L'interview de
Brice Hortefeux a ce titre plein de morgue et de prétention : "
le pire serait de ne rien faire". Tout ça à propos de la
merveilleuse réforme territoriale...
Quel manque de bon sens... Non,
le pire c'est de faire des conneries aux conséquences graves. Changer pour changer, quand ça n'apporte pas quelque chose de positif, c'est idiot. Dans ce cas, autant ne rien faire...
C'est dans ce genre de cas que je soupire terriblement, et que je me dis que décidément,
avoir été Maire de Neuilly, c'est pas comme être Maire de Saint Laurent des Arbres ou de Aurec Sur Loire. Et que peut être connaitre un peu plus la "France profonde" avant d'atterrir à l'Elysée, ça n'aurait pas forcément été un mal.
Et oui, la France des ploucs qui vivent loin de Paris est un peu importante aussi. C'est celle notamment qui va se prendre de plein fouet 1
0 % d'augmentation d'essence pour sauver la planète, mais qui ne peut pas bénéficier d'un métro, d'un tramway, ou pour qui les 30 km de colline qui permette d'aller au boulot sont trop importants pour les faire à vélo. C'est pas Neuilly, c'est pas Paris...
Je partage totalement l'
opinion d'Alain Juppé sur la réforme territoriale (
ainsi que les positions de mes copains Arnaud et Alicia). Des cotés positifs.Que des élus du canton siège à la région la rendra pour le tout un chacun moins lointaine et moins "apparatchik". Plus concrète.
Par contre,
la suppression de la Taxe Professionnelle, impôt peut être injuste, est une
catastrophe. En plus d'être
ce foutage de gueule que dénonce l'ancien Premier Ministre bordelais...
D'abord,
la suppression se traduira forcément par une ponction plus importante des ménages. C'est encore
la classe moyenne qui va faire les frais de la décision qui vient de tout en haut. Pour que la communauté de communes Rhône Cèze Languedoc, c'est pas Neuilly là encore. Et parce que ceux qui y sont élus, ceux ne sont pas ces énarques qui pullulent dans les cabinets élyséens sans rien connaitre à la France des provinces et des villages...
Et puis un exemple concret, du vice président d'une communauté de communes que je suis. Actuellement, nous sommes dans des investissements lourds pour l'aménagement d'une grande zone d'activité. J'en suis ravi. Des entreprises sont prêtes à venir, mais forcément les investissements dans les infrastructures seront prises globalement par la collectivité. Là, nous ne savons pas quelles seront nos ressources prochainement. Et lors de la dernière réunion, parmi les vice présidents,
il y a eu franche réticence à continuer à dépenser et investir sans connaitre le retour sur investissements. Réticence de la part de libéraux et de personnes de droite.
Pour ma part, il faudrait aller de l'avant, mais je comprends bien la logique qui prévaut. On investi aussi car on sait que la TP généré va permettre de nous refaire une santé. Là, on sait qu'on créera de l'emploi. Qu'on générera aussi des nuisances. Mais le retour ? Pour la communautés de communes, il est inexistant...
J'ai eu une discussion avec quelques élus du Gard et du Vaucluse : ils se posent les mêmes questions.
Avec à la clef l'arrêt de tous les programmes d'investissement économique ? Bravo les intelligents de l'Elysée... La suppression de la TP risque donc d'avoir deux conséquences extraordinaires : augmentation des impôts locaux sur les classes moyennes, et arrêt de l'aménagement du territoire économique. Bravo encore, les intelligents de l'Elysée...
Venez en Province un peu, venez dans les villages. Vous verrez, les ploucs que nous sommes ne sont pas méchants. Mais
ils sont comme la classe moyenne, ils en ont juste un peu marre de se faire prendre pour des cons...
(2 photos sur mon billet... Deux villages. La Roque Sur Ceze dans le Gard, et un village dans la Chartreuse... Parce que la France, c'est pas uniquement Neuilly et la Défense... )