Hier, j’écrivais un billet où je faisais le vœux un « front
républicain » (même si le mot m’énerve et le concept me dérange) face aux
deux Fronts cousins. National ou de Gauche, je trouve que les amis des
dangereux Mélenchon et Le Pen ont la même nocivité. Cela implique les voir
loin du pouvoir, où ils pourraient faire vraiment très très mal, que les partis
républicains soient irréprochables, dignes, efficaces quand ils sont au
pouvoir, respectueux de leurs engagements, des électeurs, des valeurs
républicaines. Egalement respectueux entre eux.
Mais ce vœux n’a pas duré plus d’un dimanche, puisque l’élection
dans l’Oise m’a enlevé mes quelques « illusions » (si j’en avais
vraiment). Dans ce deuxième tour entre un candidat UMP et une candidate FN, les
électeurs qui avaient voté à gauche au premier tour ont massivement voté Front
National au deuxième. Les faits sont là : ces derniers préféraient un
député FN à un député UMP.
Je ne peux pas leur en vouloir : ces derniers temps,
sur un deuxième tour entre un candidat gauche républicaine (c’est-à-dire pas
FdG ou PdG) et un candidat FN, les électeurs de droite républicaines avaient
eux aussi tendance à préférer le deuxième au premier.
Pas de réactions de ma part, simple constat.
J’ai beaucoup aimé le billet d’Authueil, intitulé : « L’Oise,
le PS et le FN… ». Pertinent et percutant, comme toujours…
Mancel fait 11 073 voix au premier tour, 13 909 au deuxième. La candidate FN, c'est 7249 au premier tour et 13 120 au second. Elle gagne près de 6000 voix entre les deux tours. On peut se demander d'où viennent ces voix. Mancel ne gagne que 2836 voix entre les deux tours, quand la candidate socialiste faisait 5828 voix au premier tour, la candidate Front de gauche 1811 et une candidate d'extrême gauche 428. Ça fait 8067 voix bien marquées à gauche. Où sont passées c'est 5231 voix de gauche qui ne se sont pas reportées sur le candidat UMP, comme cela avait pourtant été demandé par les responsables nationaux du PS ? Certes, une partie d'entre eux a pu choisir de rester à la maison, et ont été compensées, dans les chiffres de participation, par des abstentionnistes du premier tour. Mais ça ne fait le compte pour autant. Il faut bien se rendre à l'évidence, des électeurs qui ont voté à gauche au premier tour, ont voté FN au deuxième. Et dans une proportion non négligeable.Cela éclaire d'un autre jour les commentaires parisiens, et les cris d'offraies des "braves socialistes" qui couinent quand une trentaine de députés UMP applaudissent à une intervention de Marion Maréchal, et qui cherchent la moindre petite chose pour prouver une collusion entre le FN et l'UMP. Sur le terrain, des électeurs de gauche votent FN dans un duel UMP-FN. J'attends leurs réactions, et je pense que je peux attendre longtemps.
J’ai toujours pensé qu’il était dans l’intérêt du PS d’avoir
un FN fort. Quand le FN fait 10 % et que la droite républicaine en fait 40%, c’est
cette dernière qui est au pouvoir. Quand le FN monte à plus de 20% et que la
droite républicaine tombe au-dessous des 30%, c’est la gauche qui gouverne.
Alors j’ai pensé, au début du mandat, que Taubira à la
justice, que le vote des étrangers évoqués assez régulièrement, que Désir à la
tête du PS, tout ça concourrait à un encouragement à l’électeur de droite
classique de voter FN. Ca fera toujours ça de moins pour la droite
républicaine, auraient pu penser les mauvais génies de Solférino. J'ai pu penser ça, mais je me demande si quelque part je ne me suis pas trompé.
Les choses ne sont peut-être pas si simple que ça. Instrumentaliser
le FN n’a pas toujours été une bonne idée pour la gauche, cf le 21 Avril 2001.
Et puis sur ce coup-là, les électeurs de gauche ont décidé de voter comme ils
le voulaient, sans suivre les « consignes électorales », ceux dont j’ai
toujours pensé qu’elles n’étaient que du vent : l’électeur n’est pas un
militant, il est libre et de fait incontrôlable.
Des électeurs qui ont voté Chirac et Sarkozy ont en 2012
voté Hollande, surtout par réaction au dernier président de la République. La
prochaine fois, probablement ne revotera t’il pas Hollande ? Vers qui ira-t-il ?
Mélenchon ? Le Pen ? En tous
cas, les appels des QG parisiens, il en aura rien à carrer…
Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que ce
weekend, il s’est passé quelque chose. Qu’on est entré dans une autre phrase. Entre
ces reports de voix de la gauche vers le FN, entre les histoires Sarkozy et
Cahuzac, les déclarations outrancières et ordurières de Mélenchon et de
certains de ses partisans zélés, entre aussi les débordements lors de la
manifestation contre le mariage homosexuel et le zèle particulier des forces de l’ordre…
Je me trompe peut être. Mais ce weekend, on en reparlera
peut être comme d’un jalon…