J’allais oublier qu’on est le 21 Avril…
Je suis incroyable. Je ponds de bon matin un billet qui évoque ses
pratiques politiques qui insupportent et qui donnent des 21 Avril… Et j’omets que justement,
nous sommes aujourd'hui un 21 Avril. Heureusement qu’un
excellent billet de Didier Goux me le rappelle…
Il y a quelque chose de bizarre dans cette date. Parce qu’il y a
des souvenirs personnels assez fort, d’une époque qui m’est chère. D’abord, c’est ma
première élection en tant qu’élu local. Où je suis assesseur dans le bureau de vote de mon village d’enfance. Celui qui me donnera mon pseudo et le nom originel de mon blog, le Mont du Faucon.
Ensuite, c’était
personnellement un joli printemps. Pas parce que Chirac a gagné et le Parti Socialiste en lambeau, non. Quelque part, je me demande après coup si je n’aurais pas préféré un quinquennat socialiste. Cela nous aurait évité Sarkozy – Royal quelques années plus tard, peut être… Non, cette période était printanière, heureuse…
Il y a des dates qui marquent. Cette année 2002 en aura eu beaucoup de dates. Le 21 Avril. Ensuite le 26 Avril. Une centrale nucléaire russe avait fondu quelques années plus tôt, mais cette année là c’était un cœur, qui n’était pas de réacteur, qui allait fondre… Quelques kilomètres là où le nuage soviétique s’était arrêté d’ailleurs… Et plus tard, il y a aura le 12 Juillet, et puis Octobre et l’arrivée d’un personnage important dans le film de ma vie… Mais ça c’est un autre histoire…
Non, aujourd’hui nous sommes le 21 Avril. J’avais écris
un billet le 21 Avril 2005 à ce sujet. Mon blog était jeune et moi aussi. Je le relis, et… Et il n’a pas le talent du premier billet cité plus haut, c’est dommage. Mais y avait ces deux idées principales sur lesquelles je n’ai pas évolué.
D’abord,
je continue à ne voir aucune différence entre le sectarisme de l’extrême droite et de l’extrême gauche. Et avoir vu à la télé Besancenot et ses copains nous donner des leçons de républicanisme durant cet entre deux tours, cela m’a été insupportable. Au moins Arlette Laguiller, qui n’a donné aucune consigne de vote, a été cohérente…
Et ensuite,
les manifestations d’entre les deux tours, contre un candidat qui n’avait volé aucune voix qui s’étaient rabattus sur lui. Il y avait ce coté ridicule que moque Didier dans son billet. Ces «
Bernadette Soubirou éplorées s'étaient muées en d'implacables Rosa Luxembourg – Louise Michel bien nourries offrant leur mamelles tentantes en barrage au mufle du fascisme ».
Pour continuer à citer Didier, car il est divin
son billet : «
De fascistes, nous ne vîmes pas un seul mais nous ne manquâmes pas de Jean Moulin pour nous débiter leur petite farine. Ce fut la grande chaîne de la fraternité inutile, les militantes acnéiques du jour donnant la main aux vieillardes gauchistes, exténuées de combats rêvés puis perdus. Enfin, ayant assez arpenté les chaussées et les trottoirs, on se rangea sagement à l'avis des états-majors, lesquels s'égosillaient au sursaut contre la bête rampante qui relevait la tête (pas confortable comme position : essayez, rien qu'une minute). »
Derrière la moquerie, il y a un message auquel j’adhère. De la même manière où Didier
moquait ce
No Sarkozy Day où certains aimaient à lancer ce message comme quoi nous vivions «
dans une terrifiante dictature auprès de quoi le Chili de Pinochet ressemble à une garderie Ikéa ».
Il y a une question éternelle sans réponse :
doit-on combattre l’intolérance par l’intolérance ? Est-ce bien moral de combattre le mal par le mal ? Entre ces deux tours de 2002, nous avons vu déferler dans les rues certes des messages d’amour envers la république
(et c’est bien), mais aussi des messages de haines envers des électeurs, envers des personnes politiques
(des appels au meurtre, etc…), et ce en toute impunité. C'est moins glop...
J’ai beau être frontalement en désaccord avec la doctrine frontiste
(de droite je parle, on parlera du Front de gauche un autre jour, y a un excellent billet de Toréador à ce sujet), mais y a quelque chose qui m’a gêné dans cette période…
Enfin, il y a l’analyse politique. Ce que je pense, c’est qu’aucune leçon n’a été tirée de cette époque. Les
dernières élections ont validé une forte montée de l’abstention, et le retour des partis extrêmes. Et en allant plus loin,
est un progrès d’avoir accouché d’un deuxième tour Sarkozy – Royal, cinq ans après le 21 Avril ? Est-ce un progrès… ?
Dans mon billet de ce matin,
Nicolas me fait remarquer
(me reproche) que je ne peux pas m’empêcher de taper sur le Parti Socialiste quand je critique un membre de l’UMP. Il n’a pas tort. Et je crois même qu'il a raison : viser une seule "cible" à la fois, c'est mieux.
Malheureusement, quand j’écris un billet pour taper sur une star du Parti Socialiste
(Montebourg et Peillon sont parmi mes cibles préférés), je dérape toujours par une critique de l’UMP en milieu de billet. Parce que c’est comme ça, et parce que j’ai du mal aujourd’hui à voir Lefebvre sans penser à Peillon, à voir Montebourg sans songer à Besson…
Et quelque part le souci est là en parlant du 21 Avril. Critiquer le gouvernement et ses pratiques, c’est bien et ça soulage. Mais je n’arrive pas à imaginer que la situation serait différente aujourd’hui si c’était Royal présidente de la République et Vincent Peillon premier ministre. Je me trompe peut être, mais c'est ce que je ressens.
Il n’est pas joyeux ce billet, car je n’arrive pas à l’être.
Je n’arrive pas à penser que nous avons touché le fond du fond le 21 Avril, car je me dis que le pire parait encore à venir. Je n’ai aucune confiance en la classe politique nationale actuelle. C’est poujado et franchement très con ce que je dis, mais c’est malheureusement sincère…
J’ai l’impression d’avoir en face de moi des hommes de médias, d’affaire, de communication… mais pas des hommes d’Etat. Et malheureusement, le deuxième tour de 2007, plus proche d’une star academy que d’une élection présidentielle, en était le summum.
J’espère juste me tromper, et que le 21 Avril ne restera qu’une date… Je crains quand même qu’il ne faille rajouter, dans le livre des souvenirs, un futur 22 Avril…
Mais j’imagine que comme dans les camps de Chirac le champagne a été débouché le 21 Avril, Solférino ne fera pas la gueule si le tsunami vient en sens inverse… Match nul 10 ans après ?
On verra bien…Mais un peu peur de la suite quand même…
(en photo, images depuis mon bureau de vote de l’époque…)