48 heures plus tard, je ne sais si je dois penser qu' "il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis" ou qu' "en suivant le sens du vent on a le destin d'une girouette". Mais 48 heures plus tard, mes sentiments sont différents de lundi. Je reste en phase avec une grande partie du billet, mais sur l'affaire Marine Le Pen, j'ai évolué.
Le malaise que j'ai ressenti est un peu moins grand. Même si je pense qu'il y a une part de politique dans ce jugement, force est de constater qu'elle n'a pas fait amende honorable (à la différence du Modem) sur ce qui lui a été reproché, et même qu'elle l'assume. En une des principales Maitre d'Ouvrage de ce système. Ce matin en allant au bureau je pensais à une personne que j'apprécie énormément, Alain Juppé. Il a morflé. Injuste ? Pas forcément. Dur assurément. Et la justice peut l'être.
Après, la justice permet un appel assez rapide. Bien plus que pour un justiciable normal. J'ai du mal à imaginer qu'avec une même défense le verdict soit différent. Mais le fait que la deuxième chance est présente.
Enfin, "si la loi ne nous plait pas changeons la loi", c'est un peu gonflé, mais autorisé quand on est député. Je lis que le sémillant (et traitre) Eric Ciotti veut supprimer l'exécution provisoire, soit. Il est dans son rôle, il fait de la politique (lui a le droit, le juge un peu moins). Mais la ficelle est grosse. Pourtant, ça pourrait passer (et de fait sauver Marine Le Pen).
Mais quelque chose a évolué chez moi. Marine Le Pen et des gens de son parti ont fait quelque chose de condamnable. C'est clair pour moi et ça ne mérite pas débat.
Sur mon billet de lundi, il y a une chose que je n'ai pas dit, et que je pensais pas et ne pense toujours pas. Pour moi Marine Le Pen n'est pas une victime. C'est une actrice de la vie politique, qui est une série Netflix aux épisodes inégaux.
J'enseigne les scénarios dans un domaine technique où je suis expert, et explique qu'un scénario a trois actes. Une inclusion où on présente les protagonistes et l'évènement déclencheur qui va faire basculer son existence, et lancer le scénario où le héros va essayer de sauver ce qu'il doit sauver, ou atteindre son objectif. A la fin la conclusion, belle ou moins belle (Avenger infinity War se conclue par le clac de Thanos, la moitié des êtres humains en cendre). Et au milieu le corps du scénario, avec les aléas (sans quoi le film ou la série serait linéaire est chiante).
Marine Le Pen et le RN ont rencontré un aléa, dans une série où ils ont espéré être acteur. Comment vont ils réagir ? Suite du scénario, prochain épisode...
A la fin de House of Card, le président Underwood a été remplacé par sa femme. L'acteur qui jouait le rôle est tombé sur l'aléa Metoo, donc le scénariste a trouvé un tour de passe passe pas génial pour mettre Claire à sa place. Sa donne une fin de série bâclée, mais soit.
Peut être Marine Le Pen laissera la place à un autre personnage.
De toutes manières, à deux ans d'une élection, à part en 2020 nous n'avions pas le nom du président. Delors, Balladur, Jospin, DSK, Juppé, Fillon auraient du être présidents.
Pour autant, je reste mauvais joueur sur 2017, et le "mur des cons" est une blessure qui laissera des traces. Et je garde des doutes sur une justice qui peut faire de la politique, et sortir de la séparation des pouvoirs.
48 heures de réflexion, c'est bien. Mais un billet écrit à chaud, c'est bien aussi.