Durant mes vacances d’été, j’ai eu la chance d’être taggué par l’
ami Mathieu. Une chaine très belle, et qui évoque beaucoup de choses personnelles pour moi. Je ne voulais pas y répondre d’une chambre d’hotel, rapidement entre deux visites. Parce que le sujet compte trop pour moi, il est sensible. Très sensible.
Cette chaine nous invite donc, très simplement, à réfléchir sur «
les relations amoureuses entre personnes n'ayant pas les mêmes opinions politiques ». En gros, le Privilégié me demande si j'aurais pu entretenir
une relation amoureuse de longue durée avec quelqu’un qui ne penserait pas comme moi, qui ne voterait pas comme moi…
D’abord, difficile de commencer l’exercice sans mettre en avant
la relation présidentielle entre Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Oui, c’est people. Oui, c'est cliché. Oui, c'est con...
Mais bon, avant qu’ils soient ensemble, nous pouvions caricaturer Carla comme égérie d’une gauche bobo caviar, et Nicolas comme le président d’une droite atlantiste, dure, ultra libérale. Et pourtant ils se sont mariés. Si j’en parle en préambule, c’est que j’y reviendrai, à cette relation qui m’a touché plus que politiquement parlant…
C’est une question difficile, car on ne peut pas y répondre
sans mettre son cœur sur la table…
En ce qui me concerne, le postulat de base est clair.
Je suis de droite, ingénieur avec formation scientifique et industrielle. Une culture artistique proche de zéro. Je suis un provincial de Provence, je regarde le foot en buvant des bières et je mate des dessins animés sur ma PlayStation 3. Est-ce que j’aurais pu
(j’utilise le passé car la question ne se pose plus aujourd’hui) tomber amoureux d’une fille de gauche, cultureuse littéraire n’y connaissant rien en foot ? La réponse est oui. Parce que mon histoire personnelle me le prouve...
Il y a un premier point sur ce billet, c’est la théorie. Je trouve que
dicter ses sentiments en fonction de son bulletin de vote, c’est dommage. C'est con aussi, mais je ne jugerais pas : certains ne peuvent concevoir de fréquenter des gens ne votant et ne pensant pas comme eux. Moi, quelque part, je serais désespéré de n’être qu’avec des mêmes gens que moi.
Mes amis et relations, sur le web mais aussi la vraie vie, votent pour un peu tout le monde. Ils ont des idées que je juge parfois d’une bêtise absolue, et j’imagine que la réciproque est vraie aussi. Pourtant, ceux sont des gens que j’aime. Qui m’enrichissent, me réconfortent, m’apprécient aussi je crois, et qui me permettent d’être heureux et, je crois, équilibré. Ils ne votent pas toujours comme moi et ne sont pas forcément fan de l’Olympique de Marseille ? Qu’importe…
Imaginer un monde où je ne serais qu’avec des clones de moi, qui acquiesceraient à toutes mes paroles pas forcément saines ? Non, je ne supporterais pas… Et idem dans une relation amoureuse, être avec mon double, mon miroir, je trouve que ça serait affreux. Aussi car je me connais un peu, et je crois que je ne m’apprécierais pas forcément si je me rencontrais dans la rue…
Ensuite, la
question sur les relations amoureuses. J’ai parlé au départ de Sarkozy, car quelque part je lui ai longtemps ressemblé sur un point.
La fascination d’une certaine gauche : celle de la mitterandie, de la culture, de l’intelligence. Caviar ? Peut être aussi.
Il y a un épisode de ma vie qui m’a marqué. Un secret pour personne parmi mes proches. Décembre 2001, quelques jours entre Noel et le Jour de l’An. J’étais à Bruxelles voir ses amis que j’aime tellement, à l’invitation d’un que je n’oublierais jamais. La journée est belle, et le soir je me retrouve seul avec une amie que j’aime vraiment. Tout mon contraire, sur bien des choses. Une professeur de français latin grec histoire etc… Pas de math ou de sciences non. Avec un talent artistique réel
(je ne sais dessiner que la tête à Toto). Une fille de gauche, élevée dans la Mitterandie. Un père ancien député socialiste, grand élu local. Proche de Laurent Fabius, et voisin de Jack Lang. Et cette fille, c’est une de mes meilleures et plus proches amies.
Je parle de la fascination de cette culture, que je place forcément de gauche
(en me trompant peut être ?)… Le dimanche, elle m’amène au musée d’art Royal de Bruxelles. Et moi, le con, l’inculte, je passe un moment extraordinaire avec cette amoureuse de l’art flamand et du Nord de l’Europe. Bosch, Bruegel… Elle m’explique tout. Le style de peinture de l’époque, l’art de la nature morte, ces représentations de la bible dans les plaines d’outre Quiévrain… et moi, je suis bercé, franchement bercé. Et franchement conscient aussi que mes limites culturelles et intellectuelles ne sont décidément pas bien loin...
