicile un portrait
de Franco, de Mussolini, de Pinochet, cela ne mériterait il pas d’être connu du
grand public ?
Et cette sphère privée, protège elle de tout ? Je sais
qu’à l’époque certains disaient que les choses s’arrêtaient à la porte de la
chambre à coucher, mais d’autres ont révélé que savoir ce qui se passait dans
la sphère privée avait justement un impact sur ce qui est public. Je me
souviens du « délit d’initiés » de Guy Birenbaum qui démontrait que
la connaissance de ce qui est justement « privé » pouvait permettre
de comprendre l’action publique.
Je n’ai pas forcément une réponse très claire sur savoir si
la sphère privée protège de tout. En tous cas, je trouve la défense de Corbière
maladroite. Un responsable politique qui dans son intimité privée qui vénèrerait
Ben Laden ou Hitler, cela me paraitrait important de le savoir.
Et elle me parait encore plus maladroite car elle valide
cette philosophie (incarnée par la réaction hallucinante de Christine Angot
dans l’extrait) que l’extrémisme et le fascisme de gauche est plus acceptable
que celui de droite, justement parce qu’il serait « de gauche ».
Michel Onfray a raison, Ché Guevara est peut-être plus cool que Franco, mais
entre Mussolini, Mao, Castro, Saddam Hussein ou Ben Laden, y a pas forcément de
débat.
Sphère privée peut être. Mais cette vraie gauche insoumise n’en reste
pas moins effrayante…