J’avais fait la semaine dernière un modeste exercice de réflexion
(/mode prétention pédante on) sur
la démagogie. La définir, et savoir ce qu’était ou non une pratique du pouvoir démagogique. Petite discussion derrière, joli billet. Youpi vive les blogs.
Aujourd’hui, j’apprends que
Jean-Luc Mélenchon est invité à se faire servir la soupe par Michel Drucker ce dimanche. Olivier Besancenot y est allé, alors pourquoi pas le chef du Parti de Gauche… Il n’a pas insulté Drucker, donc il aurait tort de ne pas l’inviter.
Recherchant des réactions sur ce futur grand moment de télévision
(devant lequel je serai absent…), je suis tombé sur
Jean-Paul Huchon : «
Son langage est proche de celui de l'extrême droite, mais c'est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d'extrême gauche ». Si Jean-Paul Huchon, un honorable président socialiste, le dit, je n’oserai pas dire le contraire
(en plus je le pense aussi)…
Une réaction quand même :
l’utilisation du mot « Populisme »… Y aurait il
du Xavier Bertrand dans les paroles de Huchon ? Puisque « populisme », pareillement à « démagogie », n’est ce pas un mot galvaudé, sur-utilisé ?
Dans sa
définition Wikipedia, il est défini le populisme comme suit :
« Le populisme met en accusation les élites ou des petits groupes d'intérêt particulier de la société. Parce qu'ils détiennent un pouvoir, le populisme leur attribue la responsabilité des maux de la société : ces groupes chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population. Les populistes proposent donc de retirer l'appareil d'État des mains de ces élites égoïstes pour le « mettre au service du peuple ». […]
Les populistes critiquent généralement les milieux d'argent ou une minorité quelconque (ethnique, politique, administrative etc.), censés avoir accaparé le pouvoir ; ils leur opposent une majorité, qu'ils prétendent représenter. S'ils accèdent au pouvoir, il peut leur arriver de supprimer les formes traditionnelles de la démocratie, au profit d'institutions autoritaires, présentées comme servant plus authentiquement « le peuple ». »
J’aime bien le dernier paragraphe.
Critique d’une minorité quelconque, et volonté de supprimer les formes traditionnelles de démocratie. C'est, à mon sens, ce que prétend faire Jean-Luc Mélenchon et ses amis. C'est aussi pour ça que je n'ai aucune envie de voir remplacer le pouvoir sarkozyste par un pouvoir mélenchoniste.
Mais dans le sens de la définition, oui,
Nicolas Sarkozy aussi représente un certain populisme. Nous voyons la "critique forte de certaine minorité", et une" prétention de représenter une majorité"
(la France qui se lève tôt, ou la majorité silencieuse). Et, pour certains, une suppression certaine d’une part de démocratie. Je dirais plus un exercice personnel, autoritaire
(autiste ?) , et monarchique du pouvoir.
Mais allons plus loin.
François Bayrou aussi a été qualifié de « populiste », lorsqu’il critiquait le pouvoir concentré dans les mains de quelques uns. Le cercle de Nicolas Sarkozy notamment. TF1 aussi. Si nous voulions être grossièrement caricaturaux, son livre « abus de pouvoir » (bon bouquin) ne serait il pas une anthologie populiste ? Et
Ségolène Royal ? Sa « démocratie participative » et cette prétention de parler « au nom des gens », n’est pas aussi une autre forme de populisme ?
Mince, j’ai l’impression de légitimer les paroles de Xavier Bertrand, quand il voit du populisme de partout…
Notre classe politique ne serait elle finalement pas entièrement « populiste » ? Des partis modérés traditionnels aux extrêmes, tous prétendent parler au nom du peuple
(celui qui manifeste, celui silencieux qui ne manifeste pas, celui qui se lève tôt, celui qui souffre…), et souhaitent combattre des « minorités qui chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population »
(les syndicats, les patrons, le medef, la gauche, le parti sarkozyste, les roms, les sans papiers, la classe moyenne, ceux qui ont plus de 4000 € de revenu par mois)…
Et dans ce cas, puisqu’on parlait de lui au début,
Jean-Luc Mélenchon, l’insulte facile en plus, ne serait il pas finalement « qu’un populiste parmi les autres » ?
Je voulais écrire un billet pour critiquer Jean-Luc Mélenchon. Et finalement, je me rends compte qu’en réfléchissant un peu
(je ne devrais pas…),
la critique que je voulais lui faire s’applique à l’ensemble de notre classe politique. Non, ce n’est pas une gloire…
Quelque part,
j’en reviens à cette critique que je fais globalement de notre classe politique, pouvoir contre opposition. Cette tentation à
toujours vouloir opposer les uns aux autres. Cette volonté de mettre en place des politiques catégorielles, favorisant telle ou telle classe, et en sanctionnant d’autre. Une courte vue dans les positions prises et les actions entreprises : que sera la France dans 10 ans en gouvernant à la petite semaine, à la réflexion immédiate ? Et enfin, une volonté de davantage protéger les intérêts de « son clan » que l’intérêt général : je m’en moque que le prochain premier ministre serve les intérêts du pouvoir en place, je veux qu’il serve ceux du pays.
Et cette crainte que la course du populisme ne conduise à des résultats pas très marrants. Je parle souvent du
21 avril ici… Et je pense que le peuple français est suffisamment mature pour entre un autre discours, davantage responsable. Moins manichéen.
Enfin,
je suis parti d’une émission de Michel Drucker pour en venir à un soupir global sur la classe politique… Finalement je n’avais pas besoin de faire un si long chemin pour en venir à ce soupir là…