Je me souviens surtout du retour en train. Bruxelles Avignon avec un arrêt à Lilles
(utile pour poster une carte postale à... soupir...). Et de l’immense tristesse que j’ai ressentie à ce moment là. Pour deux raisons. La première est probablement d’ordre purement personnel, et un peu sentimental. Peut être qu’à ce moment là, mon cœur à battu d’une manière différente, et que le départ et mon impossibilité de dire ce que je ressentais me rendait triste. Mais je crois que c’est surtout ce constat d’infériorité qui m’a profondément blessé. Je me rendais compte ce que je savais déjà : j’étais un inculte, un idiot. Parce que ma formation, parce que mon histoire… A l’époque, j’aurais pu lui parler sans doute de l’histoire de l’OM, des différents cépages employés dans le Bordeaux ou le Côte du Rhône. Par contre, j’aurais été incapable de lui parler peinture, de lui raconter l’œuvre de Dante. Dante, c’était pour moi Hadès des chevaliers du Zodiaque... Loupé mon con, c’était un poète aussi…
Non, lors de ce retour, j’avais mal au ventre, mal au cœur… Mal de me savoir nul. J’étais vraiment, mais vraiment, pas bien… et pourtant, ça reste aujourd’hui un de mes plus beaux souvenirs.
Oui,
j’ai toujours été fasciné par ce monde que je ne connais pas, dont je ne suis pas. Je fais des amalgames probablement, en accolant monde de la culture et de la littérature, et monde de gauche. Mais c’est vrai que j’ai longtemps été fasciné, je répète ce verbe mais je n’en ai pas d’autre, par ce monde là. Tout en étant heureux de faire parti du monde qui est le mien, même si quand je n’ai pas le moral les soupirs s'envolent…
Amoureusement parlant, j’ai une histoire qui est aussi plate que la Picardie. Pourtant, parmi les filles qui ont bien voulu de moi, je constate que ce furent essentiellement des scientifiques au début. De droite ? Peut être, je ne leur ai jamais demandé leur bulletin de vote. Puis j’ai l’histoire qui m’a marqué, avec une littéraire. Celle de la carte postale de Lilles tiens... Celle sans qui ce blog n'existerait pas.
Elle m’a marqué, c’est vrai. Dans tous les sens du terme… Est-ce que si l’histoire avait continué, ça aurait pu marcher ? Je ne sais pas. Mais factuellement, je ne pense pas. Parce que différence d'age (plus jeune que moi), parce que pleins de choses qui, je pense, n'ont finalement que peu de choses à voir avec la question. Notre monde n'était pas le même, notre bulletin de vote non plus, mais je pense que l'on partageait beaucoup de valeurs communes. Enfin, je pensais...
Mais je crois quand même que s’il n’y avait pas eu d’autres choses en tous cas, nous serions restés de très bons amis. Mais non…
Pour revenir à la question de base,
non ça ne m’aurait pas dérangé d’avoir une petite amie qui ne pense pas comme moi, qui ne vote pas comme moi. Aussi parce que je crois que si on a des valeurs communes
(et certaines sont communes à la gauche et la droite, je n’ai jamais cru que la justice, la morale, le respect et l’humanisme étaient des valeurs uniquement de gauche), qu’importe le bulletin de vote. Par contre, je pense que
je n’aurais pas pu être avec une personne sectaire et intolérante, ayant la prétention de tout savoir ce qui est bon. Même si elle pense la même chose moi d’ailleurs…
Aujourd’hui,
la question ne se pose plus. C’est pour ça que j’emploie le passé dans ce billet. La question ne se pose plus. Ce qui est amusant, c’est que Falconette sort d’études littéraires, même si son métier est plus en relation avec les chiffres et les entreprises. Sa culture n’a rien à envier à personne. Et sa sensibilité non plus. Elle n’est pas politique, ni politisée, ce qui ne l'empêche pas d'avoir des avis et des analyses très pertinentes. Elle vote parfois comme moi, parfois pas comme moi. Et des fois on est d’accord, des fois pas. Je supporte l’OM, elle supporte les Verts, en plus de me supporter moi. Et rien que pour ce dernier point,
elle mérite énormément de respect et de remerciements…
Et des choses que je ne dirais pas sur ce blog.
En conclusion, et pour être cliché jusqu’au bout,
ce n’est pas le bulletin de vote qui doit guider les relations entre les gens, c’est juste le cœur. C’est con, c’est cucu la praline, mais c’est comme ça.
Et je me dis que merde, c'est la conclusion du billet, de la question... Et je me trouve bien bête de ne pas savoir faire mieux pour conclure. Matthieu, excuse moi...
(^_^)Il parait qu’il faut toujours continuer à tagguer quand on a fini le sien. Ca fait du bien à la perle en plus, de continuer le tag… Je ne sais pas trop qui inviter, tellement on déjà répondu… Je ne vois pas mes copines non politique Chibi et Alayia, je les taggue. Je ne vois non plus le copain marseillais de Mulhouse ou l’Oréade centriste. Je les embarque aussi dans ce délire. Et tiens, si Nicolas Dupont Aignan ou Alain Juppé répondaient à cette question, ça rendrait honneur à notre professeur d’histoire préféré.Merci Mathieu, tu as lancé un beau tag.PS : les dessins sont d'un peu tout le monde. Ceux sont des dessins d'animé, dont un dessiné par une amie que j'aime beaucoup. De dessin animé japonais, sauf le dernier...